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    OSOLEMIO le 22 juin 2020
    C'est toi que je cherche...
    Au travers de la foule ,du bruit, des gens qui montent ou descendent de métro.

    Je te cherche dans les fleurs de mon jardin, dans les oiseaux qui chantent , dans le tintement de la pluie sur les feuilles, dans ce coucher de soleil que nous aimions , dans les bruissements de la maison..
    J'entends tes pas, je sens ton odeur, je respire ton ombre !
    Cela fait 20 ans qu'un jour tu m'as dit  : je vais fonder une famille avec lui...loin, loin de toi....et surtout ne tente pas de me joindre car je veux m'assumer seule !
    Mais..c'est irrévocable ?..
    Mais..pourquoi aussi vite ? une raison majeure ?... trop long à t'expliquer et de toutes façons  : tu ne comprendrais pas !
    Ce fut rapide, soudain, douloureux, atroce même :  j'ai pleuré bêtement des jours et des nuits et.. tu n'étais plus là pour me voir ..
    La fin du monde était arrivée ..le fin de notre monde, de notre complicité, de notre duo, de nos rires, de nos joies, de nos fins de mois difficiles .
    Certes, je savais qu'un jour tu partirais t'accomplir, créer ta propre vie mais quand tu es montée dans la voiture, je t'ai suivie du regard jusqu'à l'infini du paysage, jusqu'à l'infini de ma vie  !
    Plus d'appels, pas de lettres  :  le silence absolu, glaciaire et glacial...je suis restée sur ma banquise et tu t'es envolée avec un albatros  et c'est là,  que j'ai commencé à te chercher..j'ai couru derrière une jeune fille qui avait la couleur de tes cheveux,  derrière une autre qui avait ta voix, encore une qui riait avec ses copains...mais le coeur n'est pas comme une ardoise sur laquelle on peut passer une éponge pour tout effacer ..tu étais incrustée dans ma peau, dans ma chair et coulait dans mes veines le même sang que le tien..
    Epuisée, fatiguée :j'ai cherché à t'oublier au galop de mon cheval, aux touches de mon piano, aux trajets professionnels , à métro, en bus..à pieds en courant dans les bois, en méditant pendant ma séance de yoga et même en recevant ces promotions, ces reconnaissances tant attendues de mes pairs:...j'ai trouvé tout dérisoire, sans intérêt,sans saveur, sans victoire ! L'essentiel m'avait été enlevé...avancer, me battre pour qui ? pour quoi ? la vie a t'elle un sens mais lequel ?
    Tu étais en bonne santé, heureuse, amoureuse et c'était bien le plus important et je devais m'en réjouir pour toi et continuer à vivre en attendant des vents meilleurs !

    Et, 20 ans ont passé..( comme chez Dumas ) : tu es revenue aussi soudainement que tu étais partie en faisant semblant d'ignorer mon coeur cassé, pour ramasser les morceaux et les coller ? ...l'éponge a effacé les années inscrites au tableau ... je n'ai même pas cherché à savoir : j'ai décidé de faire confiance au présent et de ne pas me soucier de l'avenir car tu m'as fait cadeau de 2 petits fils merveilleux....mon sang, mon amour coule dans leurs veines.
    Darkhorse le 26 juin 2020
    Émoi sans fard

              Quand j’ai vu son nom apparaître sur l’écran, ça a fait « boum ». Une petite mais déstabilisante détonation suivie d’un feu d’artifice crépitant d’étincelles chatouilleuses. Une bouffée d’euphorie, un souffle de contentement teinté d’une brise d’appréhension.

                        « Sa te dis un cinema à 15h ?
                           Enzo 😉 »

              Un tout petit sms qui est pour moi aussi important qu’une première lettre d’amour. Enzo. Toutes les filles craquent pour lui au collège. Il est grand mais pas trop ; il a les cheveux bruns mi-longs très raides qui lui retombent sur le front en une frange qu’il prend plaisir à faire voler d’un coup de tête aussi vif que charmeur. Il fait du rugby et est même un des meilleurs de l’équipe. Même ses fautes d’orthographe ont un quelque chose d’attrayant.
    Et c’est à moi, Sandra, qu’il demande d’aller au cinéma cet après-midi. Pour tout dire, j’ai du mal à me sentir aussi débile que les autres filles en sa présence. Il me plait, c’est sûr, il a beaucoup de charme physique, une belle gueule et des beaux yeux. Mais il lui manque un certain… charisme.
    Il se dégage pourtant quelque chose de lui, une sorte d’aura superficielle qui colle si bien aux personnages de télé-réalité, un emballage attirant qui renferme cependant une friandise toute fade, décevante. On a déjà parlé un peu tous les deux mais rien n’est vraiment sorti de cette conversation. Je pensais que l’on allait rebondir sur plein de sujets différents alors que nos mots se sont juste confrontés sans jamais s’enlacer. Je trouve même que son flot monotone et son ton hésitant rabaissent sa prestance de plusieurs niveaux. En toute honnêteté, je pense qu’il pourrait remporter haut la main le casting pour la nouvelle pub de « Vendezvotrevoiture.fr ».
    Ceci dit, c’est la première fois qu’un garçon m’invite au cinéma. Et il s’agit d’Enzo ! Le mec le plus populaire du collège ! Le gars qui fait transpirer Maud et rend toute rouge Léonie. Je ne vais tout de même pas refuser de me pavaner un peu à ses côtés. Et qui sait ? Peut-être est-t-il cinéphile ? Voilà qui pourrait nous rapprocher un peu plus.

              Il est déjà 13h30 et vu que je n’ai rien fait ce samedi matin, je suis encore en mode pyjama. J’ai cette petite robe à fleurs, légère et à la coupe cintrée. Avec ce beau temps, ce sera parfait ! « Simple et décontract ! Elle te va à ravir ! », me dit à chaque fois Audrey, ma meilleure amie.
    Il faut que je repasse un coup de fer à lisser sur mes cheveux, donc je me rends à la salle de bain.
    Stupeur, horreur, malheur.
    J’ai un énorme bouton sur le nez. Une tache jaunâtre et luisante cerclée d’une inflammation rouge qui la fait ressortir. Le phare d’Alexandrie, là, en plein milieu de l’arête de mon nez, signalant sans détour ma détresse à ceux qui s’en approcheraient d’un peu trop près.
    Je suis foutue. À moins d’utiliser le fond de teint de maman. Avec ça, on peut parfois faire des miracles. Mais j’ai beau chercher dans l’armoire de la salle de bain, je ne le trouve pas.
    En refermant les panneaux vitrés j’aperçois mon petit frère qui se tient accolé au chambranle de la porte. Les bras croisés, il me regarde de son air espiègle. Un air qu’il aime mâtiner d’un petit rictus sardonique. Il le fait avec tellement d’aisance que je suis sûre qu’il est né comme ça. À peine arrivé dans mon monde, il se délectait déjà des tours qu’il allait pouvoir me jouer…

              — C’est toi, hein ?
              — De quoi tu parles, sœurette ?
              — Fais pas l’innocent, je sais que c’est toi ! Rends-moi le fond de teint de maman !

