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Critique de JIEMDE


« Schizophrénie pseudo-névrotique avec pensées obsédantes ».

À cette approche médicale qui décrit son frère, on préfèrera celle de Jean-François Beauchemin, l'auteur du Roitelet : « … un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête (…) un roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige, un pays de songes et de chimères ».

En un peu moins de 150 pages, Beauchemin nous parle de son rapport au Monde, placé sous le double regard de son frère qu'il accompagne, protège et aime d'un amour dévoué et absolu ; et du sien, goûtant les joies simples de la vie à la campagne, entre chien, voisins et jardinage.

Une vie simple guidée par cette pensée un peu auto-persuasive que le meilleur est à venir pour notre Monde en crise. le Monde, cette chose tellement indéfinie, fascinante et mystérieuse qu'elle mérite une majuscule.

Une vie constamment bouleversée par ce frère différent, qui « cherche un passage vers le jour », autonome mais tellement dépendant de cet amour fraternel à double sens, qui les nourrit l'un l'autre. « Rien ne m'émeut davantage que de voir mon frère sourire ».

Et au travers de ces lignes où il ne se passe pas grand-chose à part la vie – et comme cela fait du bien ! – apparaissent régulièrement des fantômes, parents ou animal perdu, qui aident à vivre et à comprendre. Et à ne pas craindre la mort.

Le Roitelet est un livre sublime, atypique, dont le style est fait de « désordre, de dispersion et de considérations abstraites », autant d'éparpillements qui une fois assemblés font sens. Un bijou de poésie et de nature, accessible, venant d'un taiseux qui, à la parole, préfère « écrire quelques pages dans lesquelles le silence tient la place la plus importante ».

Et ces silences, partagés avec son frère, disent tant et nous racontent des choses merveilleuses et émouvantes.

Et Dieu dans tout ça ? « Je suis sûr que Dieu n'existe pas (…) Mais il existe en moi un besoin de Dieu dont je n'arrive pas à me débarrasser ».

« Si vous voulez mon avis, ça n'est pas la vie spirituelle des gens qui fout le camp. C'est la poésie. La poésie n'est pas un genre littéraire, elle est l'expérience de la vie par l'esprit, le pressentiment aveugle que l'existence, même la plus fragile, la plus diminuée ou la plus impuissante vaut la peine qu'on s'y intéresse vraiment ».

Hop, hop, hop : on se précipite !
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