AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome fait suite à Nexus omnibus 3 (épisodes 26 à 39). Il comprend les épisodes 40 à 52, et se termine avec le premier épisode de la minisérie "Next Nexus". Ces épisodes sont initialement parus en 1988/1989. Tous les scénarios sont de Mike Baron. Il faut absolument avoir commencé la série avec le premier tome. Steve Rude dessine les épisodes 40 à 42 (encrés par John Nyberg), 45 à 48 (encrés par Nyberg), 50 et "Next Nexus" 1 (ces 2 derniers encrés par Rude), soit 9 numéros sur 14. Paul Smith dessine les autres épisodes. Il s'encre lui-même sur les numéros 43 & 44. Ses dessins sont encrés par John Nyberg pour les numéros 49, 51 et 52.

Dans les épisodes 40, 41 et 43, Horatio Hellpop accomplit des exécutions assignées par le Merk. Par la suite (épisodes 44 à 50), il entreprend un nouveau périple dans le monde en forme de bol (Bowl shaped world), en compagnie de Judah Maccabee et Badger, pour essayer de convaincre Ashram de neutraliser le trou noir qui menace d'engloutir la Voie Lactée. Pendant ce temps, les 3 filles du général Loomis Michana, Lonnie et Stacy poursuivent leur quête de pouvoir, pour se venger de Nexus qui a tué leur père. Ursula XX Imada (avec ses 2 fills Sheena et Scarlett) doit faire des choix délicat pour leur avenir, en fonction de l'évolution du contexte politique. Tyrone se représente aux élections de président d'Ylum, mais il doit faire face à des candidats maîtrisant parfaitement les ficelles des campagnes présidentielles. Kreed est pourchassé par 2 assassins Gucci employés par Mars pour l'arrêter suite aux crimes qu'il a commis. Mezzrow et son groupe remportent le succès avec leur premier tube, et ils partent en tournée dans le système solaire alors que le trou noir est près de tout avaler. Nexus et Judah ont bien du mal à juguler les facéties de Badger (Norbert Sykes).

Comme le mentionne Stan Fredo, ce tome de Nexus agrippe tout de suite le lecteur pour des histoires palpitantes. Les premiers épisodes se concentrent sur des exécutions de tueur en masse, décrétées par le Merk. La qualité d'écriture de Mike Baron ressort mieux dans ces histoires courtes. Sans jouer avec le sensationnalisme, Baron sait faire ressortir l'horreur des actes commis par ces criminels. Ces derniers ne sont pas dépeints comme des meurtriers sanguinaires assoiffés de sang, mais comme des êtres humains normaux, voire attachants. En refusant un manichéisme simpliste, Baron rend d'autant plus ardue la tâche de bourreau effectuée par Nexus, voire la rend ambiguë. En effet, il ne fait pas de doute que ces individus doivent être châtiés, mais aussi qu'ils méritent un procès en bonne et due forme. Or Hellpop est dans la position où il doit réaliser son exécution uniquement à partir de la décision arbitraire d'un extraterrestre. Il reste donc une place pour le doute. En outre, Baron arrive à chaque fois à se renouveler, et même à composer une comédie bien noire pour la triple exécution de l'épisode 41.

Pour la suite, Mike Baron tire pleinement profit de tout le temps passé (dans les tomes précédents) à développer l'univers de Nexus, et les personnages qui gravitent autour de lui. Alors que précédemment le lecteur pouvait éprouver l'impression que le récit ralentissait dans des méandres d'intrigues secondaires innombrables, ici il constate que le récit se concentre sur un danger principal (le trou noir) présent depuis plus de 20 épisodes. Cela ne veut pas dire que les intrigues se terminent (loin s'en faut puisque la série originale compte plus de 80 épisodes), mais que l'enjeu est clairement identifié et qu'il bénéficie d'une résolution satisfaisante.

Si le lecteur attentif avait pu déjà identifier l'individu / entité qui apporterait une solution au trou noir, Mike Baron mène sa narration de manière originale et inattendue, mêlant piraterie et pitreries (celle de Badger), entrecoupée par l'évolution de la situation sur Ylum. D'un côté, Hellpop et Maccabee se montrent héroïques en étant prêt à mettre leur vie en jeu pour sauver le système solaire ; de l'autre ils voyagent sous un soleil clément, à bord d'un magnifique vaisseau, en canalisant de manière bienveillante les débordements de Badger.

