AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Byzance, son histoire, sa culture et sa littérature restent en très grande partie méconnues. Quelques images somptueuses ou décadentes, quelques rares noms, constituent à peu près la seule trace qu'elle ait laissée. Un monde entier à découvrir. Et l'édition de l'Akrite publié par Anacharsis permet d'un peu d'en avoir un aperçu. le texte lui-même est précédé d'une présentation du poème, mais aussi d'une synthèse de l'histoire, fournit quelques éléments sur la littérature, la langue, la civilisation. Une introduction fort utile, et intéressante, faite par Paolo Odorico, qui a traduit le poème, et rédigé les notes, souvent bienvenues pour mieux comprendre le texte.

Comme la plupart des épopées, la question de la genèse se pose. Paolo Odorico fait l'état des lieux des recherches et tranche pour une création du texte au XIIe siècle, à partir de chants populaires, développés dans la région et dont certaines versions ont subsisté au XXe siècle. Une version originale perdue aurait existé, il reste actuellement plusieurs versions, toutes un peu différentes, qui en auraient découlé. le texte était très célèbre, il a connu des adaptations, dont une russe donné dans le livre. Digénis Akritas était un personnage emblématique, connu de tous. Une bonne façon de se familiariser avec l'univers byzantin.

Le texte est en quelque sorte divisé en deux parties : l'histoire des parents de Digénis, puis la sienne propre. Un émir arabe faisant une razzia, capture une noble jeune fille byzantine. La mère de cette dernière adjoint à ses fils d'aller libérer leurs soeur, qui vont jusqu'au camp de l'émir pour le provoquer en duel. le plus jeune des frères défait l'ennemi, qui plutôt que de renoncer à la jeune fille préfère se faire chrétien et l'épouser. de leur union naît Digénis, le héros de notre épopée.

Evidemment, dès son plus jeune âge, il manifeste des dons exceptionnels. Tout jeune, il veut participer à la chasse aux animaux les plus dangereux qu'il vainc sans aucun problème. Puis il va trouver les apélates (sortes de mi-brigands, mi-soldats) car il veut faire partie de leur groupe. Enfin, il enlève la fille d'un puissant stratège, et défait son père et son armée. Il va mener avec son épouse une sorte de vie errante aux confins des frontières de l'Asie mineure, en combattant qui se présente, apélates, amazones ou dragons. Il finit par se bâtir une merveilleuse demeure, mais la mort qui frappe tous les être humains vient frapper à sa porte alors qu'il est dans la force de l'âge.

Un étrange texte, très différents des épopées médiévales françaises, d'une époque proche. Un côté épique existe, mais il y aussi des liens avec les romans, historiques ou amoureux. Et le côté un peu décousu de l'ensemble frappe aussi, les différentes parties pouvant être presque indépendantes. L'idéal byzantin du hérosest très différent, enlever une fille semble être un passage obligé de tout personnage qui se respecte. Et on est complètement en dehors de toute vraisemblance, quelle que soit la quantité d'adversaires que Digénis affronte (des milliers) ils n'ont aucune chance contre lui seul. C'est vraiment un objet curieux, mais très intéressant, et le texte est vraiment beau, même si je ne suis pas sûre que la traduction soit la meilleure possible, peut être à tort.

Un aperçu d'autant plus intéressant, que le livre est complété par le texte russe, très différent (avec beaucoup plus de contenu religieux), et le Chant d'Armouris conservé aussi bien en manuscrit que sous la forme de chants oraux. Ce dernier texte est littérairement très différent, beaucoup plus ramassé, les événements sont condensés, alors que dans l'Akrite tout est infiniment plus développé, avec beaucoup de détails, des procédés de répétitions…

Une bonne façon de s'initier à la littérature et culture byzantine, que j'aimerais bien poursuivre, mais peu de textes sont disponibles.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}