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Critique de Rodin_Marcel


Besse Pierre Edouard – "Le complot Tibère : Manius Maximus Furius, enquêteur impérial" – City éditions poche (Hachette), 2009 (ISBN 978-2-35288-236-7)

Lors d'un voyage touristique familial en Sicile, voilà-t-il pas que je me suis trouvé à court de lecture du soir ! Catastrophique catastrophe à laquelle compatiront toutes les "babelioteuses" et tous les "babelioteurs" !
J'ai vainement cherché quelque livre en langue française dans le minuscule rayon librairie du stand de presse de l'aéroport de Catane (où le livre n'occupe plus qu'une place dérisoire, même en langue italienne), puis j'ai cherché à dérober le roman que mon fils était en train de lire, mais il s'est insurgé à grands cris et protestations, lui qui a littéralement pillé ma bibliothèque ! J'ai eu beau lui expliqué qu'il commettait là le crime d'ingratitude filiale, rien n'y a fait.

Heureusement, mon petit-fils d'une dizaine d'années – lui aussi (déjà !) lecteur compulsif ne voyageant que lourdement chargé en imprimés variés – a volé à mon secours en me prêtant – d'un ample geste royal – l'un de ses livres qu'il venait de terminer. D'un air convaincu, il m'a expliqué que cette lecture "s'imposait" puisque l'histoire se déroule sous l'Empire Romain, mais – air inquiet, il connaît déjà la tendance à l'usucapion propre à tout lecteur acharné – que je devrais le lui rendre, hein ! Promesse, serment, je dois avoir l'air honnête à ses yeux, ouf, il me prêta l'ouvrage, d'un air devenu suspicieux...

Je fus surpris par la qualité de l'écriture (avec ce type d'édition bon marché destinée à la jeunesse, on subit souvent de désagréables surprises en la matière), ainsi que la relative virtuosité de l'auteur dans l'imbrication de plusieurs intrigues (procédé à tiroirs), même si lesdites intrigues finissent vers la fin par sembler embrouillées au point de ne plus trop comprendre qui complote au juste contre qui en manipulant quelle tierce personne...

L'intérêt de ce roman réside avant tout dans le tableau sans fard de la société romaine et des rouages du fonctionnement impérial pendant le règne de Tibère (14 à 37 après JC) flanqué de son préfet Séjan.
Certes, l'auteur adopte ici le point de vue fort critique de l'historiographie traditionnelle plutôt défavorable à cet empereur (ce que les historiens tempèrent aujourd'hui), mais il en profite tout de même pour rendre compte de façon plutôt réaliste des moeurs impitoyables de cette époque. Qu'il s'agisse de châtiment ou d'émancipation, la vie d'un(e) esclave est entre les mains de son propriétaire, et celle d'un gladiateur n'a que la valeur du spectacle sanglant qu'il est susceptible de garantir dans l'arène ; les moeurs intimes sont exposées sans détour, qu'il s'agisse de la pédérastie ou du prêt des épouses pour garantir une lignée.

Seul regret, je n'ai toujours pas trouvé dans cet ouvrage de réponse à la question que je me pose depuis des décennies au sujet de la Rome antique : comment cette civilisation en vint à organiser ces spectacles à grand succès populaire de mise à mort de gens (gladiateurs ou martyrs livrés aux bêtes féroces), dans une arène, devant des milliers de spectateurs et spectatrices enragé(e)s ? Même les nazis tentèrent jusqu'au bout de dissimuler leurs crimes et massacres, tentant à l'heure de la débâcle d'effacer le plus de traces possible...
Sanglants, meurtriers et féroces, les "jeux du cirque" tant prisés par le public de la Rome Antique restent un cas isolé de mise à mort collective en dehors de tout rituel sacrificiel.

Un livre à lire par les parents, qui décideront si leur progéniture est en âge de comprendre un récit aussi violent.
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