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Critique de sarahauger


Tuer n'est pas vivre de Charlotte Ada nous parle de la mafia, le milieu du banditisme par excellence.
Honneur et respect de sa parole ne sont pas de vains mots. Ce récit nous plonge dans le monde de la pègre de Little Italy au coeur de New York.
Little Italy, c'est un univers régi par ses propres lois, ses propres codes, avec ses parrains influents, ses hommes de main, ses tueurs à gages, ses contrats posés sur différentes têtes.
Ici le silence est d'or, on ne trahit pas, on ne voit rien, on ne sait rien.
Toute trahison se paie instantanément.

Ce petit monde vit de trafics en tous genres. C'est un milieu peu recommandable qu'il vaut mieux éviter et, pourtant, on y rencontre des personnages touchants et attachants. Si bien sûr on fait abstraction de leurs activités.

Dans ce milieu où chacun se connaît, qui vit sous couverture pour le commun des mortels et qui dirige chacun son quartier, mieux vaut rester à sa place. Tenter d'empiéter sur un autre territoire revient à compromettre la tranquillité des lieux.
Si un contrat est posé sur une tête, c'est toute la famille, au sens large qui fait bloc.
Vouloir renverser l'ordre établi, c'est prendre le risque d'avoir une meute à ses trousses qui tentera tout pour démasquer l'indélicat et mettre fin à la menace.

Quoi de plus naturel quand on est issu de ce genre de famille que de vouloir soi-même se lancer dans les petits trafics ? Après tout, arrive un moment où il n'est plus suffisant d'être vue comme la fille d'un des parrains les plus influents, l'envie de se faire son propre nom devient plus forte. Seulement, être originaire de ce milieu ne s'signifie pas pour autant en comprendre tous les rouages. Les pièges sont nombreux, les dangers partout. Des personnes prêtes à vous faire chuter courent les rues. Et c'est le début des ennuis. Les maîtres chanteurs peuvent se lâcher, le filet a attrapé sa proie.

Peut-on décemment se laisser aller aux sentiments quand, en tant que tueur à gages, on joue son existence à tous les coins de rue ? Peut-on s'imaginer un avenir à la façon de monsieur tout le monde quand on mène une telle vie ? C'est quand même un mode de vie à part. il faut du sang froid, de la maîtrise, de la patience, un bon sens de l'observation.
On doit faire fi des émotions et des sentiments, la personne à abattre n'est qu'un travail comme un autre… Et il faut avoir conscience d'un potentiel risque de dommages collatéraux.
Il faut accepter de tout plaquer sans regret en un claquement de doigts si quelque chose tournait mal.
On sait aussi que demain peut ne pas voir le jour. Alors quelle place pour une vie privée ? Quelle place pour une partenaire à ses côtés ?
Existe-t-elle seulement celle à qui l'on peut dire « chérie, ne m'attend pas pour manger, j'ai quelqu'un à refroidir ce soir » ??

S'il y a bien un point important dans ce milieu, c'est la loyauté. Tous ont beau vivre en marge de la société, avancer dans l'illégalité la plus totale, il y a des éléments avec lesquels on ne transige pas. La parole donnée doit être respectée, pas besoin de contrat écrit. Tout se joue à la confiance. Ce n'est pas qu'un mot, c'est vraiment ce qui fait le ciment de toute leur organisation, c'est un mode de vie.
Il est difficile d'imaginer pouvoir être trahi, c'est sans doute ce qui explique que le pardon n'existe pas. Tu trahis, tu le paies cash.
J'ai encore en tête la chanson « repenti » de Renan Luce qui colle très bien à ce livre.

Charlotte nous immerge avec talent dans ce milieu à part. On plonge rapidement dans le bain, on s'imprègne de toute cette atmosphère, de tout ce danger qui rôde en permanence. Aux confins de toute cette noirceur, un peu de douceur tente de voir le jour.
J'ai aimé cette ambiance inhabituelle, cette histoire qui démarre tambour battant. Pas de temps mort, de l'action, de l'action, on est sans cesse en mouvement. En même temps, face à certaines menaces, s'arrêter, c'est prendre le risque de ne plus jamais repartir. La tension est palpable.
J'ai presque pu sentir l'odeur de la poudre et soupeser le poids de toutes ces armes au creux de ma main.
Voilà une histoire rythmée, sans temps morts, ou le danger est omniprésent, mais laisse aussi sa place à l'humour et à la douceur.
Je ne rentrerai plus jamais dans une pizzeria sans imaginer l'arrière-boutique de façon différente, encore plus si je suis accueillie par un type aux intonations siciliennes. Qui sait ce que l'on peut trouver caché entre la mozzarella et le tiramisu ?


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