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Critique de Tachan


Voilà une série qui continue de me mettre à mal. Ma tête a envie d'aimer, l'histoire terriblement compliquée et triste de ces deux femmes qui se sont autrefois aimées et se retrouvent, mais mon coeur, lui, n'y arrive pas complètement... Voyons pourquoi.

Même en étant totalement sous le charme des compositions très lumineuses et porteuses de sens de Battan, dont le découpage me rappelle ces autres de josei dans la veine de Mari Okazaki (Complément affectif, And) ou Shino Torino (Autour d'elles), je bloque totalement sur le dessin de l'une de ses héroïnes : Midori. Celle-ci porte un masque en permanence à cause de ses choix de vie qu'elle n'assume plus vraiment maintenant qu'elle a retrouvé son amour de lycée, tandis qu'elle est enceinte de son conjoint. Mais ce masque au sourire permanent m'agace profondément et m'empêche d'avoir de la sympathie pour elle. Je n'y arrive pas et ça me gâche même un peu ma lecture...

Pourtant les thèmes évoqués sont fort intéressants. Il y est question du statut des relations homosexuelles et ici saphiques au sein de la société japonaise. On parle aussi de violences conjugales ordinaires avec un homme qui ne se rend pas compte de l'impact de ses gestes et paroles. On évoque aussi les secondes chances, les retrouvailles et les sentiments qui ressurgissent. L'autrice met ainsi en scène une relation adultère dans toute sa complexité.

Battan écrit cela de main de maître avec une légèreté trompeuse où on suit des héroïnes heureuses de se retrouver et de revivre des sentiments qu'elles pensaient oubliés, passés. Cette vraiment est adorable à voir mais un malaise ne nous quitte pas en même temps car on sait que c'est en quelque sorte une relation moralement interdite, l'une d'elle étant en couple et attendant un enfant d'un autre. On ne peut donc totalement se réjouir pour elles, du moins je ne peux pas. Pourtant la mise en scène pousse à voir ceci de manière lumineuse à l'aide d'effets scintillants qui cherchent à nous mettre des papillons dans le ventre et c'est vrai que c'est beau !

Il y a une certaine naïveté dans le propos de la mangaka derrière cette volonté pourtant de mettre en scène des personnages adultes. Elle montre ainsi que même adulte, on garde toujours notre âme d'enfant mais également nos sentiments, nos craintes, nos insécurités. Être adulte, ce n'est pas être fort et elle le montre très bien. Dans ce tome, nos héroïnes sont un peu dans une fuite en avant pour se cacher de ce quotidien qui ne leur correspond pas et dont elles ne savent comment se débarrasser. Elles vont ainsi à la rencontre d'une jeune amie, lycéenne, sur une petite île qui les coupe de tout et on se rend compte en les voyant que c'est presque comme si elles avaient le même âge car les contraintes, les peurs, sont les mêmes, notamment pour Makimura qui vit encore chez ses parents. S'il n'y avait le conjoint et le futur bébé de Midori, il n'y aurait pas de différence, c'est dire !

Cela m'amène au point noir que j'ai trouvé dans ce tome. J'ai eu l'impression en suivant la relation Midori-Makimura de retrouver les mêmes tropes clichés et agaçants des autrices mettant en scène des relations hétéro-normées avec un dominant - un dominé. Les mécanismes régissant leur équilibre relationnel à toutes deux est identiques et je n'aime pas ça, ce n'est pas ma conception du couple équilibré, qui partage et s'équilibre l'un l'autre. En même temps, on n'est pas vraiment face à un couple au final, les filles n'assumant pas leur relation, ne leur donnant pas de nom, ne cherchant pas vraiment à sortir de la situation ambiguë où elles sont. Leur amie, Komari, est peut-être même plus courageuses qu'elles, cherchant elle, malgré sa jeunesse, à se montrer honnête là elles n'y arrivent pas de leur côté, coincées dans les conventions de ce qu'on attend des adultes.

C'est ce qui m'amène à dire qu'il y a une belle complexité et une belle finesse dans cette série mettant en scène la relation adultère de Midori et Makimura, deux anciennes amoureuses que la vie a éloigné et qui trouvent toujours des obstacles sur leur chemin même après leurs retrouvailles et les années passées. J'espère donc vraiment que le masque de Midori qui m'agace tant va finir par voler en éclat et que Makimura, dont la fadeur me pèse, va se réveiller, pour que je puisse pleinement apprécier le beau travail de l'autrice sur l'âge adulte et la place de l'homosexualité dans la société japonaise, car ça, elle le fait très bien !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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