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Critique de meeva


Cette année, retour de l'enseignement « moral et civique » dans les collèges.
Régulièrement, nous nous demandons comment transformer les potentiels monstres que nous engendrons en êtres moraux et raisonnables.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
A coup de leçons, de chartes, de codes, de règlements, de punitions…



En un temps où l'écrit n'existait pas au Mali (ou peu), les traditions, la morale, la sagesse étaient transmises oralement, par l'intermédiaire des contes.

« Conte, conté, à conter…
Es-tu véridique ?
Pour les bambins qui s'ébattent au clair de lune, mon conte est une histoire fantastique.
Pour les fileuses de coton pendant les longues nuits de la saison froide, mon récit est un passe-temps délectable.
Pour les mentons velus et les talons rugueux, c'est une véritable révélation.
Je suis à la fois futile, utile et instructeur… »


Inutile d'aller faire une explication de texte à des enfants, ou des plus grands, qui ne seront ni intéressés, ni attentifs, chacun y puise ce qu'il est capable de comprendre.

C'est une forme de transmission des savoirs par l'expérience, que l'on veut bien s'approprier si l'on adhère suffisamment à l'histoire, si l'on peut s'identifier aux personnages, même, ou surtout, quand il s'agit de bêtes.


Mettant souvent des animaux en scène, très personnifiés, notre culture (la mienne du moins) fait résonner en nous les fables de la Fontaine. Mais là encore, c'est très différent ici, pas besoin de « morale » à la fin, la compréhension du message est laissée libre au lecteur (à l'auditeur normalement).
L'idée de laisser les enfants, les gens, responsables de ce qu'ils comprennent et de ce qu'ils pensent me plait bien.


Chez les Peuls, il est (ou il était) impensable de formuler une critique envers quelqu'un, ces contes sont donc aussi manière à inciter à prendre conscience de ses défauts, sans vexer personne.
De fait, l'humour et la dérision sont très souvent présents dans ces histoires.


Et comme « nul ne peut voir tout seul le sommet de son crâne », je vous invite à découvrir cette culture si vous ne la connaissez pas.





Tiens, pour le petit air, La Fontaine détourné…

« […]
Car...
Si Maître corbeau sur son arbre perché voulait partager son fromage

Mais le corbeau radin n'a rien donné, rien lâché et le renard la faim au ventre
lui a arraché,
Oh trêve de volatile passons aux choses humaines car j'ai de la peine de voir
La petite sur son trottoir, la crasse au nez, dans les rues de Tanger
Alors que juste en face dans un resto le touriste joue l'ignorant gavé d'argent
bien au chaud sur cette partie du continent
Quand cesserons nous de nous plaindre quand cesserons nous de geindre
pour des billets, l'homme n'est pas fait pour travailler
On le crie haut sur un micro une écoutille dans une société qui pousse
à moderniser et quand l'outil sera bien électroniqué... l'outil sera bon à jeter...

Car...
Si Maître corbeau sur son arbre perché voulait partager son fromage
[…] »

Extrait de « Maître corbeau », La rue Ketanou :
https://www.youtube.com/watch?v=JSD5RS1HdzU&list=RDoVhzXTbyVSk&index=23
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