AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ambages


Qui était-elle ? Une ombre pourpre. Où vivait-elle ? Trop près de moi. Je ressens un manque parce qu'elle ne me raconte plus rien. J'ai tourné la presque dernière page, le coeur en attente, de vie-de mort. D'une charnelle écoute mon oreille sentait qu'elle bruissait de son âme, seule survivante d'un corps dédié à l'enfantement. C'est beau ce mot, enfantement. On dit que c'est un heureux évènement et pourtant je lisais une « mise bas » Que pouvait-il en être d'autre ? Femme utérus, rabaissée, mise si bas qu'elle ne s'appartient plus, que l'enfant ne lui appartiendra également pas. J'ai décidé de faire une petite promenade pour souffler, respirer. J'ai encore deux minutes. Quelques rues, quelques magasins et je les ai vues, ses compagnes de route qui déambulaient deux par deux avec leur panier d'osier et leurs bons de retrait. J'ai vu des fantômes écarlates, je n'ai jamais vu leurs yeux. Je me suis sentie étrangère dans un monde qui me rappelait d'autres temps, d'autres lieux et je concevais ce canevas. Comme il avait été facile à ces messieurs d'organiser cette société. Tout était en place, il suffisait d'invoquer les vieux démons, les vielles craintes pour modeler notre existence dans ce monde qui sentait déjà la charogne, la peste radioactive et la chrétienté. J'avais pris les devants, c'était trop évident ce qui allait nous arriver. L'envie d'avoir un enfant c'est aussi l'envie de ne pas en avoir, pour lui. Alors j'étais devenue stérile, volontairement. Moi aussi, je reproduisais un schéma déjà connu. Mais je dois vous laisser, c'était mon dernier écrit. Je me dirige vers le Centre. Je voulais une dernière fois voir du rouge, sans voir rouge car il est trop tard pour cela. Oui Monsieur l'Oeil, j'ai mon ticket, je suis prête. Un rebut, une rognure, un déchet inutile. Je vais nettoyer vos merdes, y laisser ma peau. Un « bas-fond » pour une « mise bas », j'en rirais presque. Mais un jour, vous aussi vous lirez ce livre et vous rougirez, de honte.
Commenter  J’apprécie          508



Ont apprécié cette critique (50)voir plus




{* *}