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Critique de Tbilissi


Merveilleuse découverte que ce beau roman, et je remercie chaleureusement les éditions "Le chant des voyelles" pour cet envoi. Non seulement la facture du livre est magnifique, mais surtout son histoire est une pépite.

Il dépeint avec subtilité l'Algérie des années 1990, en pleine guerre civile, dont la population se cherche une identité, tiraillée entre l'envie d'avancer et l'attachement aux traditions, entre la modernité et l'extrémisme religieux.

Les femmes sont mises en avant, de Nassira la veuve mère courage à la jeune Leila qui se bat pour les droits des femmes. le hammam est leur lieu d'expression, en une magnifique symphonie plurielle et diverse.
Deux hommes émergent de cette histoire, Hassan et Sélim, les fils de Nassira. Élevés dans la plus grande dévotion à leur égard, leur mère ayant tout sacrifié pour eux, ils ont pourtant pris des chemins totalement différents. L'un devient en effet policier lorsque l'autre se trouve happé par le terrorisme.
C'est incroyable de constater comme des soucis qui semblent anodins, des chamailleries d'enfants, grandissent jusqu'à devenir dramatiques. L'histoire de cette famille devient comme une allégorie de la société algérienne, avec une fin bouleversante en douloureux point d'orgue.

J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture fluide de cette histoire, et la sensibilité avec laquelle les personnages et leurs sentiments sont présentés.

Je terminerai sur une citation, extraite du discours du formateur de l'école de police d'assainissement, criante de vérité :

"Votre fonction vous oblige à bien connaître les préceptes de l'Islam de façon à réagir de façon inflexible face aux criminels qui prétendent agir au nom d'Allah. Votre rôle ne se limitera pas à des fonctions de police comme vous l'imaginiez peut-être, vous devrez défendre votre pays contre ses propres démons. Il n'est certes pas facile de lutter contre un incendie qui se déclare dans la forêt. Chacun sait qu'il faut l'arroser pour l'éteindre, sans relâche, puis noyer les braises pour l'empêcher de renaître. C'est ainsi que notre pays a retrouvé son indépendance. Nous avons chassé le colonisateur comme on lutte contre un feu dévastateur. Mais le brasier allumé par le diable est autrement plus difficile à éteindre. Tel sera votre combat. Vous devrez montrer à notre peuple comment distinguer le bien du mal, en lui servant de modèles par votre comportement exemplaire au quotidien. [...] Ne laissez jamais personne vous faire douter de votre propre foi, quoiqu'il arrive. Nous ne sommes pas des impies. Nous sommes musulmans. Nous portons la foi de notre pays. Nos ennemis sont les ennemis de Dieu !"
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