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Critique de urbanbike


Bouquin assez pudique avec quatre tranches de vraie vie. Rien à voir avec des aventures factices, scénarisées à la koh-lanta… Si, un seul point : ironie grinçante de l'histoire, la dernière mouture (je l'ai découvert en écrivant ce billet) se déroule au Vietnam…

Tout le monde a encore en mémoire — je parle pour les plus vieux…! — le Vietnam des années soixante, le départ en catastrophe des derniers hélicoptères américains de Saïgon juste avant l'arrivée des troupes de libération. On se souvient toujours des images fortes de ces gamins à moitiés nus après un bombardement au napalm. On oublie trop souvent ce qui se déroula après le retrait dans la hâte des troupes américaines.

Voici quatre petites histoires illustrées qui jettent un coup de projecteur tant sur l'occupation Japonaise que sur la période post-guerre du Vietnam ou occupation française, expliquant du coup pourquoi on trouve une communauté aussi forte et soudée en dehors de ce pays.

C'est l'occasion de rappeler que si ce pays est devenu ces dernières années une destination touristique prisée pour sa fameuse baie d'Halong, il s'est joué des drames individuels terribles que l'opinion européenne n'a pas toujours compris.

Certes, quelques intellectuels ont milité pour venir en aide aux boat-poeple mais sans trop savoir quelle était le nombre réel de personnes qui cherchaient à fuir le nouveau régime en place à Hanoï…

Sans remettre de l'huile sur le feu, cette bande dessinée est un moyen assez efficace de revenir sur les trajectoires de Viet Kieu, les membres de la diaspora vietnamienne… Des trajectoires à des époques différentes remplissent ce premier volume.

Pour ma part, j'ai été sensibilisé bien après coup en discutant peu à peu avec un garçon que j'avais embauché comme graphiste. Comme nombre de réfugiés, ce n'était pas simple de parler de ce qu'il avait vécu avec sa famille. Dans l'épopée de ce jeune gars, je retiens principalement l'image formidable de sa mère que j'ai rencontré et qui leur a permis de s'en tirer. Car pour se sortir de cette situation, il lui a fallu avant tout beaucoup de ténacité pour fuir enfin en bateau avec ses mômes.

Par contre, je pense qu'il est très difficile de (se) raconter quand on a vécu une telle situation. Trop de pièces du puzzle restent incompréhensibles voire imperméables à ceux qui étaient en dehors.

Comment expliquer la propagande, la faim, les tentatives de départ avortées, les amis qui ont échoué et qui en sont morts, la peur de la dénonciation, la morgue et le cynisme des passeurs, la fragilité des embarcations, les jours de dérive, la soif, la peur plus que légitime des pirates, l'interception par les navires militaires et l'entassement dans des camps. Puis, enfin, l'arrivée en France avec tout à reconstruire.

Même incapacité/refus/non désir de raconter ces épreuves que les survivants des camps à leur retour de captivité en 45. le passage par la bande dessinée est une manière assez belle de brosser ces trajectoires individuelles ou collectives. À chacun selon sa sensibilité de remplir les espaces, les non-dits et d'imaginer l'inimaginable.

Bref, quatre petites histoires bouleversantes. À faire lire par ceux qui n'ont qu'une assez vaque idée du monde de ces années là…

Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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