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Critique de DimitriCheval


Un acte honteux est un livre d'histoire érudit qui s'attache à bien montrer la responsabilité du gouvernement ottoman dans le génocide arménien. La démarche est intéressante sur le fond : l'auteur bât en brèche de façon convaincante la "version officielle" de l'histoire turque qui justifie et minimise ce qu'elle considère être des massacres plutôt qu'un génocide. le gros point fort de l'ouvrage, outre son sujet et sa démarche, est la présence de nombreuses citations de sources, bien qu'elles soient inégalement pertinentes. Celles qui m'ont le plus marquées sont issues des débat à l'assemblée nationale ottomane en 1918 et 1919 entre des députés arméniens et nationalistes turques. Imaginez si à la fin de la 2nde guerre mondiale on avait assisté à des débat au Reichtag entre des juifs et des nazis...

En revanche l'ouvrage n'est pas très plaisant à lire à cause de sa taille (plus de 500 pages) : on ne peut pas dire qu'il soit très synthétique. de plus, le style de l'auteur est très académique ; ainsi on éprouve peu d'émotions alors que le sujet s'y prête. Bref, pour que le livre soit accessible, il aurait fallut qu'il soit plus court et rédigé différemment. Au lieu du grand public, il est plutôt à mettre entre les mains d'historiens intrigués par le sujet et ayant l'habitude de cette forme de rédaction.

Et c'est dommage, parce que sur le fond, le sujet traité gagnerait à être plus connu. Un acte honteux m'a fait comprendre la peur panique qui saisissait les dirigeants ottomans suite aux défaites successives en Europe : les musulmans des pays nouvellement indépendants étaient expulsés violemment, avaient subit des attentats. Ils ont été installé en Anatolie, dans zones peuplées (entre autre) d'Arméniens qui, par leur religion, étaient suspect de vouloir eux aussi leur indépendance, et donc d'empêcher la création d'un Etat turque. Il faut dire qu'en 1878 la Russie, après une victoire militaire et l'occupation de l'Anatolie, souhaitait annexer cette zone. Ironiquement ce sont les Britanniques qui s'y sont opposé (et l'ont regretté ensuite car cela aurait empêché le génocide...).

Autre élément saisissant : la possibilité qu'on aurait eu de juger les auteurs de ce crime. En effet, les élites ottomanes étaient prêtes à cela (bien qu'elles aient brûler un nombre gigantesque d'archives...) à condition de garder un territoire national turque. Mais les alliés souhaitaient à la fois ces procès et un démembrement de l'empire au profit de la Grèce, de l'Arménie et d'un Etat kurde. Résultat les nationalistes turques ont mené avec succès une guerre d'indépendance et n'estimaient pas (ou peu) avoir à rendre de compte. Cela explique pourquoi de nombreux ministres de la jeune Turquie avaient participé au génocide.

Bref, ce livre ne manque pas d'intérêt, mais il faut s'accrocher.
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