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Critique de Malaura


Ce livre, il est pour toi, Sabine, écrit par l'homme qui t'a aimée jusqu'à ce que tu t'éteignes, emportée par un cancer qui ne t'a laissé aucune chance.
Tu es atteinte d'un cancer du poumon, André le sait. Malgré tout, il décide de t'accompagner et quitte sa femme Lucie et Tom, leur fils de 16 ans. Désormais, il vous faut vivre au rythme d'un quotidien fait de peur et de douleur, d'humour et de poésie, de tristesse et de joie, d'inquiétude, d'incertitude, d'espoir, de résignation…alors que la maladie prend de plus en plus ses aises: ablation du poumon, cicatrice, douleur, métastases…Et puis, c'est l'hématome au cerveau et la situation qui se dégrade… « Aïe ! Sabine ! Et si tu allais mourir ? »
Car le cancer se fout des sentiments et malgré l'amour, malgré la tendresse, les fou-rire ou l'espoir, tu t'éloignes chaque jour davantage, minée par la douleur, ton corps taraudé par le mal. Peu à peu, inéluctablement, tu t'enfonces dans la mort, comme un bateau à la dérive, comme on entre à petits pas dans l'eau froide.

Alors André écrit, pour arracher encore un peu de vie à la vie, rendre encore un peu d'amour à l'amour, pour appréhender cet espace entre vie et mort en te faisant passer de l'autre côté du miroir, celui du papier et des livres.
Ses mots ont l'impact de la spontanéité, de la sincérité lorsqu'elle se sait démunie, de l'amour lorsqu'il se sait en danger et qu'il lutte avec les armes de l'espièglerie pour vaincre la détresse : des jeux d'enfants naufragés, une navigation au jour le jour sur un matelas-radeau, un voyage merveilleux dans les couloirs de l'hôpital, des histoires que l'on se raconte en pouffant pour occulter une réalité qui est devenue « une grande catastrophe ».
Avec ce livre, ton livre, l'amour de Dodi et de sa gazelle est désormais éternel, inscrit dans ces petits carnets où l'écrivain rend compte des 8 mois passés à tes côtés, jusqu'à ce que la maladie ne prenne toute la place, sans espoir de rémission.

On se laisse alors chavirer par ces quelques pages toutes personnelles arrachées à l'emprise de la mort.
On a mal pour celle qui part et tout autant pour celui qui reste. Les difficultés financières qu'André traverse, ses recherches souvent infructueuses de travail, d'ateliers d'écriture ou d'édition, les soucis et la culpabilité concernant Tom, son fils adolescent, se greffent comme autant de métastases supplémentaires au tourment de chaque jour. Pour autant, si le sujet est infiniment triste et poignant et le quotidien bien souvent cruel, André Benchetrit réussit à donner à ce « Livre de Sabine » le frémissement puissant de la vie.
Transcendés par les mots jetés sur le papier comme une bouteille à la mer, ces deux êtres malmenés par le cancer sont rendus universels par l'amour qui les lie.
Dans ce moment de partage qui unit le lecteur et l'auteur au détour d'un ouvrage, cet aveu d'André à Sabine: «je ne savais pas à quel point ton cancer c'était aussi le mien», devient alors le nôtre, le manifeste par lequel chacun s'inscrit dans une existence où la maladie peut à tout instant vous dérober un être cher.
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