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Critique de Apikrus


Les os ne sont pas seulement des composants essentiels des êtres vivants vertébrés - parmi lesquels figurent les humains - en tant qu'éléments de charpente du corps et/ou de protection externe (cage thoracique, et crâne).

Les os deviennent aussi parfois ensuite des témoignages de la vie passée de leur ancien « propriétaire ».
Ces témoignages sont précieux pour les paléontologues. Ils gardent traces de certaines pathologies ou d'accidents (fractures). Ils permettent aussi de mieux comprendre l'évolution de la vie, là où d'autres techniques d'analyses n'existaient pas encore ou ne peuvent pas être mises en oeuvre (ADN, dont la demi-vie est de 521 ans, ce qui implique sa disparition presque totale en 6 millions d'années).

Certains os humain ont été convertis en objet du quotidien (bols fabriqués dans des crânes, ou flûtes dans des radius), et os et squelette humains font parfois l'objet de collections, pas seulement dans des musées. Les trafics d'os humain n'aliment(èr)ent pas uniquement les falcultés de médecine.

Les os humains sont aussi des memento mori naturels et expressifs.

Sauf exceptions, vous avez 206 os. Vous pouvez n'en avoir que 205 si, à l'instar d'incas momifiés, vous avez de vrais os wormiens (ou « os Inca »), c'est-à-dire deux os du crâne soudés par ossification. Votre squelette peut aussi avoir subi des déformations, comme la « déformation toulousaine » constatée chez certains en région toulousaine suite au port de linges de protection placés autour du crâne lorsqu'ils étaient nourrissons. L'alignement de vos doigts de pieds résulte de modifications ayant facilité la bipédie chez vos très anciens ancêtres, changement évolutif majeur dans la genèse d'homo sapiens. En 1974, en Ethiopie, des paléontologues découvrirent des fossiles d'os d'une très lointaine « cousine » qui vécut il y a environ 3 180 000 ans. Sept ans après la sortie de l'excellent album « Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band », la chanson « Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles était encore à la mode et écoutée par les chercheurs, qui s'en inspirèrent pour nommer leur trouvaille. Bien que seulement 40 % des os de Lucy aient été trouvés après fossilisation, ses restes fossilisés ont montré que l'apparition de la bipédie chez les Hominae est très ancienne.
L'auteur dénonce les théories racistes élaborées par des chercheurs au XIXème siècle, sur la base de mesures de tailles et de formes de crânes. Ces théories furent mises en avant pour tenter de justifier politiques coloniales et discriminations raciales.

Le propos de l'ouvrage ne se limite cependant pas aux hominidés ni à l'humain, simples cas particuliers dans l'ensemble des vertébrés.

L'auteur(e) examine les os sous beaucoup de leurs coutures : leurs phylogénèses, leurs fonctions, leurs modalités de fonctionnement (les os ne sont pas des structures inertes des vertébrés vivants mais se renouvellent), ce qu'ils montrent,… Son ouvrage est truffé d'anecdotes, et le style est agréable. le tout est facilement abordable pour les non spécialistes.
Une petite digression sur le sexe des personnes à l'origine de fossiles m'a semblée un peu éloignée du sujet ou trop anecdotique. En l'occurrence, il s'agit de réserves sur une tendance des paléontologues à attribuer un sexe aux être fossilisés au vu d'un trop nombre limité d'indices comme la seule forme des os du bassin. J'ai ensuite compris - en lisant des feuillets introductifs rajoutés à l'ouvrage - que l'identité sexuelle est un thème important pour l'auteur(e), né masculin mais qui se définit comme transsexuelle. Ceci explique aussi des accords de participes passés au masculin qui me semblaient incohérents avec une civilité féminine présentée en 4ème de couverture.

Enfin, l'expression « grâce à Dieu », parfois utilisée pour désigner un heureux concours de circonstances est mal venue dans un ouvrage à prétentions scientifiques, même si ici elle n'enlève rien à la pertinence des autres explications données.

Un excellent ouvrage, malgré ces petites réserves.
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