              Il a dû entendre la notification du message et voir que j’étais en train de m’apprêter. Il sent ces choses-là, quand c’est le bon moment pour m’emmerder…

              — Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles…

              Je n’essaie même pas d’insister. J’ai toujours un mal fou à lui tirer les vers du nez. Mais je crois avoir la solution. Il va falloir être ferme, je n’ai pas beaucoup de temps devant moi.
    Alors, d’un pas décidé, je me retourne et le bouscule en franchissant la porte de la salle de bain. En quelques enjambées, je pénètre dans sa chambre et cherche ce qui me permettra de le faire avouer. Là. Je prends son Son Goku articulé et le tient par les bras, prête à l’écarteler.

              — Tu ne feras pas ça, me dit-il en arrivant à son tour dans sa chambre.
              — On parie ? Dis-moi où tu as caché le fond de teint de maman.
              — Si tu fais ça je crie.
              — Si tu cries je le démembre.
              — Si tu le démembres je crierai quand même et je dirai à maman que tu veux lui piquer son fond de teint que tu as interdiction d’utiliser.

              Petit salaud ! Je suis coincée. Maman dit que je suis trop jeune pour me maquiller et si elle ou papa apprennent que j’ai utilisé du fond de teint, je suis mal… Mais je peux encore lui mettre la pression :

              — Je t’ai vu serrer Son Goku dans tes bras, le soir avant de dormir. Je t’ai entendu lui parler, te confier et lui demander de te prêter de la force. Je sais à quel point il est important à tes yeux.

              Je le vois ciller et plisser son front, mais il ne craque pas. Il me défie de son regard toujours empreint de malice. Dans ses yeux brille une résilience qui assoit sa domination.

              — Le fond de teint ça sert à cacher la laideur, me dit-il. Mais est-ce que la laideur peut cacher le fond de teint ?
              — C’est quoi ça, une devinette ?

              Il n’en dit pas plus. Je jette Son Goku à terre et, pleine de rage contenue, je sors de sa chambre. De toute façon, je n’aurais jamais pu mutiler son jouet préféré, il avait gagné d’avance.

              « Le fond de teint ça sert à cacher la laideur. Mais est-ce que la laideur peut cacher le fond de teint ? » Que voulait-il dire avec cette énigme ? Le fond de teint est caché derrière quelque chose de laid ? Vite, il faut faire vite, l’heure tourne. Je réfléchis. Caramel ? Ce caniche est une vraie horreur, mais comment aurait-il pu cacher le fond de teint sur lui ? La collection d’insectes naturalisés de papa ? Ils sont tous accrochés au mur, dans leur cadre de verre. Pas possible. Je pars fouiller l’armoire des parents. Peut-être sous le tas de cravates immondes que notre père ose porter autour du cou lors des grands événements ? Mais non, rien.

              Je descends au rez-de-chaussée. Maman prépare des crêpes. Avec le blender et la radio qu’elle aime écouter en cuisinant, je vais pouvoir fouiller sans me faire repérer.
    La commode et les « sculptures » de maman. Des abominations dignes des monstres ratés qui pullulent dans les nanars que j’aime regarder avec Audrey. Des « œuvres d’art » qu’elle achète à prix d’or. Comme si l’appréciation de la valeur d’une création artistique se mesurait à l’aune du sentiment de dégoût qu’elle inflige à ses spectateurs. Un dégoût qui n’a apparemment rien d’objectif…
    Là encore, je fais chou blanc. Rien ne se dissimule derrière les formes aberrantes de ces sculptures.

              À court d’idées, je promène mon regard dans le salon. Je m’approche de la cheminée. Il y a plusieurs cadres sur le manteau. Des anciennes photos en noir et blanc, celles des grands-parents maintenant décédés. Mes yeux s’arrêtent sur l’une d’elles. Pépé Jean alors qu’il avait quarante ans, toujours fringant, la posture altière et la coiffure soignée. Un bel homme. À côté de lui, mémé Garance. Femme ignoble et imbuvable, qui lui a pourri la vie. Longue robe droite et rigide, bras pendants et poings fermés, lèvres pincées et regard suspicieux. Son éternel chignon inamovible tirant sur son visage austère rendu encore plus terrifiant par le contraste noir et blanc. J’en ai des frissons, je la détestais. Qu’y a-t-il de plus laid que cette marâtre ? À ma connaissance, rien. Même pas l’ignoble cyclope de Ray Harryhausen dans Sinbad. Je me saisis du cadre photo. Il est là ! Le pot de fond de teint, cylindre aplati tant convoité !
    Je remets le cadre et file à la salle de bain en faisant attention de ne pas éveiller les soupçons de maman. Thibaut est enfermé dans sa chambre. J’ai le champ libre. Il est déjà 14h et il me faut une demi-heure pour me rendre en bus jusqu’au cinéma. Mais j’ai largement le temps. Alors j’applique avec précaution le fond de teint. Je me badigeonne sans en mettre trop. Je couvre avec finesse mon bouton et j’accorde le reste de mon visage. Juste ce qu’il faut pour gommer mes tracas. Mon reflet me convient. Ce n’est pas parfait, mais ça passe.
    Je préviens ma mère et file à toute vitesse.
    Darkhorse le 26 juin 2020

              Je suis à l’heure. Il n’y a pas grand monde devant le cinéma. Deux ou trois petits groupes de jeunes à peine plus âgés que moi. Et il est là, Enzo. Il discute avec quelqu’un. Audrey. Ce n’était donc pas un rendez-vous en tête à tête ? Je suis un peu déçue mais je tente de me reprendre alors que je m’approche d’eux. Audrey me repère et me fait un grand signe. Elle a un bouton sur le nez. Exactement au même endroit que le mien. Un énorme bouton, encore plus gros que celui qui m’a tant troublée. Et le sien est bien visible, comme une larve collée entre sa bouche et ses yeux. Mais elle ne semble pas être gênée. C’est même le contraire. Elle est radieuse. Son sourire illumine tout jusqu’à occulter la présence d’Enzo, devenu ombre insignifiante, jusqu’à faire oublier l’horreur pointant au beau milieu de son si joli visage. Sa confiance caractéristique n’a même pas été entachée outre mesure. Fidèle à elle-même, elle est resplendissante.
    Elle est belle, si belle. Pour la deuxième fois de la journée, un « boum » explose en moi et diffuse son onde chaude et exaltante.

