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Critique de Lauquilit


Premier roman de Romane Bladou.

C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je vous présente ce roman. Il est composé de 4 parties. Chacune d'elle nous fait découvrir un personnage et un lieu près de l'océan Atlantique. On pourrait avoir l'impression de lire 4 histoires différentes mais des liens thématique et stylistique réunissent ces 4 parties. le récit et la poésie s'entremêlent, l'autrice nous offre parfois des bouquets de mots sous forme de listes ou de calligrammes. Pour ma part, c'est ce qui m'a fait tomber totalement sous le charme de l'autrice qui, selon moi, a une vraie approche d'artiste dans cette fiction.

Mais j'ai beaucoup aimé aussi ses personnages. Tous sont attachants et terriblement humains. La jeune Camille a besoin de changer d'air et choisit de partir au bout du monde, à Terre-Neuve. Elle passe des heures à marcher sur les chemins côtiers, seule, mais elle rencontre aussi d'autres âmes solitaires. William est un enfant de 8 ans qui vit sur l'île de Mull, en Écosse, son père travaille en mer, sa mère est souvent seule et triste. Il essaie d'égayer sa vie mais les aquarelles qu'elle peint sont, malgré tout, de plus en plus transparentes. Quant à Lou, chercheur en biologie marine, il a décidé de quitter l'amour de sa vie pour rejoindre l'Islande et essayer d'y faire le deuil bien douloureux de son frère, disparu en mer. Enfin, on découvre Célia, une adolescente en plein questionnement, fine observatrice des paysages bretons.

Les traits d'union entre les histoires : la solitude et l'océan. Celui-ci est omniprésent sans l'être, comme c'est le cas d'ailleurs quand on vit près de lui. Parfois on l'entraperçoit à peine « Elle ne voit l'océan que dans les virages » ; parfois on est hypnotisé et on ne parvient pas à lui tourner le dos « elles retournent vers le sable sec, mais en reculant toujours, en faisant face à l'océan, c'est comme un rituel » ; on assiste grâce à lui à des spectacles incroyables « le soleil perce à travers les nuages lourds d'orage et vient éclairer une minuscule partie de l'océan, comme un projecteur, comme un miracle » ; pour le frère de Lou, il est devenu tombeau « c'est dans cette noirceur-là que son frère, Alex, est allé poser sa tête blanche » mais un tombeau qui permet de toucher à l'éternité « Égaré, emporté, mais jamais enterré. Quand on disparaît en mer, on est immortel ».

Cet océan sur lequel on peut si facilement dériver est le reflet de l'existence des personnages du roman qui suivent le courant de leur vie, déviant parfois d'une trajectoire toute tracée pour aller dans d'autres directions.

Ces quelques extraits vous donnent une idée de la belle écriture de cette autrice/ artiste. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller découvrir ses oeuvres. L'une d'elle présentée sur un abribus me semble être en connexion évidente avec le roman. La photographie, comme l'écriture semblent un moyen d'exploration du monde environnant. Quel que soit le moyen artistique utilisé, Romane Bladou donne un éclat bien particulier à la réalité. Des figures d'artistes apparaissent d'ailleurs dans son roman notamment une artiste brésilienne qui pourrait bien être son double littéraire.

Je cite encore deux « phrases jetées à la mer » par l'un des personnages « comme des amorces, des élans » : «  Il me semble que nous faisons toujours partie du paysage, dans le champ de vision de quelqu'un d'autre. », « Je suis la presqu'île, la presqu'elle. »
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