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Critique de BazaR


J'hésite toujours avant de me lancer dans du Lovecraft. Je suis sûr de me retrouver au bord de ma zone de confort. Mais je saute par-dessus ce bord de temps en temps, histoire de vibrer un peu. Quand j'ai vu la superbe couverture de ce recueil de Frank Belknap Long, je n'ai pourtant pas hésité. « Qu'importe-le contenu, je me lance », me suis-je marmonné.
Long était un ami et disciple de H.P. Lovecraft (dixit la 4ème de couverture) qui s'est plongé tout habillé dans l'océan horrifique du maître de Providence et en a pêché des récits dont on reconnaît l'origine mais qui portent cependant le sceau leur auteur. Long s'inspirait du style de Lovecraft mais ne faisait pas du copié-collé.

C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de ces nouvelles et novella dont la publication date soit des années 1928-1938 soit des années 1980.
L'inspiration du style de Lovecraft se sent dans les années 1930, surtout dans l'utilisation de qualificatifs vachement inquiétants pour des noms relativement anodins. Cette façon d'écrire – aaah « l'horrible ronronnement » – me fait plus marrer qu'elle ne provoque l'effroi, mais c'est une marque de fabrique que j'aime bien revoir quand je lis ce genre de récits. En revanche, Frank Belknap Long employait beaucoup le dialogue là où Lovecraft privilégiait les discours épistolaires. Et ça, ça me va parfaitement ! Les héros racontent plus qu'ils n'écrivent. Leur panique est communicative. J'ai bien aimé les voir développer des théories mystico-scientifiques à base d'autres dimensions où se camouflent des êtres pour lesquels nous ne sommes qu'un déjeuner, ou de l'entropie qui nous donne l'illusion du passage du temps. Il leur suffit d'émettre une théorie et, pop !, elle colle à la situation. Ils sont trop forts (je me moque gentiment, c'est rafraichissant).
Le gros morceau est la novella L'Horreur venue des collines qui nous fait découvrir un Grand Ancien dont la description m'a là aussi plutôt fait rire (décidément !). Pensez : une espèce d'éléphant à tentacules. Une histoire plutôt prenante mélangeant horreur lovecraftienne et science-fiction pulpienne. On y ressent cependant un peu de ce mépris occidental pour les « civilisations inférieures » tout à fait dans le ton de l'époque mais qui font tiquer aujourd'hui.

Le style a beaucoup changé dans les deux nouvelles des années 1980. Il est certainement plus personnel. On entre plus profondément dans les pensées du narrateur ; un narrateur qui est moins préoccupé par une horreur multidimensionnelle qui le dépasse que par sa toute nouvelle relation avec une jeune femme charmante (dans les deux nouvelles). L'horreur apparaît mais dans un quotidien dont Long a bien planté le décor auparavant. Cela renforce le contraste. du coup pas besoin d'en faire des tonnes. J'ai bien apprécié ces deux nouvelles.

Le livre se termine sur des textes très courts, d'une page, qui forment comme un sillage d'haikus horrifiques testaments de l'oeuvre. Pas indispensables, mais esthétiquement bienvenus.

Le « risque » que j'ai pris en me décidant uniquement sur une couverture (nommons le méritant auteur : Zdzislaw Bekinski) a payé. C'est une belle découverte. Mnémos a encore réussi son coup.
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