    Aujourd’hui, ce n’est pas avec Enzo que je vais au cinéma. C’est avec Audrey.
    mfrance le 26 juin 2020
    Et moi, ce n'est pas avec Enzo que j'irais au cinéma ; plutôt avec Darkhorse :-)
    Darkhorse le 26 juin 2020
    Merci mfrance ! Il y a une rétrospective Ray Harryhausen si ça te tente ;-)

    J'ai bien aimé ton (trop) court texte. Il est intrigant, j'aimerais en lire plus !
    Pippolin le 26 juin 2020
    Et on n'assistera pas à la guerre des boutons pour Enzo le bellâtre... Excellent  Darkhorse ! Du 5 étoiles !

    mfrance :  Très sympa ton texte. Drôle, enlevé.
    mfrance le 26 juin 2020
    Ne connaissant pas du tout Ray Harryhausen, je suis allée faire un tour sur wiki pour me renseigner.
    Pour les textes, j'en ai d'autres en magasin, beaucoup plus longs. Mais dans ce cadre de défi d'écriture, il me semble qu'un texte court fait mieux l'affaire !

    @Pippolin - merci de ton appréciation !
    Darkhorse le 26 juin 2020
    Pippolin a dit :

    Et on n'assistera pas à la guerre des boutons pour Enzo le bellâtre...


    Personne n'est à l'abri à cet âge, prépare ton Biactol Enzo !
    Cathye le 29 juin 2020
    Bonjour,
    Le Covid-19 n'a pas confiné les méninges, et c'est tant mieux. Je vous livre ma participation. Bonne lecture. 

    Quand la mémoire fout l'camp

    Tout avait commencé par un après-midi froid et humide, dont le ciel bas jetait son ombre dans n’importe quelle pièce pourtant lumineuse, renfermait les gens chez eux et dans leurs pensées et plongeait le moindre recoin dans une obscurité qui ne favorisait pas la recherche d’un petit objet.
    C’est pourquoi, surprise, Emilie entendit derrière elle une toute petite voix, presque un murmure, comme pour se parler à soi-même, demander, agacée, mais où donc ai-je posé les clés de la voiture. Elle stoppa net son geste et son bras suspendu formait une arabesque au-dessus de sa tête. Etonnée par l’objet même de la question, elle se retourna doucement, les sourcils froncés, croyant interpréter de travers les propos de Mme T…qui, les yeux pétillants de malice, souriant de toutes ses dents, qu’elle ne possédait plus au complet, s’exclamait d’un air triomphant « je vous ai bien eue, hein ? ». Emilie, déjà indulgente, n’ignorant pas combien la vieille dame pouvait se montrer facétieuse, sans méchanceté aucune, secouait la tête, haussant les épaules d’un air fataliste pour apprécier la plaisanterie, les lèvres étirées jusqu’aux oreilles.
    Parce qu’en ce début d’hiver qui s’annonçait mordant, les rires et les anecdotes diverses et variées, plutôt comiques en général, voire caustiques, rendaient la vie plus douce à tout le monde.
    Il n’empêche…
    Perplexe, troublée plus qu’elle ne l’aurait voulu,  Emilie la surveillait du coin de l’œil, qui chantonnait, heureuse de sa petite farce.
    Mais n’était-ce pas une illusion ?
    Toute menue, malgré un bon coup de fourchette « oh mais pas comme au temps de ma jeunesse », elle se déplaçait, néanmoins, à petits pas, par peur d’une nouvelle chute qui entrainerait à coup sûr, pensait Emilie, une certaine invalidité. Un drame pour cette mamie adorable, comme elle aimait à l’appeler, qui ne livrait jamais son âge à la curiosité générale même s’il se lisait sur les rides qui fripaient son visage au charme désuet. Car contrairement aux autres résidentes de cette maison familiale, indifférentes à toute expression de leur féminité et dont les cheveux gris, coupés très courts, n’offraient au regard aucune fantaisie, elle prenait un certain plaisir à faire onduler sa chevelure dont la teinte s’accordait à merveille avec le gris intense de ses yeux qui accrochaient votre regard pour ne plus le lâcher. 
    L’esprit encore vif et lucide sur un monde en perpétuel mutation et quoiqu’ un peu désabusée par la rapidité avec laquelle les informations circulent aujourd’hui, elle savait sortir ses griffes quand la discussion s’envenimait et qu’au lieu de réfléchir tous s’aboyaient dessus. Alors, coup de canif verbal et percutant qui imposait le silence. Non pas qu’elle se montrât autoritaire, mais elle avait suffisamment bourlingué de par le monde, et pas toujours de façon très confortable, pour se permettre d’expliquer que la vie ne ressemble pas toujours à un long fleuve tranquille.
    Dotée d’une verve intarissable, toujours taquine jamais chagrine, et d’un pragmatisme à toute épreuve, qui lui assuraient de nombreuses sympathies, Mme T…se sentait très à l’aise, partout et y compris avec ses compagnes de bridge, bourgeoises toujours endimanchées, même un jour de marché. D’ailleurs, Emilie se demandait souvent comment ces femmes bien nées, bien mariées et aux doigts bagués, l’avaient d’emblée acceptée dans leur cercle tant sa gentillesse n’avait d’égale que sa générosité, cette intelligence du cœur qui réconforte et vous assure la sérénité pour toute la journée.
    Aussi, personne ne lui refusait un petit caprice, à savoir quelques gourmandises. Une pâtisserie, un bonbon et si un chocolat en fin de repas, elle réclamait d’office une goutte de porto. Pour décupler les saveurs, expliquait-elle, malicieuse.
    Mais depuis plusieurs jours, Emilie qui la connaissait déjà depuis quelques années et l’estimait profondément, s’inquiétait. Elle avait remarqué, chez mamie T…, une certaine lenteur, inhabituelle chez cette énergique petite bonne femme. Elle perdait de sa vivacité, tout le monde le remarquait et les fronts se plissaient. Ses gestes, d’ordinaire fluides, gracieux, comme ceux d’une danseuse, un rêve inaccessible, se raidissaient comme si les articulations se rouillaient peu à peu au calcaire et à l’usure des ans. Elle montrait aussi parfois quelques humeurs qui surprenaient par leur brusquerie et en laissaient plus d’un pantois et coi. Et elle qui se targuait de ne jamais se retourner sur le passé et de lui préférer l’avenir, même si celui-ci se rétrécissait, se plaisait à évoquer d’anciens souvenirs. Alors, son regard se faisait plus vague, plus lointain, comme empreint d’une nostalgie que personne ne lui connaissait pas.
    Et son sourire ne s’égayait plus d’un rien.
    Ce qui ne lui ressemblait pas.
    Un jour, comme elle s’étonnait de la présence du chêne, à l’ombre duquel quelques résidents se reposaient, Emilie, soucieuse, lui fit remarquer, délicatement, qu’elle l’avait toujours préféré au bouleau et au peuplier.
    Ce jour-là, l’éclair de lucidité ne vint pas à sa rencontre.
    Ce jour-là, sa mémoire lui fit défaut et s’englua dans des abysses insondables, certainement à la recherche d’un temps qui n’aurait existé ou qui n’existerait que pour elle, allez donc savoir, et dont il fut impossible de l’extraire.
    Et tous de le nier puis, malheureux, abasourdis, de le constater, son rire ne résonnerait plus ni se mêlerait aux pépiements des oiseaux qui cet été s’en donneront encore à cœur joie dans les branches et dans le jardin qu’ils partageront volontiers avec les abeilles, les coccinelles et les demoiselles sauterelles.
    Lix_fr le 29 juin 2020
    A la recherche... 

