AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Un soir où le désordre s'est emparé de Paris – on comprendra rapidement, même s'ils ne sont pas nommés, qu'il s'agit des attentats du 13 novembre 2015 – trois jeunes filles se réfugient dans l'appartement du grand-père de l'une d'elles. de cette réunion de trois personnalités très différentes émergera une belle discussion sur l'identité et ce qui la constitue quand on vient d'ailleurs, sur ce qui fonde l'attachement à la France, et à la solidarité.

Ava, la jeune fille qui héberge les deux autres, est en effet juive ashkénaze, Leyla est marocaine, et Salomeh d'origine iranienne. Chacune a un parcours d'immigration à un degré différent, puisque ce sont les arrière-grands-parents d'Ava qui sont venus en France (avant la Seconde Guerre mondiale, ce qui les a obligés à cacher leur fils, le grand-père d'Ava), les parents de Salomeh qui ont fui l'Iran au retour de l'ayatollah Khomeyni en 1979, et Leyla qui est arrivée en France pour ses études mais qui souhaite dorénavant être naturalisée. le contexte qui les a réunies leur permettra d'échanger la nuit durant – discuter leur permet d'évacuer l'angoisse d'avoir été au mauvais moment au mauvais endroit – sur la manière dont elles perçoivent leur identité et sur leurs craintes concernant la manière dont leur communauté d'origine leur est toujours projetée au visage et auxquelles elles finissent immanquablement par être réduites (Salomeh étant toujours ramenée à la religion musulmane et à son origine iranienne, alors qu'elle est athée et française née en France).

« (une nuit) » est ainsi une bande-dessinée plaisante à lire, avec de bonnes idées et de belles notions, les autrices avaient de très belles intentions, et une motivation qui se ressent à la lecture. Mais il y a plusieurs défauts qui m'empêchent de trouver « (une nuit) » abouti : si le cadre qu'offrent les attentats du 13 novembre représentent un contexte très intéressant et pertinent, je trouve que la réflexion sur les questions d'identité est assez basique et pas très fouillée, ni traitée de manière très originale.

Et surtout, il y a un gros problème de clarté sur deux points essentiels : les premières pages montrent que Leyla, Salomeh et Ava ne se connaissent pas, les deux premières étant invitées à se réfugier par cette dernière sur un élan de solidarité (des riverains des attentats avaient en effet proposé aux victimes de les héberger à leur domicile), et il faut avancer dans le récit pour le comprendre. Surtout, le récit chez Ava est enchâssé dans une autre histoire, dont on perçoit le rôle allégorique, mais qui est totalement incompréhensible pour moi : des gens dans un bar semblent être victimes des attentats (directement ou pas, on ne le comprend pas), à la suite de quoi ils branchent une télé qui retransmet l'image de Leyla, Salomeh et Ava chez cette dernière (promis je n'ai pas bu en rédigeant ces lignes)… L'histoire des trois filles est-elle donc un rêve ? Autre chose ? On ne le saura pas, et j'ai trouvé cela particulièrement gênant. En outre, certains clients du bar cherchent l'identité des trois filles sur Internet, trouvent en un tournemain (ce qui ne paraît pas du tout crédible) leur profils Instagram, et se mettent à les juger sur les posts d'elles qu'ils voient (bravo la bienveillance). Quel est le but de ces pages introductives et conclusives ? A quoi servent-elles ? Je cherche toujours, et ça dessert considérablement le propos. C'est dommage, il aurait fallu canaliser les idées des autrices, qui m'ont semblé partir dans tous les sens…

Je remercie les éditions First et Babélio pour cet ouvrage obtenu grâce à la masse critique graphique de décembre 2022.
Commenter  J’apprécie          191



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}