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Critique de cathy13600


Au préalable, je remercie les éditions du Rocher de m'avoir permis, en échange d'une critique, de découvrir ce témoignage bien avant sa parution officielle.
Je saisis l'occasion pour exprimer ma gratitude à Babelio pour la tenue de ce concours des plus sympathiques.
Ainsi que le disait, si justement, Victor Hugo : « Lire c'est voyager : voyager, c'est lire ».
Bibliophile depuis toujours, je lis pour étancher ma soif de connaissances mais aussi pour m'évader.
Que j'aurais aimé ne pas avoir à entreprendre ce voyage à travers « J'ai vu la mort en face : Une vie après l'attentat » de Walter Benjamin, pareillement à ceux que j'ai fait avec Antoine Leiris et « Vous n'aurez pas ma haine » ou « Nos 14 novembre » de Aurélie Silvestre.
Il y a des livres qui n'auraient jamais dû exister et ceux-là en font partie. Il y a des drames dévastateurs qui font sortir de l'anonymat des personnes qui s'en seraient bien passées. Nos auteurs sont trois d'entre-elles.
Pourquoi avoir, alors, sélectionné avec d'autres oeuvres mises en jeu lors de la masse critique, cette lecture qui ne s'annonçait pas comme un périple des plus joyeux ?
Tout simplement, pour rendre hommage à Monsieur Benjamin en particulier et à toutes les victimes de ces barbaries en général. Je n'étais pas habitée par du voyeurisme mais plutôt par un profond respect à son égard.
Une dizaine de jours plus tard, elle m'attendait dans la boite aux lettres…
Je dois admettre, que venant de la poser définitivement, j'en ressors avec un sentiment mitigé. J'ai passé un bon moment certes. C'est court (deux cent trente-trois pages), rapide et facile à lire. Mais pour le reste, je suis plus circonspecte.
Par cette chronique, je vais tenter de vous exposer les raisons qui font que j'en suis arrivée à cette conclusion.
Il est 7 heures 58 minutes le 22 mars 2016, quand deux kamikazes déclenchent leurs charges explosives dans le hall des départs de l'aéroport international de Bruxelles situé à Zaventem dans la province du Brabant flamand. Bilan des explosions : seize morts et au moins quatre-vingt-douze blessés. Walter Benjamin est l'un d'entre eux. A partir de cet instant, sa vie bascule. Elle ne sera plus jamais la même…
En ce mardi matin, ce belge, âgé de quarante-neuf ans, de confession juive, attend de monter dans l'avion qui doit le conduire auprès de sa fille en Israël. Soudainement, un terroriste se fait exploser à trois mètres de lui. Vivant mais gravement atteint, il devra être amputé de la jambe droite.
Nous rentrons de manière fulgurante dans ce récit puisque, dès l'entame, nous plongeons au coeur du drame. L'auteur raconte avec force détails la première puis la seconde déflagration. Il décrit avec justesse, réalisme, sans rien cacher le moment où il a vu la mort en face. Nous sommes, ainsi, confrontés à l'horreur, l'insoutenable, l'abîme.
Qu'elles ont-été ces secondes durant lesquelles son existence a chaviré ? qu'a-t-il vu ? A quoi a-t-il été confronté ? Lui a-t-on porté assistance ? Comment et dans quel laps de temps a-t-il été évacué ?
La suite de l'ouvrage, échelonnée sur une assez longue période, est consacrée à sa reconstruction physique et psychologique.
Comment s'est-elle passée ? Y a-t-il eu de l'accablement, du renoncement ou au contraire une volonté d'aller de l'avant, de vivre tout simplement ? de quoi sera fait l'avenir ? Prenez votre courage à deux mains pour vous lancer, vous saurez !
Du jour J au 22 mars 2017, le narrateur nous embarque dans le quotidien qui est, malheureusement, le sien désormais. C'est en quelque sorte un journal de bord de sa vie durant un an. Douze mois de combats, de douleurs, de peines, de colères, d'espoirs, de doutes, d'envies, de rencontres, de projets.
Jour après jours, semaines après semaines, nous suivons la difficile bataille qu'il doit livrer pour espérer recouvrer le maximum de ses capacités physiques. Nous l'accompagnons dans le dur apprentissage du handicap et de ses contraintes. Il dépeint parfaitement les périodes opératoires, les séances harassantes de rééducation. Croyez-moi, par expérience personnelle, je sais de quoi je parle. Nous partageons ses victoires, ses échecs, ses attentes, son amertume.
Cet écrit est également un condensé d'humilité, de tolérance, d'absence de haine. Notre rescapé dénonce le déni des autorités belges face aux attentats, il parle d'abandon et du manque de considération des membres de son gouvernement durant cette tragédie mais, en parallèle, il appel à une non stigmatisation de la communauté musulmane, milite pour un rapprochement en rencontrant des jeunes issus de Molenbeek et propose des solutions pour une meilleure intégration, un mieux-vivre ensemble.
Les fanatiques de Zaventem avaient des bombes comme armes : lui, n'en a aucune. Il ne possède que sa plume pour nous expliquer pourquoi la vie vaut malgré tout de continuer.
La retranscription sur papier de cette ignominie est le moyen qu'il a trouvé pour s'exprimer, évacuer, ne pas tomber dans la dépression.
Certains passages évoquent ses relations amoureuses. Vu le contexte, c'est, selon moi, assez troublant.
Style et canevas simples. J'ai aimé mais en même temps il m'a manqué de la profondeur, un peu de chaleur, de l'émotion. Je n'ai pas été oppressée ni tourmentée comme ce a quoi je m'attendais. Il me reste un sentiment d'inachevé. Cet avis reste subjectif. Il n'est en aucun cas le seul à prendre en compte.
Pour conclure, je vous confirme que cet opus est effectivement intéressant à découvrir, poignant, mais il ne m'a pas émue, bouleversée comme a pu le faire celui de Monsieur Leiris. J'avais alors été plus sensible à son histoire, à sa façon de la mettre en scène. Sa prose m'était apparue plus élaborée, plus finie.
Vous avez, toutefois, ma plus grande considération Walter Benjamin ! J'ai admiré votre courage, votre abnégation et votre capacité de résilience. Je ne peux imaginer ce que ça peut-être de se retrouver dans cette situation. Tous mes voeux vous accompagnent.
A entreprendre ? Pour une fois, je vous laisse seul juge. Je ne peux me prononcer. Je précise seulement que ce livre-témoignage est destiné à celles ou ceux qui aiment les histoires vraies.





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