AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de hcamus


Quel périple que celui de Maria dans ce premier roman de Jelena Bacic Alimpic, agréablement traduit du serbo-croate par Alain Cappon !

Une vie dantesque qui commence pourtant dans la beauté du printemps parisien où la toute jeune Maria Romanovska découvre la folie de l'amour dans les bras du jeune Viktor Fiodorov, Ce jeune émigré russe a gagné la confiance de toute la famille du Général Romanovski, ex-garde blanc de la Russie impériale ayant dû fuir à Paris pour cause de purge stalinienne. Ce printemps parisien sera le dernier de Maria, qui dès son retour en Russie organisé par son propre frère, sera déportée dans un Goulag aux confins de la Sibérie, cette immensité blanche et glacée où les murs sont inutiles tant il est impossible de survivre dans cette taïga hostile, plus meurtrière que les armes des gardiens. Travail forcé, humiliations, épuisement, malnutrition, brimades perpétuelles, et pire encore, seront le quotidien de celle qui s'appelle désormais Maria Koltchak.

Ce quotidien nous le découvrirons en même temps qu'Olga Lachaise, jeune journaliste dépêchée par l'hebdomadaire le Point, pour enquêter sur la vie de cette vieille femme russe, internée en psychiatrie à Toulon depuis près de trente ans ! Olga elle-même n'a pas eu une enfance facile, placée dans un orphelinat parisien, jusqu'à ce qu'un professeur de musique la repère pour son talent brut de pianiste et l'adopte. Olga connaît alors une jeunesse heureuse de concertiste de talent, jusqu'à ce que son père adoptif décède. Elle se marie pourtant et connaît le bonheur d'être mère, tout en se désolant de la distance dans laquelle la tient le père de son fils.

Voilà bien des éléments classiques, qui frisent le mélodrame, s'il n'y avait cette histoire qui se déroule sur les dix jours où Olga va devoir enquêter sur Maria Kolktchak au sanatorium de Toulon et nous plonger avec elle dans le récit de la vie dans ces camps de concentration russes, où Staline a réussi à faire disparaître près de 20 millions de personnes, tous prétextes confondus. Nous revivons ainsi aux côté de Maria qui raconte, jour après jour, ces temps de délation organisée et de terreur qui broyèrent définitivement des vies sans autre justification que la paranoïa du “Petit père des peuples”.

Nous sommes emportés dans les péripéties de la vie de Maria, revenue à Moscou après la mort de Staline, et pour terribles qu'elles soient, elles ne manquent pas de nous happer, nous laissant hébétés devant la description de la sauvagerie humaine, de la félonie qui prévaut quand la soif de pouvoir s'en mêle. le récit de la quête insensée de Maria pour retrouver sa fille née au Goulag, puis enlevée après une petite année ensemble au camp, provoque chez le lecteur des sentiments qui sont à la mesure de cette vie marquée par la trahison et l'espoir.

Ce premier roman traduit en français est un moment de lecture passionnant et révélateur de cette période sombre de l'histoire de l'URSS, sous le sceau de la barbarie stalinienne.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
Commenter  J’apprécie          00







{* *}