    J'étais à la recherche d'une idée pour participer à ce concours.

    Cela fait de nombreuses années que je n'ai pas soumis un texte à la lecture, autre qu'un mémoire universitaire ou dossier professionnel. 
    La dernière fois, c'était lors d'un engouement exalté pour le slam. 
    J'ai eu la chance de déclamer au milieu de poètes urbains. 
    Depuis, le temps a passé, le temps a manqué, l'envie et les occasions aussi. 
    J'ai oublié d'écrire,  je n'ai plus recherché. Ni le mot, ni le texte.Encore moins l'idée. 

    À la recherche du temps pour l'écrire. Nous y voilà... Il ne reste que quelques heures. 

    Au lieu de m'y atteler, je suis partie à la recherche de mes clés, qui donnent le pas, la cadence,  la course effrénée. 
    Hier soir, l'affaire était réglée: pas d'idée, pas de temps, pas de talent. 

    À la recherche du sommeil...il est difficile à trouver, je pleure en lisant un texte percutant où l'on recherche des survivants... 

    Aujourd'hui, 29 juin... A la recherche d'une excuse pour avoir procrastiné.
    Je n'en manque pas. Je n'ai que ça. 
    Jusqu'à ce mail de mon amie qui est partie à la recherche de ce qui la rend heureuse. 
    J'accepte d' écrire, pour elle des situations vécues ensemble qui l' aideraient dans sa quête. 

    Je pars donc à la recherche de nos souvenirs. 
    Et de leur écriture. 

     





    MarvinK le 30 juin 2020

    Bonsoir à tous,


    Veuillez trouver le texte pour le mois de Juin,
    Bonne lecture.

    Sirène d'Avril.

     

    "Si tu avais encore droit à trois souhaits, est-ce que tu les ferais ?"
    W.W. Jacobs

     

    L'autre jour, tandis que je mettais un peu d'ordre dans la boutique et nettoyais la remise, comme à chaque premier Avril, une jeune femme s'est présentée. Je tentais en vain de calmer les chats du paravent qui s'amusaient avec un bouquet de rêves lorsque sa présence derrière moi me surpris ; chose étrange s'il en est, puisque j'attendais sa venue.

    " Veuillez m'excuser, je me promenais et ai aperçu le jardin de votre maison. Je suis une spécialiste des antiquités orientales, c'est pourquoi en voyant tous ces objets, je n'ai pu m'empêcher de céder à la curiosité."

    Je ne réagis pas immédiatement, absorbé par ma réflexion : les motifs devant moi venaient de se dresser, le poil hérissé et les yeux brillants, à l'autre bout de la tenture. En me retournant, je découvris une jeune femme d'une vingtaine d'années. Elle était grande, svelte et de cette beauté rare qui distille le respect. Son timbre m'avait également frappé : il sonnait de la froide douceur qu'ont les âmes fortes, assez suave pour être écouté mais trop sombre pour n'être pas craint. Ses fins cheveux châtains enfin laissaient leurs boucles libres louvoyer patiemment au vent, noyant son visage dans un obsédant voile d'attentes et désirs inassouvis.

    " Vous n'avez pas à vous excuser, rétorquais-je de mon meilleur sourire, votre entrée dans la boutique était inéluctable.

    — Oh ! Voici donc des marchandises ? Vous êtes antiquaire ? Peut-être alors pourrez-vous me vendre cet objet ? "

    Tout-à-coup, je réalisai ce qu'elle convoitait entre ses mains : un vieil étui d'ébène serti de nacre que scellait un fin ruban en papier de soie rouge. Bien que je ne me souvienne pas l'avoir sorti de la resserre, je ne pus retenir un sursaut en reconnaissant l'obscur halo de l'amulette. L'éclat du regard que la jeune fille posait sur son trésor accentua les ténèbres enveloppant sa tête et acheva de me transir jusqu'à l'os : curiosité, désir, avidité coulèrent alors de tout son être pour flétrir les cerisiers du parc. Dans mon dos, les félins faisaient trembler d'effroi le fin tissu ; cette femme serait allée jusqu'à dompter les plus noirs esprits pour posséder l'écrin.

    Comme son regard remontait à mes yeux, constatant mon hésitation, elle reprit de plus belle :

    " Comprenez-moi, je travaille sur les reliques du haut Moyen-âge oriental et cet objet possède toutes les caractéristiques d'une rareté de collection. Je ne sais pas encore de quoi il s'agit, mais je peux vous assurer que je percerai son secret.

    — Tous les secrets ne sont pas faits pour être percés... et cet objet n'est hélas pas à vendre, vous n'êtes pas compatibles.

    — Bien au contraire, il faut vous rendre à l'évidence : quand je me laisse errer dans la ville, mes pas me mènent directement chez vous et le premier objet que je vois est cette boite, vraisemblablement un coffret de dévotion datant certainement des débuts de la période védique, alors qu'il s'agit justement de mon sujet de thèse. Si tout cela n'est pas un sacré concours de circonstances... J'ai toujours eu ce pouvoir d'attirer les coïncidences et je vois bien que vous ne croyez pas au hasard des situations.

    — S'il est question de coïncidences comme vous le dites, et si cet objet est bien celui que vous cherchez, alors sa magie est très puissante, et seule une âme exceptionnelle peut dompter l'extraordinaire. Réfléchissez bien aux conséquences de vos choix, elles pourraient être désastreuses pour bien d'autres destinées que la vôtre.

    — Ces événements ne sont ils justement pas la preuve elle-même que le destin est avec moi ? Quelque soit la puissance de cet objet, je saurai la maîtriser, je serai assez forte pour comprendre son fonctionnement et l'utiliserai sérieusement. Je suis bien trop intelligente pour réitérer les erreurs du passé, je connais l'Histoire, jamais un tel objet ne pourra me posséder. Toute jeune, j'ai pris pour résolution de toujours décider de mon chemin avant qu'il ne le fasse pour moi. Voici mon choix, et quel qu'en soit votre prix, il est le mien ; vous ne me ferez pas changer d'avis : mon avenir, ma condition en dépendent.

    — Comme je vous l'ai dit, cet artefact n'est pas à vendre. Je veux bien cependant vous le prêter... contre la promesse de ne jamais l'ouvrir.

    — Vous feriez cela ? Vous êtes trop bon, je vous remercie mille fois, je vous promets qu'il n'arrivera rien de néfaste à ce précieux témoignage des temps."

    Puis, tandis qu'elle tournait prestement les talons, bien que cela soit déjà inutile, je ne pus m'empêcher d'insister d'une voix sourde :

    " Contre la promesse de ne pas l'ouvrir... Cet étui ne m'inquiète guère, n'oubliez pas qu'un contrat, même oral, vous engage personnellement ; la matière ne peut se créer du vide : toute compensation nécessite une contrepartie équitable."

