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Critique de Hulot




Jacques Tati, le vrai Mr Hulot

Jacques Tati fit ses premiers pas au music-hall. Il se fit connaître comme mime avec un sketch baptisé « impressions sportives » dans lequel il évoquait des sportifs en action tels que le rugbyman, le gardien de but, le boxeur, le tennisman (déjà !) puis viendra le sketch de "L'Ecole des facteurs".
Après guerre, il se fit cinéaste avec "Jour de fête", film tourné, bricolé avec peu de moyen puis vint "Les vacances de Mr Hulot" qui connut un grand succès public et critique et enfin "Mon Oncle" qui obtint l'oscar du meilleur film en langue étrangère.
Ses films suivants, hélas, ne rencontrèrent pas leur public et provoquèrent la faillite du réalisateur.


On reproche souvent à Jacques Tati de "glorifier" dans ses films, le "c'était mieux avant", de refuser le progrès. Tati ne refusait pas le progrès mais il nous mettait en garde contre les méfaits de celui-ci.

A l'image du personnage de François le facteur qui veut imiter les Américains et fait sa tournée le plus vite possible en accumulant les gaffes et perdant tout contact avec la population.
C'est aussi les deux mondes dans "Mon Oncle". L'un où l'on travaille, où les "riches" habitent, où il n'y a pas d'oiseaux, des clôtures partout, tout est propre, austère, impersonnel, chacun chez soi contrairement à la partie ancienne de la ville avec ses terrains vagues, ses enfants garnements, ses chiens, son marché où les gens se rencontrent, boivent un coup, se disputent mais sont chaleureux, humains et où le rayon du soleil reflété dans la vitre de la fenêtre fait pépier l'oiseau.

Il dénonce également dans "Playtime", ce monde froid, indifférent où les personnages travaillent dans d'immenses tours en verre, dans des box individuels et rentrent chez eux dans des immeubles mi cage, mi aquarium pour manger devant la télévision.

Tati était plutôt un visionnaire, ce monde moderne qu'il décrivait, décriait, individualiste, productiviste, est devenu, malheureusement, celui de beaucoup d'entre nous.
Ses films se voulaient observateurs et critiques de la société de l'époque tout en étant pénétrés de poésie.


Cette biographie, qui s'appuie sur de nombreuses archives, nous montre aussi la manière de travailler du cinéaste qui pouvait se montrer très dur, très exigeant avec ses collaborateurs comme le sont souvent les perfectionnistes.

Tati était un idéaliste, utopiste, peut être aussi un peu anarchiste, qui aimait les gens, rêvait d'un monde meilleur pour eux et qui possédait en plus une petite part de folie, ubuesque, qui fait qu'il manque tant au cinéma.
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