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Critique de DonaSwann


Voilà un livre de référence indispensable, m'a-t-on dit, pour comprendre le chemin de croix d'un alcoolique qui a pourtant tout en main pour se soigner, puisqu'il est médecin. Il s'agit de l'auteur.

D'attaque panique à peine jugulée par le Valium, les benzodiazépines, etc. en compulsion vers l'alcool, la vie du patient tient de l'enfer d'une maladie orpheline. Les A.A. apportent un grand soutien, les cures proposent des oasis de paix, mais l'avancée vers la marginalisation, perte du travail, perte de l'entourage (encore que l'auteur semble avoir été bien entouré, j'étends son expérience à la plupart des gens), perte de sens, paraît inexorable. de plus, le jugement social sur ces maladies "intempérantes" est moral : si l'on veut, on peut, certains ont pu, c'est donc qu'on manque de volonté, ces jugements détruisent ce qu'il reste d'amour-propre et de confiance en soi, à supposer qu'on en ait jamais eu.

Une femme hospitalisée, au bout du rouleau, avait explosé : "Pourquoi est-ce que bon Dieu ne m'a pas donné un cancer du sein [plutôt que l'alcoolisme] ? Au moins mes enfants me rendraient visite !"

Amené à faire les essais du baclofène sur lui-même (les réticences de ses thérapeutes et de collègues lui compliquent la tâche, vu qu'il s'agit d'un usage hors indication officielle - le baclofène est un myorelaxant), et avec des dosages élevés dont il ignore le caractère dangereux ou pas (il apprendra après seulement que le médicament est tout sauf toxique, même à forte dose), il finira par supprimer le craving totalement. Comme lui, je mets le mot supprimer en italiques. Les autres molécules atténuent le craving, elles ont même des effets secondaires dangereux, MAIS elles sont sous brevet... C'est ainsi que quand il parvient, ayant atteint un an de sobriété complète sans effort, à obtenir de chercheurs qu'ils s'intéressent à des essais en double aveugle, ceux-ci finissent par subtiliser le protocole qu'il avait élaboré à la jonction du baclofène avec une autre molécule dont l'inefficacité relative était connue MAIS qui était toujours sous brevet ! Il a l'élégance (ou la prudence) de ne pas en supputer les raisons ; pour moi qui n'ai pas de raisons de ménager l'institution, il me semble que c'est pour que les effets bénéfiques du baclofène soient imputés à une substance rémunératrice pour le labo qui la produit. S'il n'y a pas d'argent à la clé, où trouver les trois cent mille euros nécessaires à l'étude en double aveugle ? Fausser les résultats ne semble pas être rédhibitoire pour certains "scientifiques" ; les bras m'en tombent.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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