    Elle se figea, vacilla l'espace d'un instant, me jetant un regard en coin à travers la gaze de ses mèches susurrantes : " Oui, oui, bien sûr, jamais je ne couperais le cordon, vous pouvez en être assuré."

    Je la laissai alors disparaître dans le brouhaha de la rue telle un fantôme n'ayant jamais existé, espérant, comme toujours, qu'il s'agissait seulement d'un mauvais rêve. Je me dirigeais cependant vers l'arrière de la réserve, résigné, pour en avoir le cœur net : l'écrin n'était plus là...

    " Sa voix semblait en effet fort charmeuse, mais te connaissant, tu ne t'es pas laissé prendre au piège. Pourquoi ne lui as-tu pas simplement dit ce que contenait l'étui ? Elle l'aurait peut-être refusé en connaissance de cause.

    — La pierre avait commencé à dévaler la montagne... Elle ne m'écoutait déjà plus, elle n'écoute d'ailleurs plus personne désormais, seulement la main...

    — La main ? Quelle main ?

    — Celle du singe..."

                                                              MKO 06/20

    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… de l'Amour
    Aimé était informaticien. Voilà des années qu'il attendait l'âme-sœur, hélas, c'était un véritable bourreau de travail, à défaut d'être un bourreau des cœurs. Et des défauts, il en avait des gros, comme celui justement d'être déjà marié à son travail. Comme ses projets lui prenaient absolument tout son temps, il s'était inscrit à des sites de rencontre. Mais il avait trop d'exigences, et chaque rendez-vous était pour lui une perte de temps. Pourtant, il était certain que le problème ne venait pas de lui, et qu'il existait quelqu'un quelque-part qui lui correspondait en tout point et à qui il plairait également. Il devait simplement s'agir d'un problème d'algorithme de ces sites, ça ne pouvait être que cela. Il s'acharna donc à développer son propre site de rencontres. Il n'avait évidement plus du tout le temps de faire de nouvelles rencontres.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… du Bonheur
    Béatrice, ou Béatriste comme ses proches l'appelaient, cherchait désespérément un sens à sa vie. "Pour trouver le bonheur, il faut se lever de bonne heure" lui répétait sa maman. Aussi, elle avait décidé de ne plus perdre son temps, et de l'utiliser à bon escient. Elle se concentra sur les études qui lui ouvriraient les meilleures voies, côtoya les personnes les plus intéressantes, et travailla dur des années durant pour trouver sa voie, mais en vain. Résultat, elle tomba en dépression, et ne ferma plus l'œil de la nuit. Elle goûta à la vie nocturne, écuma les bars, et découvrit un monde nouveau, fait de strasses et de paillettes. Stimulée par cette nouvelle vie, elle devint noctambule, et fit tellement la fête qu'elle se fit remarquer auprès du responsable d'un célèbre cabaret. C'est ainsi qu'elle devint Béa, la Reine de la nuit, se produisit chaque nuit sur scène, et devint heureuse pour le reste de sa vie.

     

    À la recherche… de la Célébrité
    Cléo aussi avait travaillé sur la scène du Cabaret, mais cet espace était devenu trop petit pour son ambition, celui d’être connue de tous. Il n'y a qu'à ouvrir n'importe quel magazine pour en comprendre la clef : faire parler de soi. Le seul talent ne lui suffisait pas pour se faire remarquer, il lui fallait défrayer la chronique. Ses parents avaient beau protester, c’est ainsi qu’elle avait décidé de mener sa vie. La première étape était la plus importante, ensuite, il est plus difficile de retomber dans l'anonymat. Elle usa de son expérience de cabaret pour s'inventer une petite chansonnette au rythme tant entraînant qu'entêtant, et aux paroles amusantes et faciles à retenir. Rien de trop engagé, évidemment. Une fois les premiers projecteurs braqués sur elle, son ascension fut fulgurante. Elle côtoya quelques footballeurs, de loin les plus accessibles et manipulables, pour attiser davantage la curiosité des médias. Multipliant les rencontres comme les ruptures, sa carrière se résuma peu à peu à l'exploitation de sa vie sentimentale, jusqu'au jour où le magasine le plus racoleur titra : « Cléo, sa descente aux enfers. » Elle découvrit cette première page avec un doux sourire de satisfaction.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… d’un Donneur
    Déborah avait toujours été épatée par la détermination de son frère Gilles à donner son sang. Elle l'avait toujours pris comme exemple dans la vie, son assurance et son altruisme étaient pour elle exemplaires. Pourtant, elle avait mis le temps avant de s'y mettre à son tour ; il y avait toujours une bonne raison pour repousser au mois prochain sa bonne action. Et un jour, sans doute était-ce dû à l'alignement des planètes, elle fit son premier don. Tandis qu'on lui aspirait son sang, elle s'emplissait de fierté. Elle commença à recommander à son entourage de suivre sa démarche, en leur expliquant l'importance de donner son sang. « Il faut penser aux autres ! » Insistait-elle. « Et chaque don peut sauver jusqu'à trois vies ! » Mais elle comprit vite qu'elle n'avait pas la même influence que Gilles. « C'est rapide, et extrêmement gratifiant ! » Pas mieux. « Et en plus le repas est gratuit ! » L'argument ultime, sans plus de succès. Elle se demandait comment Gilles faisait pour être plus convainquant qu'elle.
    Un soir où elle rentrait d'une collecte de sang, elle fut renversée par la voiture d’un chauffard. Il passa comme il s’en alla, simplement, juste comme ça. Sa chance, c'est que les médecins étaient déjà sur place. Elle fut immédiatement transportée aux urgences, et ne se souvint ni de son passage au bloc opératoire, ni des opérations chirurgicales. Elle ne se réveilla que le lendemain, lorsque le téléphone vibra. Elle tendit péniblement le bras jusqu'à la table de chevet de son lit d'hôpital, et jeta un œil au dernier message reçu. « Établissement Français du Sang : Félicitation, vous venez de sauver une vie. »



