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Critique de Bouvy


Dysséry est une belle jeune femme. Elle est promise en mariage à un riche artisan, du double de son âge. Elle a joué une pièce de théâtre en amateur or cet art est réservé aux hommes, les femmes actrices sont considérées comme des catins. Elle choisit la mort pour échapper au mariage forcé. Elle voyage alors au pays des ombres et rencontre toutes sortes de personnages morts-vivants. Guidée par un démon incube subjugué par sa beauté, elle rejoint la capitale de l'enfer et se fait embaucher comme actrice dans un théâtre de mangeur d'âme. Mais Phorcée, son époux, tenace et il faut l'avouer, amoureux fou de sa jeune épouse qui s'est suicidée avant que la nuit de noce ne soit consommée, trouve le moyen d'entrer en enfer pour ramener sa bien-aimée dans le monde des vivants. ...
Un monde imaginaire, des dessins merveilleux, des personnages nés d'une imagination sans limite font de cette bande dessinée un petit chef-d'oeuvre de graphisme. Même si parfois, l'oeil se perd tant les illustrations sont riches, à la limite du baroque. C'est assez étonnant, nous passons d'une case qui est presque une estampe japonaise à la case suivante pleine de détails. Il faut prendre son temps en lisant d'admirer les dessins. Un trait empli de charme.
Le scénario n'est pas en reste, il vous conduit sur la voie du symbolisme, de l'ésotérisme. Les dialogues sonnent juste et percutent. Etonnamment, tout se déroule avec douceur, même la mort de l'héroïne. C'est un conte moderne, qui, par la douceur, met en avant toute la violence des convictions religieuses. Celles qui décident que les femmes sont des êtres fragiles, qui n'ont aucun respect d'elle-même si elles ne sont pas dressées par les hommes, par leur époux. Ici, ceux-ci ont les pleins pouvoirs. Les femmes, au nom de la religion et des croyances de leur peuple ne peuvent qu'être soumises. Nous sommes donc dans l'actualité. Femmes voilées, femmes soumises, femmes au foyer, femmes objets, êtres inférieurs qui sont à l'origine de tous les maux du monde, de toutes les tentations, êtres pervers qui, livrés à eux-mêmes, sont néfaste pour l'équilibre de la société. Mariées de forces, soumises à la volonté des époux et du pouvoir religieux pour que leur vie ne soit pas le chao. Le message de cette histoire est fort. Et c'est en traversant l'enfer que Dysséry va conquérir sa liberté de femme. Elle trouve la voie de l'indépendance. La fin est surprenante, une belle conclusion que je ne vais pas vous révéler ici mais l'amour est plus fort que les croyances. Vraiment un beau livre qui ne peut que vous émouvoir.

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