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Critique de Apoapo


Contre les imbéciles satisfaits qui clament que les problématiques de genre – voire le féminisme tout entier – ne sont qu'un souci américain et français, voici un petit livre succinct et savant qui offre un aperçu de la signification des mots « masculin-féminin » dans six aires culturelles différentes : Afrique du Sud, Chine, États-Unis, Europe, Inde, monde arabe. Sans aborder les cas les plus éloignés de nous que représenteraient les micro-sociétés matriarcales survivantes, l'on peut déduire de l'ensemble des articles qui composent l'essai que la question du genre se pose partout, et (mais) que, dans chaque culture, elle est associée à des notions très profondément ancrées aux fondamentaux de la compréhension du monde qui lui sont propres : la relation entre le social et le religieux, l'individualisme jusqu'à la création par l'individu de sa propre identité, les mises en acte compliquées de l'idéal de l'égalité entre individus là où il a cours, le rapport à la modernité ou bien à la tradition, à la Nature, à la communauté, aux appartenances et identités collectives, les rituels et autres formes d'accession au genre... Si les chercheuses autrices de ces contributions sont toutes parfaitement informées sur les derniers outils conceptuels féministes occidentaux mainstream, par ex. sur l'intersectionnalité, elles sont tout aussi conscientes de la nécessité de contextualiser les relations patriarcales (le cas échéant) selon les cultures et dans leurs variations historiques. Fortes des acquis d'une anthropologie qui s'efforce de dépasser l'ethnocentrisme, elles peuvent avoir des positions d'interrogation ou de franche critique envers les féminismes et les théories du genre de matrice occidentale. Cependant, ces articles sont caractérisés par la grande liberté que leurs autrices se sont prise dans la manière d'affronter le thème du « masculin-féminin » dans leur pays : à l'exception (peut-être significative) de Cornell qui a retracé l'histoire des vagues féministes aux États-Unis, ils n'ont pas essayé d'aborder l'ensemble de la réflexion nationale sur le genre ni le paysage des luttes féministes actuelles ou historiques, ni même de se situer par rapport aux féminismes occidentaux. En particulier, la contribution conclusive, sur la petite ville rurale de Griquatown (province du Cap, Afrique du Sud), qui ressemble à une étude de cas tant elle est circonscrite, se détache considérablement des autres.
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