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Critique de marielabrousse1


Si vous voulez un aperçu de la diversité des sous-genres de la science-fiction, jetez un oeil aux romans de Sylvie Bérard. Après le planet opera (Terre des autres) et le cyberpunk (La Saga d'Illyge), elle explore ici le voyage dans le temps – et c'est encore une fois d'excellente qualité.

Annick est passionnée de généalogie. Depuis plusieurs années, elle s'efforce de retrouver la trace de ses ancêtres et publie régulièrement ses découvertes sur son blogue. Quand une publicité lui offre l'occasion de visiter en réalité virtuelle cette page de son histoire familiale, elle n'hésite pas longtemps. Mais si ces voyages étaient réels? Et qu'est-ce que l'entreprise organisatrice Arborithme a à gagner là-dedans?

Au début, j'ai pensé que cette lecture serait bonne sans être exceptionnelle. le résumé donne l'impression de savoir exactement où on met les pieds (des voyages virtuels qui n'en sont pas vraiment), la narration est plus classique que dans les romans précédents de l'autrice et la plume plus neutre. Et pour avoir lu un paquet d'histoires de voyage dans le temps, j'ai de prime abord trouvé la gestion des paradoxes temporels un peu facile : à cause des paramètres du « translateur », Annick ne peut pas révéler qu'elle vient du futur sans se voir immédiatement rapatriée à son époque, ni rencontrer dans le désordre des personnes qu'elle a déjà croisées.

Sauf que… On comprend petit à petit que les voyages temporels posent effectivement des problèmes, mais pas du tout ceux auxquels on aurait pensé. Et ce que fait Sylvie Bérard ici, c'est quelque chose que je n'ai encore jamais lu ni vu ailleurs (et pourtant, j'aurais bien aimé). Je n'en dirai pas plus pour ne rien spoiler, mais ce retournement qui arrive aux deux tiers de l'histoire mène l'intrigue dans une direction totalement inattendue et vaut définitivement la peine. (Micro-spoiler si vous êtes curieux·ses : ça implique le multivers… mais vraiment pas de la manière que vous croyez). Sans compter que la révélation enrichit judicieusement les thématiques abordées.

À noter que Sylvie Bérard s'est inspirée de sa propre histoire familiale pour construire son intrigue. La protagoniste Annick a la surprise de découvrir qu'elle a des ancêtres noir·es et autochtones et qu'iels ont tant cherché à le cacher que cette information s'est perdue après quelques générations. Cela la fait s'interroger sur l'invisibilisation des minorités dans l'Histoire et la pertinence de reconnaître cette ascendance sans la revendiquer abusivement : un débat épineux que l'autrice traite avec beaucoup de délicatesse.

Encore une fois, je suis époustouflée.
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