Début des années 20, Ferdinand Staub reprend sa recherche du terrible docteur Radar. L'aventure va le mener jusqu'à Milan.
Dessin anguleux, tiré au couteau, couleurs en aplats aux teintes contrastées, l'atmosphère est sombre et inquiétante. L'ambiance a un ton désuet, avec des policiers en imper et chapeau melon, une cantatrice d'opéra, de vieilles voitures des années 20, quelques chemises brunes qui surveillent la cité italienne, un héros tout droit sorti des romans feuilletons du début du XXe siècle, et un méchant dans le genre de Fantomas.
C'est cet aspect rétro qui donne tout le charme de cette aventure, avec une pointe de dérision sur ce genre littéraire à débusquer entre les cases. Les angles de vues sont en perpétuel mouvement, les postures des acteurs nous rappellent le cinéma muet de l'époque, le ton est théâtral et spectaculaire, les dialogues insufflent une dramaturgie exagérée et redondante : “Ma bombe est d'une puissance colossale” dit-il avec la main levée et les doigts crispés devant son visage.
Personnellement, j'aime beaucoup le graphisme sec de Bezian, un curieux mariage entre
Piet Mondrian et
Honoré Daumier. Ce style s'accorde à cette aventure, il est à l'image de cette période des années 1920, innovante en peinture, en création graphique, riche en inventivité et encore bercée par un romantisme sombre et lyrique avec ses feuilletons populaires.
Simsolo et Bézian renouvellent ce genre avec une certaine fraîcheur et une tension nouvelle, loin des académismes. Personnellement, j'aime ce type de prises de risques, et là, c'est très réussi.