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Critique de Dixie39


Il y a ceux qui, sur le quai, regardent partir les bateaux, le sourire aux lèvres avec, au creux du ventre, l’euphorie du départ, des envies d’ailleurs plein les yeux.
Il y a ceux qui reviennent sans cesse, au bord de la jetée, sur le sable, sur le quai, au pied des falaises ou au port, indécis. Éternels regrets d’un départ illusoire.
Et il y a ceux et celles qui savent l’exaltation fulgurante de cette liberté immense et cette main de fer qui enserre et tord les tripes.
Juste avant...

« C'est dans un regard
Que l'on sait le voyage qui a construit une âme.
Quelle terre fut traversée, quel lointain fut embrassé.
Elle était en un ailleurs qui à présent se vit en elle.
Son récit est toujours singulier.
Devant un mot elle s'arrête soudain,
Là, où coule cette rivière dont elle connait la source.
On se remet au monde et on découvre sa place.
On voit les boutures rapportées de son périple
Prendre vigueur et hardiesse sauvage.
On goûte le moment d'un autre retour
Et on s'étonne de son inconnue saveur.
C'est au présent, en sa mémoire, qu'il convient d'offrir cet espace. »

Plutôt Ulysse que Noé ? Plutôt vagues et embruns que terres et poussières ? Peu importe.

«Toutes les mers bercent nos vies.»

Se coltiner les éléments, vivre sans garde-fous ni remparts, tendus vers l’inéluctable Ynys Avallach, île du temps du bout du monde, dont on ne sait pas très bien, si c’est de lumière ou ténèbres, que naitra la vie éternelle.

Charrier les misères et les blessures : le prix du sang dans les tranchées. Et la vie, aussi, qui lacère et parchemine, quand on pense qu'à une seule chose : sauver sa peau ! « l'évidente crasse de notre cécité »

« Sur la terre, plus rien de ma chair,
à part peut être... entre mes dents. »

D'un revers de main, envoyer tout valser. Rire ! Rire à en crever !
Et dans toute la merde du monde, ouvrir une brèche pour continuer à rêver.

« Trancher d'un coup sec les lacets du monde
au corsage noir des jours
et plonger l'œil de ses mains
dans l'échancrure troublante de l'écume
si blanche dessous ses charmes
et qui offre son cul à tous les sables. »

Alors...

Étaler l’enduit. Combler ou accentuer les fissures. Se coltiner la matière. Pioche et burin. Les doigts en sang. Savoir pourtant. Le calcaire au creux des crevasses. Broyer les pigments, souffler la poussière colorée. Écraser le fusain. Rage et Irrévérence. Foirer ses mélanges et regarder naître la craquelure. Renoncer au vernis. Pendre les croûtes et jeter les reflets d'âme à la mer.
Vivre et vieillir. Sans jamais grandir...
Lucide.

Et entendre, à l'aube, crisser sur le papier, la plume d'Astrid Shriqui Garain.
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