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Critique de JacquesLarcher


Quelle déception ! le dessin le graphisme sont superbes mais le récit est d'une tristesse abyssale. Il est vrai que les couleurs pastel un peu gris et marron donne le ton l'épopée du jeune Guévara est conté au rythme de lettres envoyées à sa famille ou de compte rendu des polices étasuniennes (CIA et FBI certainement), si bien que je ne sais pas si j'aurai le courage d'en terminer la lecture ; Ce sera le premier roman graphique que je ne terminerai pas !
Il est vrai que les récits de la conquête du pouvoir pour renverser la dictature de Batista est resté dans ma mémoire comme une épopée formidable, ne serait-ce que par la détermination des combattants et de la population cubaine à s'opposer à la suprématie US et son envahissante propagande sur la notion d'une certaine liberté, celle de commander autrui car il serait le détenteur de la vérité universelle.
Le récit est fade et manque d'enthousiasme ; on dirait que le Che subit son destin, traverse les années en solitaire. Homme seul, le Che ?. Accepté par les combattants, honoré comme un saint dans l'ïle, il est ici déshumanisé. La copie des lettres envoyées à sa mère tout au long de ces années sont elles des gages d'authenticité pour justifier un tel récit ? Les références appuyées aux rapports des espions US sont elles également des moyens de découvrir l'homme dans son intimité ?
Sous couvert d'objectivité, l'auteur apparait comme ce qu'il est ; un journaliste peut être talentueux dans l'exercice de son travail, mais pas un historien digne de foi. Un récit doit être porté par son auteur qui doit à mon avis, y mettre ses certitudes, ses convictions, sa vision de la vie humaine.
Tout cela n'existe pas ici. A force de ne pas embellir la vie du Che, on sent une manière américaine de décrire la réalité sans prendre parti. On dirait que l'auteur a peur de la censure financière de la part de ses éditeurs. Les précautions prises par l'auteur pour déclarer sa soi-disant objectivité dans le cours du récit, poursuivent quel but ? Ces précautions sont elles l'état d'esprit actuel des journalistes américains concernant la relation écrite d'une vie d'une personne.
Enfin, un aspect a été complètement omis, c'est la solidarité des groupes qui ont accompagné le Che dans ses combats, il n'a jamais été seul. On ne mène pas un combat aussi difficile sans un appui de la population ou d'une partie de la population.
Il a eu également et certainement une vie sentimentale, mais elle est réduite à très peu de chose ; on dirait la vie d'un prêtre.
Certaines critiques parlent d'un récit axé sur l'aspect psychologique du Che. Je ne dois pas avoir la même définition du mot psychologie que ces derniers. J'en suis étonné.

Sa vie a-t-elle été tellement glorifiée par d'autres auteurs proches de son idéal révolutionnaire (sans doute comme notre Napoléon), qu'il fallait ici, s'en écarter tellement et fuir ce que les auteurs considèrent comme de la propagande.
En la matière, chacun doit balayer devant sa porte avant de dénigrer les autres. La propagande c'est ce que les ennemis raconteraient, et la communication à la manière occidentale, ce serait ce que racontent les amis, les vrais vulgarisateurs !!!
Quelle est la différence entre le déferlement d'images ou de mots des uns et des autres ?

Après cette charge contre le récit, je vais quand même poursuivre la lecture du récit ; on ne sait jamais…
J'ai donc terminé la lecture de ce roman graphique. Il m'a appris un autre aspect du personnage lorsqu'il décide de quitter Cuba et ses responsabilités d'homme d'Etat.
L'homme a connu des échecs successifs dans son combat pour rendre le pouvoir politique aux peuples, tant en Afrique d'en Amérique latine.
Mais là encore, le récit fait la part belle à une objectivité orientée vers les sources étatsuniennes. On n'en démord pas du coté du narrateur.
L'homme continue d'être présenté comme un personnage déshumanisé, sans passion, sans idéal, sans référence à l'idéal de justice qu'il poursuivait dans ses combats.
Je suis à nouveau déçu et ne recommande pas ce livre à celui qui veut découvrir la vie et les combats du Che, car ses combats ont été ceux de sa vie.
Nos révolutionnaires de 1789-1795 ont été les porteurs d'un idéal de justice particulier, en relation avec leur époque, et je ne voudrais pas qu'on l'oublie. Participer aux luttes contre les injustices, à l'usine, au bureau ou dans la société, c'est donner un vrai sens à sa vie (avec de l'amour aussi car cela fait du bien). Sinon faut-il se résigner à être des « consommateurs-spectateurs-soumis » ?




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