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Critique de JulienDjeuks


Si la lecture de pièces de théâtre est souvent décriée, sorte de parent pauvre en comparaison d'une mise en scène, cet ouvrage d'un metteur en scène s'avère une expérience unique, plongée au coeur de la connexion entre le texte littéraire et l'action dramatique, regard artistique sur une pièce classique parmi les classiques du répertoire français mais cherchant sans cesse à en réactiver les subtilités et la beauté. Invitation à lire les textes dramatiques avec un autre oeil, celui du metteur en scène. Lire un texte de théâtre n'est plus seulement une vision incomplète de ce qu'est le théâtre, une étude du « texte », des dialogues, mais une interrogation sur ce qui dans un texte présente du dramatique, porter un regard de metteur en scène sur un texte, l'animer à la lecture. C'est ainsi redécouvrir le coeur de l'art dramatique, car le regard sur un spectacle ne sera que plus aiguisé par la confrontation avec une mise en scène intérieure. C'est également renouer avec les pratiques culturelles classiques et même antiques du théâtre, de l'opéra ou du ballet, dans lesquelles les thèmes et l'intrigue sont tout à fait connues à l'avance, ce qui permet de se concentrer pleinement sur les subtilités esthétiques, dramatiques ou idéologiques d'une mise en scène et d'une réinterprétation d'un mythe connu.
Il est également question de redécouvrir la diction classique trop souvent malmenée et déformée par l'apprentissage scolaire. Car la diction que préconise l'auteur est assez lointaine de celle habituelle, trop monotone ou trop parlée, prononciation affectée de toute liaison et systématique du e muet suivi de consonne. Contrairement à ce qui est enseigné, les liaisons doivent selon le metteur en scène, mais peut-être uniquement pour le théâtre classique et pour Racine, être faites au minimum, surtout pas avant une pause, et elles ne doivent pas rompre les accents de phrase. Cette nouvelle manière de lire met l'accent sur ces accents de phrase qui, associés à une bonne compréhension du contexte de l'action dramatique et de la psychologie des personnages, permettent de réellement ressentir le mouvement et la vie derrière ces alexandrins classiques trop réguliers.
La comparaison avec les chants d'opéra – rythme et reprises de mêmes mouvements par différentes voix, leaders (Hippolyte et Phèdre) puis seconds (les suivants comme dans une opérette, une comédie... reprennent et rejouent la scène de leurs maîtres), ou seconds puis principaux (tragédie : les voix secondaires annoncent et les voix plus puissantes reprennent et font éclater leur puissance)... - est très pertinente mais difficile à suivre pour qui ne connaît que peu l'opéra. L'opéra était un art et une culture majeure à cette époque, et même dominante, bien moins de nos jours. On ne peut que se douter de l'influence de celui-ci sur le théâtre et la composition dramatique et poétique des vers à l'époque de Racine. Cette comparaison tout juste ébauchée donne autant de pistes pour une meilleure compréhension de l'art classique.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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