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Critique de Nodamin


chapitre 1 « le talisman »

C'est long. On s'éternise sur des scènes chargées de dialogues emphatiques, dont le niveau d'érudition pour en saisir tout le sens est très loin du mien. Ce niveau de langage m'écrase et je me sens ignare devant ce flot d'éléments qui m'échappent. Bilan, mon esprit s'égare souvent, au risque de rater des passages clés de l'histoire… Passages noyés sous ces pesants étalages, parfois pédants ou moralisateurs, où l'auteur par ses personnages qui discourent de manière si savante mais si peu naturelle, déverse à la louche l'étendue de ses connaissances sur le pauvre lecteur étouffé. A trop vouloir en faire, il s'y perd d'ailleurs parfois lui-même comme le démontrent certaines notes.

Le système de note en bas de page est du reste le bienvenu, pour tenter d'éclairer le bête lecteur béotien. Mais sa fréquence et sa quantité, en font, malgré sa nécessité, une digression de plus dont on se serait bien passé si le texte avait été directement plus accessible.

Je concède tout de même que la question du contexte doit aussi beaucoup jouer, le lecteur de l'époque ayant plus de repères que celui d'aujourd'hui. Il n'empêche que ce procédé d'écriture ampoulé et artificiel me déplait, voire pire, m'ennuie.
J'apprécie cependant les quelques allusions à la musique et particulièrement l'opéra, notamment lors de la scène du diner, avec quelques parallèles bienvenus.

Ceci-dit, ce n'est là qu'un petit tiers du roman. Et dans l'intrigue, j'ai l'impression que nous avons à peine dépassé le seuil de l'introduction. Alors même si le style me lasse, peut-être que l'histoire saura me captiver. du nerf, allons lire la suite. C'est un cadeau, j'irai jusqu'au bout. Et puis, je ne peux qu'en être surprise en bien, à présent ! Enfin, le mot préfacé à la main par mon amoureux me motive plus que tout autre appât !

chapitre 2 « la femme sans coeur »

Non mais j'exige la tête de l'auteur des annotations, raconter de manière aussi peu subtile des évènements aussi primordiaux à venir par la suite, sans préavis, où est l'intérêt ! Surtout celle sur le futur de Pauline et son incidence sur Raphaël tiens, ça m'a scié ça.
Bref, j'ai bien fait de poursuivre, plutôt heureuse surprise que ce deuxième chapitre donc, je me suis sentie beaucoup plus impliquée dans l'histoire. J'ai trouvé la ligne plus agréable et captivante à suivre. Peut-être me suis-je faite au style ou vais-je à l'essentiel en ne cherchant pas forcément à décrypter tout ce que je ne saisis pas, peut-être aussi que pour faire avancer l'histoire l'auteur va un peu plus vite et s'attarde moins sur de longues descriptions et dialogues métaphysiques…

Quoi qu'il en soit, je ne m'attendais pas à ce que ce deuxième tiers soit un flash-back intégral de la vie de Raphaël avant la première partie, par l'intermédiaire de son récit à Emile. du coup, notre peau éponyme est toujours perdue de vue, mais ce développement détaillé des mésaventures passées du héros déroule une belle toile pour une utilisation future.

Autre point, ce roman est centré sur l'argent, soit, son manque, son besoin, mais quand cela vire à l'obsession, ce retour quasi-systématique au sujet même (et surtout) à propos des passions du héros met mal à l'aise.

Et parlons des deux femmes. Leur personnalité opposée est peut-être un peu trop poussé à l'extrême (même s'il en ressort un intéressant jeu de contrastes dans plusieurs de leurs façons de faire), mais le caractère de Foedora est passionnant. Celui de Pauline est un peu moins développé pour le moment, bien qu'elle semble plus classique dans le genre douce-fillette-adorable-et-dévouée. On sent qu'on veut faire d'elle un idéal féminin. Cela ne m'empêche pas de la trouver attachante, c'est depuis son apparition que la lectrice coeur d'artichaut que je suis ne veut plus que Raphaël meure. Avant, cela m'était bien égal à vrai dire, ne trouvant pas le personnage en lui-même des plus attrayants (encore moins depuis qu'il refuse de s'en éprendre parce qu'elle est pauvre ceci-dit, bref).

chapitre 3 « l'agonie »

Et c'est finalement touchée et émue que je repose ce livre à présent achevé. J'ai été absorbée par le lyrisme tragique de l'ultime scène, un final magnifiquement pathétique digne d'un opéra. Prévisibles pourtant, j'ai lu ces dernières pages la gorge nouée, les yeux peut-être même humides, tant les errements de Raphaël et le désespoir de Pauline faisaient peine à voir. Pauline…cette façon dont on la fait oublier durant de longs passages, pour que son retour aux côtés de son mari n'en soit que plus tragique, très réussi. Quant au héros, il n'arrive décidément pas à être attachant auprès de moi, mais Elle, y parvient à merveille. Certes elle a toujours ce côté "charmante-ingénue" agaçant, mais l'amour et le dévouement qu'elle porte à Raphaël me font fondre, et elle ne méritait pas de finir ainsi. Pourtant, ces quelques lignes d'épilogue à son sujet sont tellement extraordinaires, avec ce côté nébuleux augmentant la confusion et le drame…

Toute cette troisième et dernière partie se déroule lorsque Raphaël est riche et marquis. Il a conscience que la peau est à l'origine de la réalisation de ses souhaits et que ceux-ci réduisent sa vie en proportion. Pour éviter d'échapper tout voeu indésirable, il vit reclus, se morfondant, malheureux, dans un état d'esprit au final pire que lorsqu'il était sans le sou : avant obnubilé par le besoin d'argent, maintenant par celui de continuer à vivre. Ce côté est de plus en plus obsessionnel, surtout après ses retrouvailles avec Pauline (rebondissement narratif "quelque peu" gâché par les dix ou quinze annotations préalables annonçant leur rencontre-union-fin tragique). Cette obsession croissante est bien montrée, avec sa manière de chercher par tous les moyens à allonger sa vie : tenter de faire étirer la peau, obtenir les meilleurs traitements de santé… Mais la fatalité vaincra cher monsieur, navrée.

Bref, un livre dont ce n'est pas tant l'intrigue qui compte, mais la manière dont les protagonistes (et la peau, "personnage" le plus influant d'ailleurs) gravitent autours du personnage central, agissent sur son état d'esprit, et où le héros lui-même n'a rien de séduisant. Son histoire a beau être mélodramatique, on ne parvient pas vraiment à le plaindre, et serait même soulagé que sa vie s'achève si seulement Pauline n'avait pas été à ses côtés. Oui, le tragique des situations, aussi bien dans la deuxième que la troisième partie, se crée par la présence des femmes qui entourent ce bien malheureux héros.
Conclusion, j'ai bien fait d'aller au-delà de ce premier chapitre à la lecture très pénible, voici un livre marquant au final, et par son final.

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