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Critique de ClaireG


Un petit village de cases dans la forêt équatoriale au sud-est du Nigéria. Deuxième partie du XIXe siècle.

Okonkwo est devenu chef de clan à la force des poignets. Travailleur infatigable, il a voulu compenser la paresse de son père qui faisait de l'ombre à son orgueil. Société patriarcale d'agriculteurs, les Ibos cultivent principalement l'igname, le maïs et le gombo et fabriquent un vin de palme fort apprécié. Au cours d'entretiens avec les sages des tribus voisines, les hommes partagent la noix de kola après leurs palabres interminables.

Le respect des traditions, le culte des ancêtres et la communication avec les nombreux dieux sont indissociables de leur vie hiérarchisée. Les us et coutumes ainsi que les superstitions sont évoqués dans une première partie qui m'a fait instantanément penser à ces « rendez-vous en terre inconnue », à ces tribus qui vivent loin de la civilisation – où qu'elles soient dans le monde – mais qui, tôt ou tard, disparaîtront ou seront absorbées par les villes.

Depuis qu'un jour, pour respecter la vision du sorcier, Okonkwo tue le meilleur ami de son fils, qu'il avait adopté et qui comblait son ambition, sa vie va changer irrémédiablement : les anciens l'avaient dissuadé de cette exécution, son fils fuit le village, Okonkwo tue le sorcier par maladresse et est condamné à un exil de sept ans, toujours selon la loi tribale. La séparation devient inévitable à tous les niveaux. le village perd son chef, la famille est démantelée, les valeurs ancestrales prennent un coup dans l'aile et, pour ne rien arranger, des étrangers européens sillonnent le pays pour imposer leurs moeurs et leur religion.

Le début du colonialisme britannique désorganise l'ordre social, les missionnaires blâment les sacrifices humains – ces sauvages n'enferment-ils pas les nouveau-nés jumeaux dans des jarres pour les enterrer dans la forêt, ne font-ils pas appel aux incantations du représentant des dieux pour rendre la justice ? Ils dénigrent tout autant la polygamie, la violence entre clans, ridiculisent les coutumes ancestrales tout en vantant les merveilles des techniques et des outils européens qui facilitent la vie et apportent la richesse. Un dieu remplace tous les autres, il est bon et miséricordieux.

Les missionnaires sont rompus aux belles histoires de la Bible et les Africains adorent les contes.

Le titre du livre est extrait du poème de Yeats « The Second Coming » :
« Tournant, tournant en cercles toujours plus larges, le faucon n'entend plus le fauconnier. Tout s'effondre, il n'y a plus de centre. L'anarchie se déchaîne sur le monde »

Chinua Achebe est né en 1930 dans le Sud Nigeria, de parents chrétiens d'expression anglaise. Ses études universitaires le conduisent à travailler dans la communication (radio, rédacteur en chef, professeur d'anglais). Il voyage beaucoup en Afrique, en Angleterre et aux Etats-Unis. Il est professeur dans plusieurs universités. En 1960, le Nigéria obtient son indépendance mais n'évite aucunement les clivages ethniques et religieux. Chinua Achebe a toujours soutenu les sécessionnistes du Biafra (sa région natale) et il est le premier écrivain africain à raconter d'un point de vue africain les déboires de son peuple face à la colonisation.

Plusieurs fois, il a été pressenti pour recevoir le prix Nobel de littérature et les plus hautes récompenses dans son pays, prix qu'il a refusés en protestation à la politique dictatoriale du Nigéria.
Il est mort à Boston en 2013.

L'écriture de Chinua Achebe est très expressive et simple. le traducteur a gardé des expressions de la langue ibo, ce qui rend hommage à la culture de ce peuple et donne au texte une sonorité ardente et énergique.

Lecture attachante proposée par NastasiaB que je remercie vivement.
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