Steve Rude apporte à nouveau son regard détendu et stylé sur ces aventures. Les personnages sont élégants. Ils n'hésitent pas à sourire. Les décors bénéficient d'un soin particulier, sans être surchargés. Steve Rude a le chic et un goût très sûr pour composer des décors à l'apparence délicatement rétro, avec des objets très spécifiques, parfois complétés par une faune et une flore délicates. le lecteur n'éprouve jamais la sensation de se promener dans un décor en carton-pâte, encore moins que les personnages évoluent devant une toile grossièrement peinte. Si le scénario de Baron est assez solide pour porter la narration, les dessins de Rude lui apportent une autre dimension. Il y a à la fois un aspect intemporel influencé par Russ Manning (Magnus, robot fighter), légèrement suranné. Mais il y a aussi une réelle inventivité, teinté d'une discrète loufoquerie (mais d'où Badger tire-t-il cette raquette de tennis qu'il utilise contre les pirates ?).

Rude apporte également une touche de vitalité étonnante aux personnages. En particulier, Mezzrow est visiblement un individu optimiste de nature, gai, mais sans aucune once de niaiserie. Il est conscient du danger qu'il encoure, un peu exubérant dans ses gestes, enjoué, et constructif. Impossible de résister à sa bonne humeur et à son énergie. Par contraste, Kreed (un extraterrestre à 4 bras) apparaît de plus en plus grave, malgré sa morphologie relevant d'une science-fiction naïve et un peu enfantine. Rude réussit à faire transparaître sa résolution et son abnégation, malgré ces 4 bras aux articulations peu plausibles (les "épaules" des bras au milieu du tronc). À nouveau cette approche un peu lumineuse et épurée en apparence donne une ambiance inimitable à chaque planche. Si le lecteur est attentif, il pourra identifier de discrets hommages (en nombre très restreint), telle l'apparition (page 308) du capitaine Kirk & Spock (Star Trek), Magnus et A1, ou encore Jan, Jayce et Blip de la série Space Ghost (personnage conçu par Alex Toth).

De son côté, Paul Smith n'est pas capable de faire aussi bien que Steve Rude. Il arrive à respecter la conception graphique de chaque personnage et le style des décors, sans s'appliquer à dessiner à la manière de Rude. Ses dessins sont un peu moins élégants, mais un peu plus légers, ce qui évite une rupture de ton entre les 2 dessinateurs.

Pour apprécier ces épisodes à leur juste valeur, le lecteur doit absolument avoir commencé par le début, à savoir Nexus omnibus 1. Ce n'est qu'en étant conscient des différents enjeux, de l'historique relationnel entre les différents personnages, et des spécificités de cet univers, qu'il pourra saisir les nuances et l'importance de chaque action. Sinon, il découvrira un monde complexe, aux bizarreries inexplicables et dépourvues de sens, avec des personnages parfois graves, parfois loufoques, aux motivations peu claires, à l'intrigue hermétique (c'est ce qui m'était arrivé lors de ma première tentative de lecture de cette série). Sous réserve d'avoir commencé par le début, le lecteur ressentira cette lecture comme une forme de récompense, l'effort d'investissement dans la quarantaine d'épisodes précédents portant ses fruits.

-
- Chaque épisode (sauf les 44, 50, 52 et "Next Nexus" 1) est complété par une histoire en 8 pages consacrée à Judah Maccabee, toutes écrites par Roger Salick, sauf 1 par Mike Baron. Il s'agit donc de montrer Judah en action comme un aventurier grand, beau, fort, décontracté, toujours à l'aise. Ces histoires courtes sont indépendantes des histoires de Nexus. La première est très réussie, avec un ton sarcastique et moqueur à l'encontre de Judah pendant sa formation. Les suivantes retombent dans l'aventure au kilomètre, rapide (courte pagination oblige), mais trop premier degré. En examinant la liste de dessinateurs qui se succèdent sur ses courtes histoires, il est possible d'en reconnaître plusieurs qui ont bénéficié d'une belle carrière dans les comics : Ron Lim, Neil Hansen, Jim Balent, Angel Medina, Tom Dougherty, Chris Marrinan, Mike Harris, Shea Anton Pensa.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}