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Critique de Tandarica


Pour mieux cerner ce recueil force est de reprendre ici l'avertissement d'Ana Blandiana elle-même et daté du 28 décembre 1989 : « Ce livre a été terminé en 1987. Quelques-uns des poèmes qui le composent ont été publiés en revues, grâce au courage et à la solidarité des rédacteurs au cours du printemps et de l'été de l'année suivante, jusqu'au jour de mon interdiction de signature en août 1988. Il reflète un état d'esprit dans lequel l'exaspération et l'humiliation, la colère et le désespoir, la honte et la révolte se fondaient pour moi dans le pressentiment de l'imminence de la fin comme unique alternative à un improbable salut. La liberté a transformé ces pages, se présentant au départ comme de simples manifestes recopiés à la main ou lus entre les lignes, en documents de la mémoire collective et, purement et simplement, en poèmes ne rêvant d'autre pérennité qu'esthétique. Je les dédie à ceux qui, en mourant, ont rendu possible, à côté de bien d'autres choses, le retour de la poésie pour la poésie. »
Dans « Sytématisation » (p. 27) avec « l'effondrement » et «architecture» on entrevoit des références plus ou moins voilées au destin de la Roumanie sous le régime de Ceaușescu durant lequel une urbanisation parfois chaotique a laissé des stigmates profonds.
Les visions lyriques de ce recueil s'inscrivent sous le signe de l'intransigeance morale, car l'atmosphère des poèmes est résolument apocalyptique. L'être est anéanti, la conscience aliénée. Il n'y a plus d'espoir dans le présent, ni même dans l'avenir. Un sentiment d'abrutissement naît de la vision de plusieurs paradigmes d'un monde agonisant. L'Histoire décline et délire même avec ces statues qui ne sont que des mensonges. L'exhortation à la libération n'est pourtant pas absente, comme en témoigne les deux derniers vers du poème « Obsession » (p. 78) : « O seigneur de l'Histoire, libère/Son futur au-delà des limites ! ». La ténacité non plus n'a pas complètement disparu, car avec le dernier poème (« Ballade », p.79) le moi de la poétesse s'exprime en une triste référence au mythe de Maître Manole le bâtisseur : « J'édifie un monastère éternellement liquide/Voué à s'effondrer sur le rivage ».
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