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Critique de Athenapan


La Corse. Ses paysages grandioses et inspirants… Sa nature sauvage et ses petits villages… La Corse, ça fait rêver et ça fait peur en même temps. Peur d'être enseveli par les traditions, par le voisinage, par la famille, par les habitudes… Filumena elle, souffre terriblement. Elle ne pense plus à tout cela. Ses pieds lui rentrent dans la tête, comme elle dit. Elle ne peut plus supporter la douleur ni en faire abstraction. Mais… l'addiction est plus forte que tout… Hors de question de se priver de ses cigarettes ! Et même si le bureau de tabac est concrètement très proche du domicile de Filumena, ses douleurs transforment cette balade en traversée des Enfers.

Sous ce soleil de plomb, il faut bien plusieurs arrêts sur les bancs qui parsèment heureusement son trajet, pour que Filumena puisse arriver à bon port.

Lorsque les douleurs et le handicap prennent le dessus sur nous-mêmes, il ne reste que les divagations pour lutter. Pour lutter, mais surtout pour rentrer dans une espèce de réalité parallèle, qui l'espace d'un instant, nous fait penser à autre chose.

Filumena possède quantité de souvenirs ayant le pouvoir de la faire s'évader. Des très beaux, des très doux, mais également des souvenirs traîtres et cruels. Ils affleurent au gré des trop-pleins ou au contraire, des moments de vide.

Filumena se complaît dans sa solitude. Elle ne supporte plus l'extérieur ni ses gens. Hormis les cancans, les rumeurs qui circulent dans son immeuble, elle n'a pas de véritable contact avec le monde.
Il reste bien son fils qui passe la voir chaque jour, un petit instant, pour savoir si tout va bien et si elle n'a besoin de rien ; mais la solitude est bien là.

Au fil de ses efforts pour achever sa sortie du jour, Filu va replonger dans bon nombre de réminiscences. Celles qui la font sourire, qui l'attendrissent, qu'elle adorerait raconter et revivre ; et puis il y a les autres. Celles qui reforment des images trop cruelles, trop brutales, et qu'elle rêverait pouvoir oublier et effacer.

L'usure permanente, persistante, qui s'installe irrémédiablement au fil du temps, Filumena a l'impression de l'avoir toujours ressentie.

Boitant d'un banc au suivant, toutes ses pensées les plus marquantes de son existence rejaillissent et l'on découvre une destinée riche en rencontres et en tourments.

C'est avec beaucoup d'émotions que l'on rentre dans la vie de Filu. Son sacré caractère, ses idées bien arrêtées, on les comprend, on « la » comprend davantage au fur et à mesure des pages que l'on tourne. Cette intimité déployée qui nous est contée par bribes, est très perturbante. Je ne peux m'empêcher de me demander si Filu aurait voulu que l'on sache tout cela. J'ai totalement oublié le roman. Je me suis complètement imprégnée du vécu de Filu. Son mari, son amie, son fils, ses projets, ses rêves, ses deuils, ses épreuves, ses larmes retenues… Tout est sensiblement raconté.

Joël Bastard signe un roman empli d'humanité, au réalisme percutant, qui nous embarque dans les pensées les plus saisissantes de cette chère Filu.
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