    À la recherche… d’un Emploi
    Étienne et ses collègues avaient perdu leur travail. La faillite de leur entreprise leur pendait au nez depuis des années, pourtant ils avaient travaillé dur pour tenter de la sauver. Beaucoup d’énergie avait été dépensée, le stress comme la fatigue s’étaient accumulés, mais finalement, ils ne purent empêcher l'inévitable.
    Il s’était dit qu'il profiterait de son chômage pour prendre du temps pour lui, mais d’abord, il mit de l’ordre dans la maison, traita les tâches qui traînaient depuis trop longtemps, et réhabilita le jardin. Évidemment, il devait aussi s’occuper des enfants, du ménage, et des repas. Les semaines passèrent sans qu’il ne s’en aperçoive, et avant de se reposer enfin, il se dit qu’il serait judicieux d’amorcer ses recherches en faisant un tour d’horizon du marché de l’emploi de la région. Entre offres sous-payées exigeant des compétences fantaisistes, et offres proposées à mille lieues de son domaine d’activité, il commença à avoir très peur. Il discuta avec son voisin Firmin, et apprit qu’après deux ans de chômage, celui-ci était depuis une longue période au RMI. Il pensa au remboursement du prêt de sa maison, à ses enfants, et se décida à mettre un coup de boost dans ses recherches. Il entama les candidatures spontanées, et envoya des dizaines de CV et de lettres de motivation quotidiennement, sans compter les relances et appels téléphoniques. Il ne s’arrêta pas, du matin au soir. Même pendant ses rêves il y travaillait, et se réveillait régulièrement en sueurs au milieu de la nuit. Il comptait les mois restants jusqu’à la fin de ses allocations, et se sentit bouffé par le stress, plus encore que pendant la période de liquidation judiciaire… et alors qu’il n’y croyait déjà plus, il reçu une opportunité d’embauche pile dans ses cordes, dans une nouvelle et prometteuse entreprise développant un site de rencontre innovant. Il ne discuta même pas le salaire, tant il était prêt à prendre n’importe quoi. Et à peine eut-il commencé qu’il était si fatigué qu'il fut mis en arrêt pour burnout. De retour à la maison, le stress le regagna immédiatement.



    À la recherche… de la Fortune
    Firmin était tout l'inverse d'un infirme. Il était encore dans la fleur de l’âge, en pleine possession de ses moyens, et avait accumulé nombre de compétences au cours de sa vie professionnelle, comment pouvait-il rester sans emploi aussi longtemps ? Il était au bord de la faillite personnelle, mais rien ne pouvait tuer son instinct de survie. Pas comme ce fichu voisin tombé en dépression au bout de seulement quelques mois de chômage. À vrai dire, la situation de son voisin fut un déclic. Tant de personnes compétentes attendaient comme lui désespérément une issue, tant de gens méritaient une seconde chance dans la vie, mais personne pour les aider vraiment ! Si un homme avait su à lui seul réinventer le site de rencontre et devenir riche à partir de seulement une simple idée, pourquoi pas lui ? Il travailla sur son concept de site de coaching personnalisé pendant des jours. Grâce à son idée, il en était certain, il allait devenir riche. Mais d’abord, avant de pouvoir aider son prochain, il avait besoin de fonds, aussi, il alla toquer à toutes les banques. Partout où il se présenta, on refusa de le soutenir. Ils ne comprenaient pas son projet, réclamant garanties sur garanties, et des apports qu’il n’avait évidemment pas. À qui demander de l’aide alors ? Il n’avait pas envie de proposer un partenariat à une quelconque société et se faire stupidement piquer son idée.
    Il feuilleta quelques magasines, et tomba sur cette nouvelle star, une parfaite égérie en devenir. Ça pouvait le faire. Il rencontra Cléo et présenta, pour une énième fois, son concept. Sauf que ce coup-ci il trouva oreille attentive, celle d’une personne espérant relancer son image pour l’occasion, heureuse de trouver enfin une tête pensante aussi calculatrice et avide que la sienne. Il discuta avec elle toute la journée à refaire le monde, puis continuèrent ainsi toute la nuit durant bien au chaud sous la couette. Ils en vinrent à la conclusion que le système tout entier était à changer, et qu’avant de pouvoir mener toute entreprise que ce soit, même pour aider la veuve et l’orphelin, le problème était toujours de récolter les fonds nécessaires auprès des établissements concernés. Le lendemain matin commença une série de braquages de banques dans la ville.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… de ses Géniteurs
    Gilles aimait évidemment ses parents, Hélène et Étienne, car c’était eux qui l’avaient élevé, comme s’il était le sang de son sang, et rien ne changerait jamais cela ni ne fera oublier tout l’amour donné jusqu’alors. Il aimait aussi sa sœur Déborah, mais il ressentait un inexplicable besoin de connaître ses origines, et de leur demander, sans jugement ni reproche, pourquoi il avait été abandonné. Ses parents adoptifs comprirent sa démarche, et l’aidèrent à mener ses recherches. Il multiplia les demandes auprès des centres administratifs hospitaliers, au bout d’une longue année, avec l’aide d’un avocat spécialisé, il eut accès au dossier de sa naissance. Il y découvrit que sa mère biologique fut morte en couche, mais qu’aucun homme ne l’eut reconnu. Il poursuivit toutefois ses recherches, et réussit à contacter la famille de sa mère biologique, et après de multiple échanges, on lui apprit que sa mère eut recours à un don de semence. De nouvelles investigations s’en suivirent, ainsi que des requêtes auprès des organismes concernés, et au bout d’une nouvelle longue année, un juge accepta qu’il lui soit délivré le dossier de don. Lorsqu’il eut enfin le dossier entre les mains, les mains tremblaient, et n’était plus sûr de vouloir savoir. Il hésita longuement, et au bout du compte, il osa regarder le nom du donateur, et laissa échapper, plein de stupéfaction : « Papa ? »



    À la recherche… d’un Héros Hugo était lieutenant de police, en charge de mettre fin à cette série de braquages. Au nom de la République. Et pour sauver les grandes institutions économiques de la région. Toutes les forces de l'ordre avaient été mobilisées, les caméras de sécurité toutes visionnées, mais impossible de retrouver la trace de ce couple de brigands. Un appel à témoins fut lancé, et la belle et célèbre Cléo, que le hasard ou le destin avait mis sur le chemin des deux brigands, avait aimablement accepté de témoigner. Son aide fut d’une importance déterminante, puisqu’elle fut la seule personne à avoir pu les voir se changer dans le coin d’une ruelle. Malgré le danger, elle avait pris le risque de se rapprocher de ces deux individus, et avait courageusement réussi à leur signer un autographe. Grâce à elle, la police pouvait se faire une représentation relativement précise : Il s’agissait d’une femme à la peau noire, disgracieuse, parlant le cantonais, accompagnée d’un homme plutôt bourru, avec un grand tatouage d’aigle sur le dos. Comme on dit, plus c'est gros, et mieux ça passe.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… de l’Ivresse
    Ivan ne savait pas dire non à un verre. Il avait beau clamer haut et fort savoir gérer l’alcool, le déni était son premier défaut comme celui de tous les alcooliques. « Toujours les grands mots, disait-il à son amie, bien sûr que je ne le suis pas ! » Il continuait à faire le fort et à assurer qu’il ferait des efforts, il  ne ressortait jamais des soirées autrement que bourré. Et comme à chaque fois, elle le laissait faire.
    Le persuader de lui donner les clefs en sortant n’était déjà pas une mince affaire. À peine l’avait-elle amené sur le siège passager qu’il était tombé dans un profond sommeil. En quittant la ville, elle empruntait quelques petites routes à 70, 80hm/h, avant de rejoindre l’autoroute à 130. C’était la pleine nuit, la route était déserte. Elle filait droit, sans personne devant elle. 140, 150 km/h… la vitesse était grisante. Jusqu’à combien pouvait-elle accélérer ? 160, 170… et déjà la sortie ! Elle freina sec, tourna brusquement le volant, roula sur le bas-côté, et frotta la carrosserie de tout son long contre la barrière de sécurité, mais cela ne réveilla même pas Ivan, affalé sur le côté, la bouche grande ouverte.
    Le lendemain, elle fera mine qu’il s’était vraiment mal comporté, et qu’il avait risqué leurs vies sur la route. Il passera la semaine à essayer de se faire pardonner, et elle finira par accepter une nouvelle sortie chez des amis. Et tout recommencera, comme à chaque semaine.

