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Critique de Seijoliver


Deux fois, vers la toute fin du livre, cette phrase revient : « J'observais le langage en train de s'effondrer ». Parfois pour Rei, la narratrice de ce roman :  « les mots s'interrompent, [les] pensées s'arrêtent. Une voix que je ne contrôle pas profite de cet espace pour intervenir ». Depuis son adolescence, elle entend des voix, ça tourbillonne dans sa tête, des voix envahissantes au point qu'il lui est difficile de dormir.
Comment les faite taire ? Par l'alcool. Mais ça fait grossir, alors elle se fait vomir mais, ça abîme sa peau… Bref, pour Rei, la trentaine, qui écrit pour des magazines, ça ne va pas fort. Alors qu'une nuit quand dans un konbini elle achète quelques bouteilles, elle LE voit. Takahoshi est chauffeur de poids lourds. A son compte. Plus souvent sur la route que dans son foyer. Elle a envie de lui, de son corps.

Les voilà partis. Pendant deux-trois jours, on va suivre leurs aller-retour pour faire des livraisons entre Tokyo et Niigata, vers le nord, sur les routes enneigées. Leurs ébats, leurs conversations, leurs souvenirs.
Comme le précise avec justesse l'éditeur sur la quatrième de couverture, Mari Akasaka fait preuve d'une grande liberté de ton. C'est direct, cru, par exemple pour les scènes de sexe. Les trente premières pages dressent la situation de Rei, description assez détaillée de sa « boulinorexique »
(elle boit, mange, se fait vomir), son travail, avec au passage quelques réflexions sur l'image de la femme et la société de consommation. Puis c'est la route, les vibrations, celles du camion bien sûr, qui est comme une chambre d'écho, un cocon, et celles de ces voix (la voix aussi de Takahoshi, qui, plus jeune que Rei, a déjà bien roulé sa bosse…). Malgré quelques paragraphes moins prenants, le voyage avec ces deux personnages est plutôt réussi.
Mari Akasaka fait le portrait d'une femme qui m'a semblé très embarrassée de son corps, en plein mal-être, comme si dans la société japonaise – encore assez corsetée par certains aspects - elle ne pouvait pas vraiment apparaître comme elle le voudrait. Les derniers mots du livre : « Simplement ça m'a donné l'impression d'être devenue quelqu'un de bien. Et ça me suffit ».
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