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Critique de MarianneL


«J'ai ma théorie sur ce pays. Je me dis que Dieu l'a choisi pour y expérimenter tout ce que les hommes sont capables de mettre en oeuvre pour s'affronter et se détruire.»

Au XIXème siècle, dans le paysage rocailleux et hostile des montagnes de Corse, Vénérande vit avec son frère, "Petit Charles", qui a été mutilé, torturé et réduit à néant par quatre hommes dont il a croisé le chemin des années auparavant, et qui reste terré à l'étage de cette ferme isolée, à des heures de marche du village le plus proche. La barbarie l'a exclu de l'humanité et les écrase tous les deux chaque jour de son ombre infâme.

«Vue des crêtes décharnées, la maison de pierres sèches semblait écrasée par un temps et des scènes immuables. Même les chiens qui ne couraient plus auraient pu avoir été sculptes dans les débris de roche. Les ombres lointaines de la soeur ou du frère racontaient désormais la survivance et l'ennui de vivre. Des ombres qui ne se croisaient pas et ne rencontraient personne. Seuls la nuit et le secret des quatre murs pouvaient sans doute les rapprocher. On aurait pu être là au bout du monde, ou à la fin des temps.»

Cette femme droite, dont le coeur a été rempli de la folie d'une haine vénéneuse, va trouver un tueur à gages vieillissant et malade, Ange Colomba dit "L'infernu", pour partir à la recherche et se venger des bourreaux de son frère, à travers les montagnes et rochers calcifiées, miroirs des coeurs endurcis et de la noirceur des êtres plongés dans le désespoir.

«Et dans son pays l'Enfer était un nom d'homme, et cet homme, disait-on, pourvoyait à la résolution de bien des problèmes que les lointains tribunaux étrangers, et Dieu lui-même, ne semblaient pas considérer.»

Le récit magnifique entremêle plusieurs fils de l'apparition du mal, l'histoire de la vie de "L'Infernu" remontant à rebours jusqu'à son enfance, s'engageant aux côtés des rebelles pour échapper à son père, devenu mercenaire puis tueur à gages n'inspirant plus que la terreur, les révoltes du peuple corse contre leurs oppresseurs, et enfin l'épopée de la vengeance sanguinaire de Vénérande et de "L'Infernu", en une tragédie qui se dénouera dans le combat final.

«Alors, dans ce songe, dans cette rêverie hallucinée de celui qui s'apprête à regarder les ombres, il vit ses anciens compagnons d'armes, il vit Poli et Antomarchi, les grands capitaines avec qui il avait servi, eux qui avaient été ses frères et ses amis, et un instant, un court instant avant que la porte de l'abri en pierres sèches ne vint à s'ouvrir, il crut qu'ils étaient là avec lui, magnifiques de désinvolture, et qu'ils allaient de nouveau affronter ensemble leurs ennemis de toujours.»
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