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Critique de Milllie


Encore une belle découverte de la rentrée littéraire que ce bout de chemin en compagnie de la jeune Sixtine !
Élevée par une famille catholique très pratiquante, Sixtine pense trouver bonheur et accomplissement en épousant Pierre Louis Sue de la Garde, un jeune homme de bonne famille, quelques mois seulement après l'avoir rencontré. Mais les doutes viennent vite perturber la vie de la jeune femme : est-ce normal que sa nuit de noces se soit si mal passée ? pourquoi doit-elle autant souffrir pendant sa grossesse et se sent-elle si mal alors que ce devrait être une joie de donner la vie ? et que fait vraiment son époux au sein du mouvement des Frères de la Croix ? Un événement tragique viendra balayer la vie de la jeune femme et la forcera à ouvrir les yeux et à se reconstruire petit à petit.
La première moitié de ce roman qui décrit l'endoctrinement dans lequel a été élevée Sixtine et qui ne fait que s'aggraver après son mariage, son mari venant d'une famille encore plus intégriste, est glaçante. On vit de l'intérieur la pression et les manipulations auxquelles la jeune femme est soumise pour lui ôter tout libre arbitre, la persuader que la vie qu'on lui fait mener est la norme et briser dans l'oeuf tout sentiment de révolte. Maylis Adhémar connaît sans doute bien ce milieu car ses descriptions sonnent plus que justes avec de nombreux détails qui rendent l'histoire encore plus crédible. Aucun cliché dans cette partie du récit, le trait n'est jamais forcé et c'est cette normalité qui fait encore plus froid dans le dos. Alors que l'angoisse monte quand Sixtine essaie maladroitement d'échapper à sa belle famille, on flirte avec le thriller et j'ai été happée par ce roman me demandant à chaque page jusqu'où l'auteur allait aller et comment tout ça allait bien pouvoir finir. Même la prière que répète Sixtine en boucle quand elle est perdue est glaçante dans ce contexte de par l'abandon et le reniement de soi qu'elle implique : "Mon père je m'abandonne à vous, faites de moi tout ce qu'il vous plaira. Quoi que vous fassiez de moi, je vous remercie. Je suis prête à tout, j'accepte tout, pourvu que Votre Volonté se fasse en moi et en toutes vos créatures."
La seconde partie du livre, qui raconte le long chemin qui mènera Sixtine vers l'indépendance et la liberté, m'a paru paradoxalement moins réussie. Même si les idées développées sont belles et si on se réjouit de l'émancipation progressive de la jeune femme, l'auteur n'échappe pas à certains clichés et facilités qui affadissent un peu le roman et font retomber la tension construite auparavant. Mais malgré cela, le récit reste toujours crédible et met l'accent sur la difficulté à se reconstruire quand on a été manipulé et conditionné dès son enfance. J'ai également apprécié que l'auteur dénonce les catholiques intégristes sans pour autant critiquer l'ensemble des religions ni le besoin de croyance : quel contraste entre les famille et belle-famille toxiques de Sixtine et le monastère si simple dans lequel elle se réfugie et où elle trouve quelques moments de paix et surtout une vraie écoute sans aucun jugement. Cette subtilité rend le roman beaucoup plus fort et montre bien à quel point l'intégrisme est un poison.
Bénie soit Sixtine réussit le tour de force d'être à la fois une lecture très prenante impossible à lâcher une fois le livre commencé, une plongée en profondeur dans un milieu finalement peu décrit dans la littérature et une dénonciation de toutes les sectes et formes d'endoctrinement. Une belle découverte et pour un premier roman un coup de maître : à ne pas rater !
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