AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 5 de la série, initialement parus en 2013/2014, écrits par Roberto Aguirre-Sacasa, dessinés, encrés et mis en couleurs par Francesco Francavilla. Il n'est pas besoin d'avoir une connaissance préalable des personnages pour apprécier le récit. Néanmoins connaître leurs prénoms et leur type de relation (par exemple Archie partagé entre Betty et Veronica) permet de comprendre la situation plus rapidement.

Un soir, Jughead (Forsythe Pendleton Jones III) vient toquer à la porte de Sabrina Spellman, avec le cadavre de son chien dans les bras. Il vient d'être renversé par un chauffard. Malgré ses réticences (et les règles basique de la magie), Sabrina finit par accepter de le ressusciter.

Le lendemain, c'est Halloween. Au lycée de Riverdale, Betty et Veronica comparent leurs idées de déguisement, et elles se disputent pour savoir laquelle aura Archie comme cavalier. Dans les vestiaires, du lycée, le lecteur apprend qui a renversé le chien de Jughead.

Le soir, la fête bat son plein, Veronica est déguisée en Vampirella, et Betty en infirmière sexy. Dilton Doiley et Chuck Clayton comparent les mérites de Freddy Krueger et Jason Voorhees. Geraldine Grundy et Waldo Weatherbee évoquent des souvenirs de jeunesse. Jughead fait son apparition à la fête : c'est le début de l'infestation de zombies.

Archie Andrews est un personnage qui a été créé en 1941, et qui a bénéficié d'un ou plusieurs titres mensuels depuis, à destination d'un jeune lectorat. Depuis quelques années, l'éditeur a publié des projets à destination d'un lectorat un peu plus âgé. "Afterlife with Archie" s'inscrit dans cette démarche.

Roberto Aguirre-Sacasa utilise une narration linéaire, très factuelle, et très directe. Elle est simple sans être simpliste. Rapidement, il introduit 2 groupes distincts : celui avec Archie, et celui composé de Cheryl et Jason Blossom. Il déploie un groupe de personnages assez important : Archie, Betty, Veronica, Jughead, Mary Andrews (la maman d'Archie), Hiram Lodge (le père de Veronica), Dilton Doiley, Reggie Mantle, Smithers, Kevin Keller, Cheryl et Jason Blossom. Chacun de ces personnages est réduit à un trait de caractère principal, facilitant la reconnaissance et l'assimilation. Il y 3 retours en arrière, 2 consacrés à Hiram et Hermione Lodge, l'autre à Archie.

Certes tous ces personnages sont de race blanche et propres sur eux, évoluant dans une petite ville américaine avec une légère patine rétro et intemporelle. Il s'agit donc d'un environnement très lisse où la seule provocation est le personnage de Kevin Keller (et encore seuls les lecteurs connaissant sa particularité - son orientation sexuelle - s'en rendront compte).

Malgré tout Aguirre-Sacasa réussit à insuffler des émotions dans ces personnages. Il s'agit de sentiments essentiels, tels que l'amitié, la solitude, le sens du devoir, le courage. La personnalité peut développée de chaque protagoniste facilite la projection du lecteur dans un personnage ou un autre. Cette bande de copains évolue dans une Amérique qui relève plus du mythe et d'un certain âge d'or, que de la réalité. de ce fait l'histoire n'est pas loin du domaine du conte, côtoyant des aspects universels de la condition humaine.

Francesco Francavilla utilise une approche graphique en totale adéquation avec la narration d'Aguirre- Sacasa : des dessins très simples en apparence, une utilisation de couleurs soutenues dans des teintes qu'il affectionne (rouge orangé, violet, orange pâle, jaune poussin, violet héliotrope, lavande, etc.), de copieux aplats de noir, des traits simplifiés pour les visages.

Loin de paraître simplistes, ses pages bénéficient du mariage de ces différentes caractéristiques pour être essentielles et viscérales. Francavilla incorpore les stéréotypes visuels du genre "Horreur", dans une narration très personnelle. En feuilletant rapidement ce tome, le lecteur repère immédiatement ces images passées ayant acquis le statut de clichés : Jughead dans l'embrasure d'une porte en contrejour, le chien au milieu de la route pris dans le faisceau des phares d'une voiture, l'individu en ombre chinoise se promenant de nuit, avec le faisceau de sa lampe torche, Archie tenant à la main une batte de baseball ensanglantée avec des tâches de sang sur le mur derrière, la jeune femme en robe de chambre se promenant dans de longs couloirs un chandelier à la main, un chien avec la bave aux lèvres et les crocs ensanglantés, etc.

L'art de Francavilla réside dans sa mise en scène, son découpage de chaque séquence, et sa maîtrise de l'éclairage. Il est un peu moins dans le détail que pour sa propre création The Black Beetle, et un peu moins dans l'action que pour Tales of the fox (des aventures de Zorro). Il a donc légèrement simplifié ses dessins pour les rendre plus rapidement lisibles, s'adaptant au lectorat cible de cette histoire. Ici simplifié n'est pas synonyme de fade. Tout au long de ces pages, le lecteur pourra repérer des éléments personnels et particuliers : très beau fauteuil dans la maison des Lodge, tenues vestimentaires différentes pour chaque personnage, une belle Rolls Royce, superbe décoration psychédélique de la chambre de Jason Blossom, etc.

Francavilla adapte son découpage en cases à la nature de l'action passant de planche comprenant jusqu'à 10 cases, à un dessin pleine page. Il gère ainsi l'écoulement du temps : plus de cases lorsqu'il s'agit de décrire un enchaînement d'actions rapides, ou une case plus grosse pour que le lecteur s'arrête sur un moment choc, ou au contraire une émotion intime.

Avec cette histoire, Archie Andrews passe de l'enfance (ou de la très jeune adolescence) à l'adolescence, au travers d'un récit d'horreur. Roberto Aguirre-Sacasa et Francesco Francavilla n'en profitent pas pour massacrer ses icônes américaines dans une débauche de gore. Ils utilisent l'épidémie de zombies pour faire ressortir les qualités intemporelles de cette série, au fur et à mesure que les zombies tuent des êtres chers, ou détruisent ce qui rendaient la vie douce à Riverdale.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}