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Critique de Bigmammy


Forcément hagiographique, une biographie très documentée de cet homme d'Etat un peu oublié aujourd'hui, dont les idées ont profondément marqué la doxa socialiste mais auquel la très courte période où il a exercé le pouvoir n'a permis de réaliser qu'une petite partie de son projet.

J'avoue que, bien que situant le personnage dans le cours de notre histoire, je n'en connaissais presque rien. Avec cet ouvrage – un peu répétitif, difficile d'accès – je mesure à quel point les principes et tendances du Parti Socialiste d'aujourd'hui – avec toutes ses contradictions – découlent de ses idées. Je mesure aussi la violence de l'antisémitisme français pendant et après l'explosion de l'affaire Dreyfus, puis entre les deux guerres, et comment il s'est cristallisé avec l'arrivée au pouvoir du chef du parti socialiste, initiateur de la politique de Front Populaire dans une France exsangue, vouée aux violences des ligues d'extrême-droite.

L'auteur décrit l'homme comme plein de contradictions : un personnage hors du commun (il réussit le concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure mais s'en fait exclure dès la première année pour absentéisme, puis réussit le concours du Conseil d'Etat et devient un juriste assidu et respecté), tout à la fois efféminé et viril (il soigne sa mise avec passion mais ne se refuse pas à de violents duels), admirateur de Stendhal, esthète et ami de Barrès, de Proust et d'Alfred Cortot, à la voix chantante et à l'apparence fragile, Juif amoureux de la littérature et des femmes pour lesquelles il prône l'égalité totale et les expériences sexuelles avant le mariage (il se marie trois fois, entretient pendant des années une liaison), un homme d'Etat qui proclame que la voie du progrès passe par les réformes et non la Révolution, patriote internationaliste avide de paix – on lui reprochera son absence d'intervention en faveur des Républicains espagnols - un passionné de son seul pays la France, mais qui ne cache pas ses engagements sionistes …

Léon Blum (1872- 1950) adopte et applique les idées de Jean Jaurès - c'est grâce à lui qu'il s'intéressera à l'Affaire Dreyfus – et incarne le haut fonctionnaire partisan d'un pouvoir exécutif fort qui garantit aux plus faibles l'amélioration de leur condition. le courage de demeurer minoritaire lors du Congrès de Tours de 1920 et le refus d'allégeance à l'URSS en toutes circonstances, puis l'alliance qui permet la victoire électorale de 1936 sont particulièrement bien expliqués. Ce sera l'application des 40 heures, les congés payés, la représentation syndicale, l'ensemble des dispositions du Front Populaire qui resteront dans les mémoires mais se termineront hélas sur une période dramatique.

Le livre est éclairant, mais je trouve que l'auteur insiste lourdement sur le statut de Juifs d'Etat « fous de la République » auquel il a déjà consacré un ouvrage et dont Léon Blum serait l'archétype. Mais, pour une néophyte comme moi, c'est un véritable trousseau de clés pour décoder les tiraillements des socialistes contemporains. Les hommes trépassent, mais leurs idées subsistent …

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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