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Critique de Pasoa


Avec Mer et Brouillard (Sea and Fog), je fais la découverte de l'oeuvre poétique de la très grande écrivaine libano-américaine Etel Adnan. La lecture de ce recueil publié aux États-Unis en 2012 puis en France trois années plus tard, m'a touché dès les premières pages.

Composé de deux parties (Mer et Brouillard), avec chacune son dédicataire (la première est dédiée à Simone Fattal, artiste peintre qui fut pendant de longues années la compagne d'Etel Adnan, la seconde au poète américain Brandon Shimoda), le recueil est composé de courts textes en prose, d'une écriture très intuitive, profondément réceptive. Les thèmes sont nombreux (Dieu, la mythologie, l'astronomie, la nature, le cycle de la vie,…) pour évoquer la mer et le brouillard dans leur dimension symbolique, métaphorique et physique.


« La lumière réfléchit à sa propre nature. À quoi sommes-nous destinés ? Il commence à faire froid. Les ouragans dévastent la terre. La nuit est descendue. Elle absorbe les années à venir comme elle absorba les années passées. le temps est une utopie. Il ne laisse aucune trace. »


Jamais figée, sa pensée est comme placée en amont de la réalité, dans un rapport continu à l'existence. Pour Etel Adnan, observer le vol d'un oiseau, le lever du jour, lire un article d'un journal, s'instruire sur la vitesse de la lumière, sur les caractéristiques d'une planète, évoquer Dieu et la mythologie grecque, accomplir les actes de la vie quotidienne, même les plus simples, font partie de la continuité de l'être, d'un tout irréductible. L'individu est un point de jonction, le réceptacle de mille influences conscientes et invisibles.

En refermant le recueil, je l'ai trouvé comme inachevé tant la poésie d'Etel Adnan semble révéler toutes les possibilités d'une pensée en mouvement, dévoiler ce moment de la pensée où avant d'atteindre les mots, elle semble en dire le plus. Une très belle lecture, à l'image de ce passage sur la poésie, quelques phrases pour dire l'essentiel :


« La poésie atteint ce qui ne peut être dit et le laisse là. Elle nous est familière, proche jusqu'à l'indécence, parfois accablante, aussi grise que les ciels nuageux au-dessus des chaînes de montagnes mélancoliques. C'est ainsi, et pour toujours, que la question de sa nature demeure, et pourquoi nous cherchons encore une réponse. »

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