AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux."

L'albatros.

L'air piteux, j'ai ressorti d'un carton tout poussiéreux, ces fleurs du mal, fleurs jaunies et fanées de les avoir laissées dans un coin sans les arroser. le pichet d'eau à la main, je te rassure, dans l'autre, il y a ce verre de petit jaune qui m'accompagne, je replonge dans ces mers et redécouvre toutes les annotations que j'avais soulignées au crayon à papier HB de l'époque, si je me souviens bien, c'était au siècle dernière, livre que j'ai choisi pour l'épreuve de français d'un baccalauréat passé sans passion ni idéal.

Il y a peu - très peu même - de bouquins qui ont marqué ma carrière du fond de la classe, écouteurs autour du cou, coude sur le radiateur, le regard porté sur mon silence déjà abyssal. Peut-être est-ce même le seul, l'unique qui a retenu toute mon attention. A défaut d'idéal, je pense que j'étais déjà attiré par le spleen, des prédispositions probablement à me sentir pas à mon aise dans cette vie-là.

"Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer."

Causerie.

Je pioche quelques lignes par-ci par-là, dans ce recueil aux écueils souvent sombres. C'est en cela que je me dis qu'il faudrait l'avoir toujours sur soi. Dans la poche de gauche, ces fleurs du mal ; dans la poche de droite, les contes de la folie ordinaire. Ainsi équipé, du spleen et de l'idéal, ces souvenirs de pas grand chose m'accompagneront à la tournée des bistrots. Après tout, la poésie est signée Charles dans les deux opus et aucun Charles ne refusera de partager avec mon spleen l'idéal d'une absinthe ou d'une bière. Il m'arrive même de me sentir à la terrasse d'un café, ces deux poètes posés sur la table encadrant respectueusement mon verre. J'imagine alors cette brune passer, au sourire indécent et au regard incandescent. Elle s'assoit en face de ma tristesse, les paris sont ouverts pour savoir sur quel Charles va-t-elle commencer la discussion.
Commenter  J’apprécie          15720



Ont apprécié cette critique (129)voir plus




{* *}