Esthétiquement,
La maison qui parcourait le monde est un beau livre – la couverture et les illustrations au fil du texte donnent envie.
J'ai apprécié ma lecture, mais ce n'est pas un coup de coeur.
La maison qui parcourait le monde m'a plu, tout d'abord parce qu'elle prend racine (ou pas, avec ses pattes de poulet voyageuses :P) dans le folklore russe. le mystère qui entoure la vie de Marinka m'a intriguée : le fait qu'elle n'ait pas le droit de s'éloigner, sa maison dénuée de parole mais clairement « sentiente », son choucas avide de cadeaux morbides...
Pourtant, petit à petit, je me suis détachée d'elle. Je l'ai trouvée irritante - ce qui est tout à fait compréhensible au vu de ce qu'elle vit. Mais j'ai eu l'impression que cette rébellion constante, ce déni dans lequel elle se trouvait - et dans lequel elle est consciente de se trouver ! - prenait le pas sur le reste, au point que je me demandais quand cela allait... hé bien, progresser. Et quand cela a été le cas, c'est allé beaucoup trop vite à mon goût. La résolution de l'histoire s'est faite, je trouve, trop facilement.
Voici quelques « ficelles » narratives qui m'ont paru ne pas tenir la route :
La mort de Baba, la grand-mère, m'a semblé insuffisamment motivée par l'histoire. On ne comprend pas franchement pourquoi elle doit passer, elle aussi, la porte. Et hop, adios. Marinka est perdue, moi aussi.
Les réunions de yagas n'ont lieu que très (TRES) rarement ; ils en organisent une à la demande de Marinka et celle-ci manque sous leurs yeux de bafouer une de leurs règles des plus sacrées : ne pas outrepasser la limite des morts et des vivants, à savoir, la Porte. Or... à peine aura-t-on quelques réactions de ses pairs, alors que Marinka s'apprêtait à devenir officiellement une Gardienne. Mais bon, personne ne semble s'inquiéter de cela. Tant pis si la cérémonie n'a pas lieu, on aura fait la fête ensemble, tout va bien. Heu...
Au cours du récit, l'ambivalence de la nature de Marinka (morte mais vivante) que je trouvais très intéressante, est finalement résolue sans autre tergiversation - merci la Maison aux super pouvoirs. Je dois cependant dire que cette Maison est absolument géniale ; c'est un des points forts du roman. J'ai beaucoup aimé le fait qu'elle fusionne avec la maison de la vieille Tatiana.
A la fin, Marinka revient sur les lieux initiaux et revoit Benjamin : la boucle est bouclée, la jeune fille a fait son deuil. Admettons. C'est après tout un roman sur l'adolescence (très réussi ; une adolescente dans toute sa splendeur, je crois) et le deuil (moins bien réussi).
Je pourrais encore pinailler, mais ce serait pinailler, justement. J'ai passé un agréable moment, même si l'ensemble n'est pas suffisamment solide pour moi.