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Critique de Clelie22


Sanditon est le dernier roman de Jane Austen. Il est resté inachevé du fait de son décès mais d'autres, comme Juliette Shapiro, ont tenté de lui donner une fin. Alors... que vaut cette fin ? Est-elle à la hauteur ?

Avant d'y répondre, résumons l'histoire.
Mr Parker, bouillonnant entrepreneur de la station balnéaire de Sanditon, échoue par accident chez Mr Heywood et, en reconnaissance des bons soins de toute la famille, invite l'aînée des filles, Charlotte, à venir séjourner chez eux à Sanditon. La jeune fille y fait la connaissance de toute une galerie de personnages hauts en couleurs sur lesquels elle peut exercer son sens de l'observation : Lady Denham et sa ribambelle de neveux et nièces avides d'héritage, les pensionnaires de Mrs Griffith, les frères et soeurs de Mr Parker... Dégoûtée par la veulerie du vicieux Sir Edward Denham, sera-t-elle plus sensible au beau Sidney Parker ?

C'est ce que nous ne saurons pas si on s'en tient aux 11 premiers chapitres écrits par Jane Austen. En effet, on n'a à peine le temps de commencer à faire connaissance avec Charlotte et Sidney ne fait qu'une brève apparition.

Tout le "suspens" d'un roman de Jane Austen repose rarement sur qui va se marier avec qui mais plutôt sur comment les deux qu'on voit destinés à finir ensemble vont bien pouvoir connaître leur "happy ever after" malgré les obstacles sociaux ou psychologiques qui se dressent entre eux. Surtout, ce qui fait la saveur d'un roman de Jane Austen, outre ses histoires d'amour inoubliables, c'est sa manière de dépeindre les personnages, en particulier les personnages secondaires, avec tous leurs travers et leurs ridicules et son style empreint d'une ironie d'autant plus mordante qu'elle est fine et subtile. Les premiers chapitres sont un régal à cet égard. Jane Austen se livre à un jeu de massacre feutré et réjouissant sur les stations balnéaires et les hypocondriaques. Un sujet d'autant plus troublant que l'écriture de ce roman fut justement interrompue par la maladie de l'auteur.

Je n'ai rien retrouvé de ce que j'aime chez Jane Austen dans la suite proposée par Juliette Shapiro. Au bout de 2 chapitres, elle fait surgir une demande en mariage complètement artificielle suivie d'obstacles en mousse. Rien ne nous permet de mieux connaître et apprécier les deux héros car l'un disparaît de la scène tandis que l'autre stagne dans des sentiments de regrets qui semblent sortis de nulle part. Pour compenser l'indigence de l'histoire sentimentale, Juliette Shapiro intègre d'autres personnages et d'autres histoires d'amour mais que j'ai trouvées sans intérêt. J'ai regretté par ailleurs qu'elle sous-exploite le personnage d'Edward Denham et l'étrange scène que Charlotte avait surprise entre lui et Clara Beresford. Enfin, elle termine par une sorte de panégyrique dégoulinant de Sanditon assez éloigné, je pense de ce que l'ironique Jane Austen devait avoir en tête.

En résumé : un début prometteur, assaisonné d'une ironie redoutable mais complété par une deuxième partie sans grande originalité ni intérêt, à peu près inutile. Pour une soi-disant spécialiste de Jane Austen, Juliette Shapiro m'a semblé à côté de la plaque dans la suite qu'elle propose.
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