     

    À la recherche… de la Justice
    Jack vivait la vie tranquille jusqu'à ce qu'elle entre dans sa vie. Avant, les journées étaient pénardes, et il n’avait rien à faire d'autre que se la couler douce. C’était le bon vieux temps. Dès son emménagement, elle avait pris ses aises comme si elle y avait toujours était chez elle. Si ce n’était que ça… elle lui parlait beaucoup trop sèchement pour que l’on puisse parler de respect.
    Et puis quelle odeur, elle empestait un parfum immonde, qui commençait à s’imprégner dans toute la maisonnée. C’en était trop. La veille, Jack avait voulu lui faire comprendre qu’elle dépassait les bornes, alors ils se sont disputés, et il avait fini par la mordre ; pas très profondément, mais son maître avait fini par le foutre dehors. Jack avait passé la nuit à repenser aux événements. Lui, le fidèle chien obéissant comment avait-il pu oser le traiter de la sorte ? Il tourna plusieurs minutes en rond, puis fit des tours plus grands encore en tournant autour de la maison. Il avait besoin de se défouler, alors il se mit à creuser. Trop de choses avaient changé depuis quelques temps, comme par exemple ce tas de terre qui lui gâchait la vue. Lorsqu’il atteignit la mallette, il se mit à la secouer dans tous les sens, et la déchiqueta de ses crocs énervés. Il éparpilla tout son contenu qui  s’envola en mille feuilles de papier, et s’arrêta lorsque le fils du voisin l’appela avec une saucisse en guise de cadeau. Les humains ont des réactions étranges parfois.
    Les semaines qui suivirent, beaucoup de personnes en costume sont venues inspecter la maison, mais jamais plus je ne revis Firmin et Cléo. Ce n’est pas si grave, je m’entends bien avec Gilles maintenant. Il m’a dit que toutes les mallettes n’ont pas été retrouvées, et que c’est mieux ainsi pour toute la famille. Je trouve que les humains parlent trop souvent par énigmes.



    À la recherche… du K.O.
    Karim était épuisé et fatigué et avait décidé à jeter les gants, mais il avait finalement fini par accepter un tout dernier combat organisé par son manager. « Pour finir par un tout dernier coup d’éclat ». La rencontre devait l’opposé à un jeune favori, un jeune cop à l’avenir prometteur qui avait besoin d’un adversaire de valeur pour se faire un nom. Il s’était entraîné sérieusement nuit et jour pour se préparer à cette rencontre qu’il ne sous-estimait pas.
    La foule acclamait son adversaire, plus jeune, plus rapide, plus endurant, et plus technique, il savait qu’il perdrait aux points face à lui, si ce n’est à l’endurance. Lui il n’avait que l’expérience du combat pour lui, mais c’était déjà cela. C’était son dernier combat, il lui fallait partir sur une victoire mémorable, sinon, il aura toujours un regard amer sur sa carrière. Il ne devait surtout pas faiblir. Se montrer fort. Pas le choix, il fallait gagner par K.O. Ce soit là, il avait la rage de combattre. Bloque, bloque, frappe, frappe, coup du droit, revers, coup du droit, uppercut ! Il était devenu une bête féroce. C’est au bout du huitième round qu’il mit au tapis le jeune coq. Lorsqu’il descendit du ring, triomphant, son regard tomba sur la belle Béa, assise aux premières loges, et venue assister au match. Ce soir là, c’est le coup de foudre qui le terrassa, porté directement en plein cœur.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche… de la Liberté
    Libertad n’en pouvait plus de sa vie avec son mari. Comme quoi, même le site de rencontres le plus innovant ne pouvait garantir un mariage heureux. Il était de plus en plus difficile à supporter lorsqu’il buvait, et le problème, c’est qu’il buvait de plus en plus souvent. Il n’était pas violent, sinon elle l’aurait déjà quittée depuis longtemps, mais c'est toujours lui qui décidait de tout. Ça avait commencé par de petites choses, comme le rangement des couverts qu’il trouvait trop difficiles d’accès, la couleur des murs, l’aménagement de la maisonnée, puis, sa façon de s’habiller. Cela a continué avec les gens qu’elle côtoyait, puis, c’était devenu de même pour chacun de ses choix de vie. Tout cela changea lorsqu’elle entendit parler du concept de Pervers narcissique. Elle avait alors décidé que tout cela devait s’arrêter. Ivan, lui, ne l’entendit pas de cette oreille. En fait, après leur dispute, il n’entendit plus rien de cette oreille. Certains couverts étaient peut-être devenus trop faciles d’accès maintenant.
    Elle prit la voiture, la rayée, et s'enfuit le plus loin et le plus vite possible. L’ivresse de la vitesse lui conférait déjà un profond sentiment de liberté. C'est la que survint l’accident, et qu'elle renversa Déborah. Elle eut beau fuir, elle fut vite retrouvée, et les prochains mois de sa vie, elle les passa à nouveau enfermée. Au moins elle n’était pas seule, et s’entendait même plutôt bien avec cette dénommée Cléo. Les journées étaient longues à passer, et elles avaient tout le loisir de partager leurs avis sur la qualité de la sécurité de cette prison.

     

