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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Le long de la (fictive) route 117 qui s'enfonce dans le désert de l'Utah pour s'y terminer en cul-de-sac, quelques habitants s'entêtent à vivre loin du confort de l'eau courante, de l'électricité, du courrier, du téléphone, sans parler d'internet. Une seule personne les relie à la « civilisation » : Ben Jones, 38 ans. Camionneur indépendant, il passe ses journées à livrer des marchandises en tous genres sur cette route isolée, à des clients plus singuliers les uns que les autres. Il y a Walt, l'octogénaire propriétaire du restoroute « Well-known Desert Diner », qui n'a plus servi le moindre steak depuis 40 ans, au point d'être connu dans la région sous le sobriquet « Never Open-Desert Diner », et les frères Duncan et Fergus Lacey, qui vivent dans un vieux wagon réaménagé. Il y a aussi John le Prêcheur, qui parcourt la route en portant une croix aussi grande que lui, Ginny, l'adolescente de 17 ans, enceinte et paumée, et depuis peu, dans une maison abandonnée et invisible depuis la route, il y a Claire, une jeune femme superbe, jouant sur un violoncelle sans cordes. Tous portent un lourd secret, ont vécu un drame terrible, fuient leur passé ou au contraire sont incapables de s'en détacher ; la plupart sont aux prises avec des questions de filiation et d'identité. Parmi ces égarés de la vie, Ben ne s'en sort guère mieux : abandonné à sa naissance, c'est un solitaire, sans amis, sans fortune et bientôt sans emploi vu l'état de ses finances et l'avis de saisie de son camion.
Inévitablement, Ben tombe amoureux de Claire, qui se cache de son mari, et dont le violoncelle est coeur d'une sombre affaire de vengeance.

Alors oui, on tarde un peu à comprendre dans quelle direction va cette histoire, mais en attendant on se laisse emmener à bord du camion de Ben, on l'accompagne dans son boulot (faux gagne-pain mais vraie vocation), à la découverte de personnages taciturnes, durs à cuire mais qui, sous leur épaisse carapace, ne sont pas dénués de bienveillance et de générosité. Mais c'est surtout le désert qu'on découvre, personnage principal du roman, à la fois soleil, chaleur et poussière accablants pendant la mise en place de l'intrigue, et orages violents et crues aussi soudaines que meurtrières lorsque l'histoire s'emballe et que le dénouement approche. Un désert impitoyable, et pourtant « ...le Prêcheur m'avait dit que la plupart des gens associent le désert avec ce qui y manque : l'eau et les gens. « Ils ne pensent jamais à la seule chose dont le désert regorge : la lumière. Il y a tant de lumière ici » ».
Et en effet, ce roman est à la fois sombre et lumineux, mélancolique et teinté d'auto-dérision. Il est, en plus, servi par une belle écriture fluide, sobre, parfois poétique, et un sens certain de l'humour et du dialogue. Un premier roman captivant, qui pour moi vaut plus pour son atmosphère que pour son intrigue (un peu abracadabrante), et dont les personnages attachants vous hantent bien après la dernière page.
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