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Critique de ErnestLONDON


Lisbonne. Été 1968. Fernando Pais, médecin établi, ferme les yeux sur la réalité quotidienne de la dictature pour goûter à la douceur de vivre. À l'instar de l'illustration de couverture, il déambule devant le décor d'une ville omniprésente, ignorant les ombres qui ne font que l'effleurer. S'il a définitivement rompu avec les fréquentions de sa jeunesse militante dont on découvrira petit à petit les détails, ce passé refait surface et surtout ne s'efface pas. La rencontre fortuite avec João un enfant espiègle et révolté dont il prend la défense contre un agent en faction devant le siège de la PIDE, la police politique, où il est venu visiter un patient, va soudain le sortir de son indifférence et de son confort, le confronter à tout ce qu'il fuit, le contraindre à prendre parti.

Le climat de ces années de terreur est parfaitement bien rendu, par petites touches discrètes, des détails qui contribuent à imposer une ambiance : les guerres coloniales sont présentes en toile de fond, évocation de souvenirs de ceux qui ont « servi », soldats en permission, l'emprisonnement arbitraire pour s'être trouvé au mauvais moment au mauvais endroit, la surveillance permanente des moindres suspects et de tous leurs contacts, la défiance constante, l'habitude générale de discuter avec son voisin dans les transports en commun en mettant la main devant sa bouche pour éviter qu'on puisse lire sur ses lèvres, l'humour comme système de défense (les maçons n'ont pas seulement construit les plus beaux murs, ils les ont aussi équipé d'oreilles).
La réalité de la torture est évoquée par les réflexions des tortionnaires surprises par le docteur lors de sa visite quotidienne au siège de la PIDE, ou des « clients » qu'il lui arrive d'examiner, en passant.

Si l'amour constitue le moteur principal à ses engagements, plutôt que de réelles et profondes convictions politique, Fernando Pais est toutefois un personnage très complexe, loin d'être simplement un salaud qui devient un héros. Barral réussit une exploration fine et subtile, loin de tout manichéisme, des motivations de nos actions. Son traitement des clairs-obscurs, de la lumière tamisée par les feuillages, des ambiances nocturnes, des scènes du passé, est plutôt réussi et contribue à la tension dramatique.

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