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Critique de DocIdoine


All that is necessary for the triumph of evil is that good men do nothing, disait ce bon vieil Edmund Burke. Mais les good men, ils sont few and far between par les temps qui courent. L'apathie politique, une espèce de désespoir individualiste, ont favorisé la rechute dans la barbarie féodale: les serfs se taisent, volontairement, et se rabattent sur l'évasion dans le virtuel (les jeux vidéos, la lecture compulsive de n'importe quelle connerie) ou sur l'instant sans lendemain (les profits immédiats, les niouzes qu'il faut croire absolument, et le plaisir instantané, même sordide comme le petit porno qu'on s'envoie pour se palucher sur un coin de table).

Mais comme se taire leur fait un peu honte quand même (il reste un bout de conscience collé au fond du bocal), toute injonction à lutter pour sauver l'avenir les renvoie à leur paresse et à leur lâcheté, et aussitôt, ils se transforment en chiens de garde enragés du Système: le problème, c'est les rouspéteurs! Il faudrait tous les tuer! Ils refusent le Linky? Allez, envoyez-les dans les camps! Bien sûr, ce sont les anti-Linky le problème, un peu comme la fille qui se fait violer l'a bien mérité… Sartre les appelait des salauds, ces gens-là, Lénine des idiots utiles, question de point de vue selon qu'on considère l'homme comme une fin ou comme un moyen.

Le compteur Linky est illégalement imposé aux gens, au besoin par la violence, par ces vastes institutions de tyrannie privée nées, selon Noam Chomsky, "du même sol que le fascisme ou le bolchevisme, ces autres manifestations contemporaines du totalitarisme", et qui bénéficient du démantèlement de l'Etat pour engloutir l'argent public. Comme l'explique Bernard Benhamou, cela ne s'arrête pas là puisque le compteur Linky, par ailleurs dangereux, selon l'OMS, est conçu pour la surveillance de masse.

Mais là encore, la servitude volontaire des idiots utiles est stupéfiante; on les appellera les “je-n'ai-rien-à-cacher”. Linky m'épie? Mais je n'ai rien à cacher, moi! Effectivement, ils sont parfaitement transparents. Seulement, je rappellerai ceci: la contestation politique, la résistance à l'oppression, est toujours nécessairement cachée puisqu'elle est la façon dont les plus faibles essaient de se débattre contre le despotisme des plus forts. La Résistance intérieure sous l'Occupation n'était pas appelée l'Armée des ombres pour rien. Les samizdat n'étaient pas non plus des fanfares municipales. Ainsi, ce qui choque toute personne dotée d'un cerveau, c'est d'abord que la finalité de cette transparence est évidemment d'abolir toute possibilité d'organiser des résistances aux tyrannies, ensuite que la fonction de cette transparence imposée est évidente par son asymétrie: EUX, ils VOUS voient. Mais vous, les voyez-vous, ceux qui vous observent et vous suivent à la trace? C'est VOTRE intimité qu'on viole. Pas la leur.

On regrette que ce livre, d'ailleurs à mettre à jour, ne parle pas de ça, parce que c'est l'essentiel. First they came for the Linky…
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