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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Nexus Omnibus Volume 4 (épisodes 40 à 52, et "Next Nexus" 1). Il comprend les épisodes 53 à 65, et "Next Nexus" 2 à 4, initialement parus en 1989/1990. Tous les scénarios des histoires de Nexus sont écrits par Mike Baron. Steve Rude a dessiné les épisodes 58 à 60, ainsi que les 3 épisodes de "Next Nexus", soit 6 épisodes sur les 16 que contient ce recueil. Il faut impérativement avoir commencé la lecture de cette série par le premier tome, car l'univers développé est très riche, et les rappels quasi inexistants (en particulier pour la femme et les filles d'Horatio Hellpop, ou pour les têtes volantes).

Au cours de cette année de parution, surviennent de nombreux événements. Tout commence avec le débat entre les différents candidats pour la présidence d'Ylum, Tyrone étant candidat à sa propre succession. Ylum doit repousser un assaut de Zeiffer Meird. Pendant ce temps, Horatio Hellpop (dépourvu de pouvoirs) essaye d'expier ses exécutions en montant une clinique sur Flatlandia. Les 3 filles du général Loomis (Michana, Lonnie, et Stacy avec son doudou) essayent d'effectuer les exécutions commanditées par le Merk.

Une fois le sort des filles Loomis réglé, le Merk fait placarder des avis indiquant qu'il recrute un nouveau Nexus. le candidat retenu s'appelle Stan Korivistky. Il doit s'accommoder de l'humeur cyclothymique du Merk. Il finit par se lancer à la recherche d'Horatio Hellpop pour en apprendre plus sur le Merk. Entretemps, Sundra Peale doit affronter le dernier démon vivant dans les grottes d'Ylum.

La lecture de ces 16 épisodes nécessite d'avoir lu les tomes précédents, sinon il y a fort à parier que bien des situations resteront muettes de sens. A contrario, le lecteur familier des tomes précédents aura l'excellente surprise de découvrir que tous les personnages et leur histoire lui reviennent en mémoire, sans aucun effort, grâce à leur forte personnalité graphique et à leur position sociale.

Au cours de ces 16 épisodes, Mike Baron s'affranchit de bien des contraintes inhérentes aux comics mensuels de superhéros et aux personnages récurrents. Pour commencer, Horatio Hellpop ne revêt pas une seule fois l'habit de Nexus. Il a abandonné sa fonction pour de bon. Stan Korivistky arrive après plusieurs candidats qui n'ont pas donné satisfaction et il évolue petit à petit pour s'adapter à ses nouvelles fonctions, faisant preuve de ressources intellectuelles et physiques, s'installant comme un Nexus légitime, peut-être même plus héroïque qu'Hellpop dans la mesure où il doit prouver son mérite.

Ensuite Baron, fait évoluer ses personnages sur le long terme, sans s'installer dans un statu quo confortable. Certes cette évolution ne concerne pas tous les personnages (surtout Horatio, Sundra et Stan), mais elle est réelle et irrévocable. Pour continuer, il brode avec habilité différents thèmes sur les aventures du Nexus : les managers véreux, la publicité envahissante et hors de proportion, la dichotomie inné / acquis, l'ultralibéralisme capitaliste (générant des produits défectueux, du fait de productions libérées de tout contrôle), le lobbysme pernicieux et insidieux sous forme de mécénat (de la part d'églises tendancieuses), sans oublier les thèmes principaux de la série que sont la vengeance, la justice et la rédemption.

Mike Baron ne transforme jamais son récit en pamphlet : il respecte la forme des comics d'aventure, avec un environnement de science-fiction, un extraterrestre incompréhensible mais qui ne se trompe jamais sur la culpabilité, des conflits avec des rayons lasers et des vaisseaux spatiaux, etc. Ces aventures comprennent un deuxième niveau de lecture, pas forcément très intellectuel, mais pertinent et facilement accessible. Cet aspect n'est si facile que ça à réaliser, et la tentative d'influence des pouvoirs religieux sur l'université d'Ylum est remarquable d'évidence pour un phénomène masqué et sournois.

Le lecteur prend également conscience (peut-être plus que dans les tomes précédents) de la richesse de l'univers créé par Mike Baron et Steve Rude, en particulier quand il regrette que certains personnages (à commencer par Mezzrow, mais aussi Sheena et Scarlett les filles d'Horatio) n'aient pas droit à plus de place, plus de pages. Tous les épisodes précédents ont permis de bâtir et de développer un environnement d'une richesse incroyable, duquel il serait possible de tirer plusieurs miniséries (que se passe-t-il pendant ce temps sur les mondes des têtes volantes ?).

La richesse de ce monde doit beaucoup au talent graphique de Steve Rude. La comparaison entre les épisodes qu'il dessine, et les autres (voir liste en fin du présent commentaire) permet de prendre conscience de l'étendue de son apport et de son caractère décisif dans la réussite de cette série. Non seulement, Steve Rude conçoit une apparence physique spécifique pour chaque personnage (et consistante d'un épisode à l'autre), mais en plus il réussit à faire paraître naturels des éléments qui semblent dépasser les compétences de ses collègues. Par exemple, il est le seul à réussir la crête de Dave et Judah Maccabee, les autres se vautrant en essayant de la rendre plus réaliste. Il est également le seul à avoir une vision claire et cohérente du style de décoration, à la fois fluide et élégant, avec un petit côté rétro rassurant. Par comparaison avec les autres dessinateurs, il est évident que ces derniers le copient sans atteindre la grâce de ses compositions, ou bien n'essaient même pas rendant les visuels moins intéressants et moins savoureux.

Du coup, le fait que Steve Rude n'ait dessiné que 6 épisodes sur 16 constitue une réelle déception, et coûte une étoile à ce tome. En outre, tous les développements de l'intrigue ne présentent pas le même degré d'intérêt.

En outre une dizaine de ces 16 épisodes sont complétés par une courte histoire de 6 pages mettant en scène Judah Maccabee, réalisée par des équipes différentes. Ces histoires sont au mieux divertissantes, sinon aussi vite oubliées que lues. Il est possible de reconnaître le nom de plusieurs artistes qui connaîtront par la suite une belle carrière, comme Pater David ou Steve Epting.

-
- Les différents dessinateurs, épisodes par épisode, (d) = dessinateur, (e) = encrage

Épisode 53 Paul Smith (d) + John Nyberg (e)
Épisode 54 Paul Smith (d) + John Nyberg (e)
Épisode 55 Paul Smith (d) + (e)
Épisode 56 Neil Hansen (d) + Bob Dvorak (e)
Épisode 57 Adam Hughes (d) + John Nyberg (e)
Épisode 58 Steve Rude (d) + (e)
Épisode 59 Steve Rude (d) + Steve Huston (e)
Épisode 60 Steve Rude (d) + (e)
Épisode 61 Greg Guler (d) + Mark McKenna (e)
Épisode 62 Greg Guler (d) + Tom Baxa (e)
Épisode 63 Greg Guler (d) + Tom Baxa (e)
Épisode 64 Tony Akins (d) + Steve Huston (e)
Épisode 65 Tony Akins (d) + Tom Baxa (e)

Épisodes 2 à 4 de "Next Nexus" : Steve Rude (d) + (e)
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