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Critique de Apoapo


Il existe, depuis les mouvements de modernisation du début du XXe s. mais particulièrement ces 30 dernières années, des mouvements féministes au sein du monde musulman, de nature transnationale et issus principalement du milieu universitaire, animés par des intellectuelles, chercheuses et militantes croyantes, dont la démarche évolue non pas en s'inspirant de la contestation analogue laïque occidentale - qu'au contraire souvent elles critiquent vigoureusement - mais à l'intérieur du monde religieux de l'islam.
Théologiennes, juristes ou anthropologues, ces militantes ont pour but de lutter pour l'égalité et le droit des femmes (ni plus ni moins à l'instar des féministes occidentales) contre le patriarcat inscrit dans une jurisprudence islamique (al-fiqh) élaborée et interprétée par des hommes et à leur avantage depuis de nombreux siècles au sein de sociétés elles-mêmes très patriarcales, et d'autant plus crispées sur un certain traditionalisme ou essentialisme qu'elles ont été marquées par l'expérience coloniale et par d'autres traumatismes dus à la confrontation avec une certaine modernité.
Leur démarche doit donc d'abord faire face à une double stigmatisation, raciste et sexiste, qui tend à mettre en doute la possibilité même d'une lecture de l'islam autre qu'oppressif de la femme. Pourtant, c'est justement par une lecture littérale et un retour aux sources textuelles, parfois historique aussi, en s'intéressant aux voix féminines de l'islam des siècles passés, par les instruments méthodologiques des sciences sociales contemporaines (analyse sémiologique, anthropologie, études post-coloniales...), ainsi que par le postulat de la démarche interprétative (ijtihad), que ces intellectuelles opèrent et apportent parfois des réponses concrètes par ex. sur les thèmes du droit familial (divorce, succession, etc.) et du droit pénal (punitions corporelles, etc.). Venant d'Égypte, d'Iran, de Turquie, de Malaisie, de Syrie, du Maroc ou de la France de la migration, elles sont très sensibles à la variété du contexte socio-politique local, jusques et y compris dans ses dénouements les plus actuels (ex. "printemps arabes").
L'auteure, doctorande de France, apporte sa propre introduction et conclusion et conduit deux entretiens ; elle structure par ailleurs son ouvrage en trois parties : 1. Lectures alternatives - sur des éléments de définition des féminismes islamiques ; 2. Des Textes aux contextes : un mouvement transnational - 4 essais d'auteures considérées comme des références actuelles ; 3. Des discours aux pratiques : des musulmanes contre les oppressions - témoignages de nature plus pragmatique. Au total, 9 intervenantes sont convoquées.
La conclusion constitue une ouverture qui reprend les thèmes de l'orientalisme, de la décolonisation et de leurs capacités de renouvellement du discours féministe, y compris en France avec la fameuse et méchante question du voile...
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