Du vaudeville et des leçons de Labiche, qu'il admirait, Feydeau a retenu un unique commandement : au théâtre, tout doit servir, et il faut faire la chasse aux détails inutiles, qu'ils émanent d'une complaisance ou d'une étourderie de l'auteur.
(préface à la pièce "Le Dindon" de Feydeau, édition Folio 2001)
Le public, à la scène, ne veut plus seulement se reconnaître, mais se rassurer, se glorifier, voir, dénoncer ses adversaires, être diverti et caressé. Le spectateur prend conscience qu’il paie et qu’il est désormais en position de mécène, de client […]. Du producteur à l’acheteur, tout un circuit économique se met en place dans lequel auteurs, comédiens et critiques sont appelés à tenir leur partie.
C'est ce que dit le Théâtre :
On peut désentraver la vie, sans aucun doute, mais c'est par l'accueil d'une pensée en mots, allogène, intruse, qui arrive et bouscule, projette tout destin hors de lui-même et lui donne l'impulsion de sa métamorphose.
La scène n'est pas un espace neutre :
Elle est cet atelier pratique, expérimental, venteux, où entre l'air d'une puissance poétique qui le traverse et le transfigure.
Poétique de l'exister qui se délivre, soulèvement et métamorphose des vies les plus ordinaires.
Si le siècle a changé le Théâtre, peut-être le Théâtre aura-t-il contribué en retour à éclairer quelques voies pour dégager l'accès de ces vies à venir - en nous les montrant comme possibles, concrètes, déjà là devant nous.
(dernières lignes de la conclusion de l'anthologie parue aux éditions de "l'avant-scène Théâtre" en 2011)