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Critique de chocobogirl


Nicolas se réveille à l'hôpital. Il a eu un accident à l'école : une chute dans les escaliers. le petit garçon n'arrive plus à parler et surtout ne se souvient plus de rien. Heureusement son père est là et les docteurs Vert et Bleu s'occupent bien de lui. Rapidement de retour à la maison, Nicolas se remet tout doucement. Mais un cauchemar continue de le hanter. Prenant forme dans ses dessins, un dragon de feu qui ressemble à Mademoiselle Rose la directrice de l'école, semble le poursuivre.

Edité en 2001 de manière quelque peu furtive, ce bel album vient de connaître une seconde vie aux éditions Des ronds dans l'eau.
Le lecteur va suivre les jours suivants l'accident de Nicolas.
Après un bref séjour à l'hôpital où le personnel médical s'est montré délicat et réconfortant envers lui tout en tentant d'en savoir plus sur cet accident, Nicolas retrouve la douceur du foyer. Vivant seul avec son père, il profite de cette parenthèse pour profiter de sa présence tout en restant troublé par une peur violente figurée par un méchant dragon qui lui a laissé des bleus à l'âme et sur le corps.

Vous l'aurez peut-être deviné, Bleu(s) parle tout simplement de maltraitance sur enfant. Mais loin d'afficher un propos d'une lourdeur absolue, l'auteur se fait fort d'une approche indirecte contenant une grosse dose de pudeur et de subtilité tout en soulignant la chaleur et l'importance des rapports père-fils.
La mémoire de Nicolas n'est toujours pas revenue et son père fait preuve de beaucoup d'amour, de patience envers son fils. Une confiance et une douceur importante pour son équilibre qui lui permettra d'extérioriser ses peurs sous forme de dessins, et bientôt de se souvenir. Leur relation est particulièrement mis en valeur et l'apaisement qui est ressort est palpable auprès du lecteur troublé qui devine bien vite que cet accident d'escalier est mystérieux.
C'est Nicolas lui-même qui est le narrateur de cette histoire. Vu par ses yeux innocents qui ne comprennent pas encore toutes les notions de bien et de mal, l'histoire emprunte une voie relativement légère et naive qui cache pourtant des côtés bien sombres. Il mange les supers crêpes de papa, joue avec lui, plaisante en sa compagnie. Son retour semble doux et heureux, excepté les quelques cauchemars qui le réveillent de temps à autre. La chute de l'album n'en sera que plus violente et marquante. Nicolas se souvient enfin et découvre qu'il n'est pas seul. Quelques cases donc qui sont une véritable claque et dans lesquels le sens de l'album pourrait presque être condensé.

En lien avec la couleur du titre, avec les traces qui tachent le corps de Nicolas, Will Argunas utilise une palette bleuté. Bleu gris, noir, blanc souvent présents en gros aplats ne manquent pas de distiller une ambiance plus difficile que les dialogues le laissent penser. le malaise est déjà là. Et on sent bien qu'une menace pèse sur le petit garçon. Les angles de vue sont variés (plongée, contre-plongée) et dynamisent le récit.

Avec son approche résolument différente mais tout aussi forte d'un sujet difficile comme la maltraitance des enfants, Will Argunas a livré un récit profondément humain qui évite tous les écueils du pathos, du voyeurisme, du misérabilisme. La voix de l'enfant qui prime ici donne un ton contrasté avec l'atmosphère ambiguë qui sourde en arrière-plan et redonne surtout la parole à ceux qui peinent à exprimer leur souffrance, leur incompréhension devant les actes parfois inconséquents des adultes.
Bleu(s) est sans conteste un récit engagé sur le sujet qui, de plus, souligne l'importance de l'amour et de l'écoute familiale pour la structure et l'évolution des enfants.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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