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Critique de rotko


rotko
24 novembre 2015
Impossible de rester insensible devant ce récit d'un migrant. Tout est raconté, et montré avec une telle sobriété.

Le récit lui-même, écrit en lettres capitales-scriptes, relève d'une naïveté étudiée qui éloigne le pathos comme le réquisitoire ; c'est le ton de l'inacceptable auquel il faut se résigner.

On vit des épisodes qu'on ne peut imaginer parce qu'on refuse de les voir : trajets en guimbardes, mensonges et escroqueries, naufrages, espoirs insensés et longues attentes.

Parcours du migrant.

« Quand on sort du consulat, on comprend que la France aime moins la Côte d'Ivoire que la Côte d'Ivoire n'aime la France, mais comme la Côte d'Ivoire n'aime pas beaucoup les Ivoiriens non plus, alors les Ivoiriens fuient vers l'Europe. »

Les jeunes femmes ? «  soit elles s'occupent des enfants, soit elles s'occupent des maris. Abebi a pris les maris c'était mieux payé. »

Concision et constat, secs comme des bilans de naufrages ou des titres hélas familiers dans les journaux.

Et le menu quotidien de chaque étape :
« Maintenant il paraît que le Maroc n'est plus qu'à deux jours de marche. Alors tu marches, tu marches, tu marches, tu as soif, mal au dos, mal aux jambes, mal aux reins, mal partout. »

Les dessins de Barroux vont à l'essentiel, dans le même esprit : un visage, un corps, une vague la nuit, une silhouette qui attend.
Une nuit de veille, des bidons d'eau abandonnés parce que vides…

chaque objet a de la présence, chaque visage, de l'expression. le trait épais cerne les éléments hostiles, la couleur, rare, accentue le drame et le rend inexorable comme un destin.

Les pages ne sont pas numérotées, inutile d'organiser le chaos et l'imprévisible pourtant vécus comme imminents.
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