    À la recherche… d’une Maison
    Madame recevait une nouvelle visite pour cette maison. Un peu délabrée, elle demandait quelques rénovations, mais le prix n’était pas exagéré. Cette fois-ci, ce serait la bonne, et promis, elle ne parlerait pas de la toiture. C’était un couple récent, ça se voyait dans leurs regards. Elle leur fit le tour du propriétaire, d’abord le jardin, qui demandait certes à être entretenu, mais qui disposait d’un bel espace et d’une balançoire, un argument parfait dans ces années là pour cet enfant qui visiblement se préparait déjà.
    « Ce sera très bien pour… dit la future mère à son mari.
    - Oh mais vous êtes enceinte ! fit semblant de s’apercevoir la vendeuse. Veuillez m'excuser je ne l'avais pas remarqué.
    - Ne vous excusez pas, ce n’est pas grave. Cette maison, c’est avant tout pour notre fille que nous la désirons répondit-elle. Elle est bien située, et dispose de tout ce qu’il nous faut pour vivre heureux…
    - Et nous voulons lui laisser toutes ses chances de son côté, ajouta son père. Nous aurons certes des travaux à prévoir, il faudra se serrer la ceinture, mais au moins ça permettra de lui offrir un extérieur pour s’épanouir, et se dépenser. Et qui sait, peut-être deviendra-t-elle une grande sportive comme son père ?
    - Et qu’elle ait le nez cassé d’un boxeur ? Oh, sûrement pas ! Clama Béa. Elle marcherait dans mes pas et aura une vie sereine ! N'est-ce pas, Cléo ? dit -elle en se caressant le ventre.
    Walex le 30 juin 2020
    À la recherche…
    Je pourrais continuer à passer le reste de l'alphabet de la sorte, je pourrais trouver encore bien des histoires à raconter, car l’être humain ne cessera jamais de surprendre. Certains passent leur vie à chercher des Noises à tout va, alors que d’autres, perdus, recherchent à s’Orienter dans le désert de la vie. Certains s’évertuent à trouver un Prénom avant l’événement fatidique, et d’autres, les plus philosophes, sont à la recherche de la grande Question, tandis que les plus pragmatiques sont à la recherche de Remèdes ou de Réponses, ou d’autres encore, plus ingénieux, sont à la recherchent de Solutions… ou pourquoi pas de Sommeil ou de Sensations fortes. Bref, entre le Téléphone, le Wifi et le Yéti, nous pourrions tranquillement finir par atteindre notre Zone de confort, mais je vous propose plutôt de nous arrêter à la Vérité :
    Si j’écris des histoires, c’est sans doute par Amour de l’écriture, et pour le Bonheur, la Liberté et même l’Ivresse que cela me procure, car je vis mes histoires comme si j’étais chez moi, dans ma propre Maison ; il y a évidemment le plaisir de Donner de beaux moments de lecture, en étant le Géniteur de Héros avides de Justice, tout en essayant parfois de mettre K.O. mes lecteurs avec des fins surprenantes... certes, j’ai comme chaque écrivain en herbe l’espoir d’en faire un jour mon Emploi, et pourquoi pas devenir Célèbre et faire Fortune.
    Mais il y a aussi une autre Vérité, celle, moins brillante, où je n’ai toujours pas trouvé de mot en U et en X pour pouvoir terminer mon histoire, alors que déjà avec un Yéti je ne suis pas aidé... si vous aviez des idées à me suggérer, vous me rendriez certainement un très grand service !
    franceflamboyant le 01 juillet 2020
    POUR FAIRE SUITE...

    A la Recherche ...d'un usurier...


    C'en était fait de tous mes biens ! N'ayant aucun sens de la gestion, moi, Clément Urens, j'avais acheté pêle mêle une grande maison de ville pour y loger mon épouse et nos quatre enfants, une autre dans la campagne lyonnaise pour simplifier les vacances et laisser tout ce monde là s'ébaudir ainsi que cinq voitures ( ma femme n'en avait pas au départ et mes enfants passeraient bien le permis un jour...) ainsi qu'un nombre invraisemblable de meubles, de bibelots, d'articles de sport, d'outils de jardin, d'animaux domestiques, de vélos, de vêtements pour tous les temps et toutes les occasions et une centaine de caisses de champagne. Force m'était de constater que tout me réussissait à l'époque et que mes pronostics au tiercé avaient fière allure, je gagnais des sommes folles ! Ma femme s'habillait chez de grands couturiers qui commençaient à percer, mes deux filles finissaient leur scolarité dans un lycée catholique et mes deux garçons arpentaient avec l’énergie que donne la reconnaissance sociale, les couloirs de la faculté de droit qui les formerait comme magistrats ! Tout était donc merveilleux jusqu'à ma rencontre avec Écu Noir. Ce pur sang qui portait beau m’envoûta. Il était la propriété d'un certain comte d'Urubasque, lequel se targuait d'avoir acquis en Normandie, un haras de haute volée ! A ce que je lisais, si j'alliais ce somptueux et puissant Écu Noir à Belle Tangente et à Roux du Brésil et engageait de fortes mises, je passerais de très aisé à riche. Riche ! Vous pensez ! Je misai et eus raison. Deux courses fort prisées virent le triomphe de mes protégés...Je me donc à vivre sur un grand train, sûr que ce trio était lié à ma bonne fortune et ne me ferait pas défaut. Hélas, à l'automne, Belle Tangente ne parut pas. Le cheval était blessé. Je tentais bien de faire confiance à son remplaçant mais il me déçut tout comme d'ailleurs Roux du Brésil ! Restait mon fidèle Écu Noir qui d'abord me ravit. Il gagnait toujours. Puis, lui aussi eut quelques soucis de santé et son propriétaire dut le mettre au vert dans son haras normand. Je commençai à perdre, faisant de mauvaises combinaisons et en fin de compte, la chance me quitta. Quand j'eus perdu énormément d'argent, je tentai la visite à un usurier, histoire d'obtenir un prêt qui me garantirait des banques...Je finis par rencontrer à Deauville une certaine Ursula d'Urubasque qui n'était autre bien sûr que l'épouse de celui qui possédait de merveilleux chevaux. Elle m'aida, si l'on peut dire, car en me donnant le moyen d’échapper aux lettres de créance dont les banques m'inondaient, elle me lia à elle. Vingt-cinq ans après, je lui suis toujours redevable car je continue de la rembourser avec un taux d'usure qui laisserait n'importe qui rêveur (j'avais mal lu). Bien sûr, ma famille et moi vivons tous en Normandie où, de près ou de loin, nous servons cette famille. Mes deux avocats de fils protègent les intérêts des Urubasque et mes deux filles enseignent à leurs petits enfants...Je suis amer bien sûr mais le souvenir d’Écu Noir m'empêche de sombrer dans le désespoir...
    franceflamboyant le 01 juillet 2020
    Pour faire suite :

    A la Recherche du...Yetti du Yunan !

    Nous étions une quinzaine à suivre notre guide chinois ce printemps là et il semblait bien qu'on nous avait oubliés. Ce qu'on avait d'abord pris pour une maladie comme une autre s'était révélée être une épidémie puis une pandémie. Le gouvernement chinois avait bien répondu à la demande de la France et réexpédiait vers la mère patrie tous les ressortissants français, qu'ils fussent touristes ou résidents....Il n'y avait plus que nous...Et bientôt, notre guide se fit la malle, tout embêté de se dire que puisque nous étions encore là, c'est que ça lui retomberait dessus puisqu'il avait du louper quelque chose...Haves et affamés, nous passâmes des jours difficiles dans la forêt dense qui nous effrayait. La Birmanie, nous le savions, n'était pas loin...Encore fallait-il parvenir à y entrer. Nous commencions à désespérer quand l'un de nous d'eux aperçut un monstre horrible entre les arbres. Il sauta de joie, ce qui dans la circonstance présente, nous sembla lamentable:
    -Le Yeti du Yunan ! J'en avais entendu parler mais je n'osais croire à son existence. Je vais m'approcher et faire un selfie avec lui en arrière plan...
    Nous lui dîmes bien sûr d'être prudent mais il n'en fit rien. Le Yeti se pencha, se saisit de lui puis se saisit de nous...
    Le reste est sur mon blog de découverte!

    Yuri Yucan. canalblog. Mes Beaux Voyages...

    Amusez-vous bien !





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