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Critique de jovidalens


Bouleversant, bouleversant parce que d'une profonde humanité. Sans pathos, Vicky Baum nous parle de nous, de nos solitudes, parce que nous sommes seuls, aussi bien les animaux que nous autres humains plus ou moins gâtés par la nature.
En ces années folles et gaies du Berlin des années 1920, elle nous parle d'une société rejetant les accidentés de la vie, les mal-foutus, ceux que nous refusons de voir, encore moins de toucher, ceux à qui nous n'accordons pas une once de finesse et d'intelligence.
Vicky Baum plonge son lecteur dans la vie d'Ulle, nain difforme, depuis son enfance jusqu'à sa maturité.
Complètement isolé comme par un mur de verre, tout un chacun le fuit, le rejette. Même pas d'école. Il se forme, s'éduque seul, s'oblige à des travaux difficiles, lutte contre la crasse et surtout se forge une personnalité toute en dignité. Seul avenir pour lui ,rejoindre un cirque, un cirque montrant des "phénomènes". C'est le second chapitre du livre et certainement celui qui m'a le plus touchée : le cirque voyage et ne s'implante nulle part, s'offrant aux regards et aux dégoûts de leurs spectateurs, mais chacun de ces "artistes", du directeur à son boa, rêve, rêve d'une vie normale inatteignable.
Quelques havres de paix et de chaleur : le dialogue avec son père qui essaie de l'armer pour cette vie difficile, l'intérêt d'une vieille demoiselle qui a essayé de lui venir en aide, l'amitié rustre de son compagnon de cirque et surtout, ce lien avec un poète dramaturge qui va comprendre toute la richesse de sa personnalité ...Pour un temps. Et puis, de nouveau cette impossibilité à se faire, vraiment, accepter par les autres et le retour à une vie dont il n'a plus qu'à attendre la délivrance.

Vicky Baum ironise sur la société, celle des gens bien, normaux ; c'est un drôle de troupeau un peu bêlant, qui criera au loup à la vue d'un autre non conforme à leurs normes ou raillera méchamment celui qui ne respectera pas les sacro-saintes règles du bon goût. Mais en face, celui-là le rejeté, le raillé, il nous ressemble tant.

Superbe roman avec de grands et beaux passages, comme le bal des forains, la conversation avec le père dans une forêt printanière, la fête à l'auberge avec les jeunes scouts où l'espace d'un instant Ulle a pu se fondre dans la foule et ses réjouissances, l'amitié respectueuse et réciproque qui naît entre lui et le poète. Tous ces instants merveilleux qui nous font oublier quelques temps notre solitude.
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